Aux origines du conflit israélo-palestinien avec Jean-Claude Lescure. Le conflit israélo-palestinien en 100 questions revient sur l’évolution des oppositions entre Israël et la Palestine et sur les possibles débouchés s’offrant aujourd’hui à eux.
Alors que l’on parlait au départ, en 1948, de conflit israélo-arabe, on en est venu depuis une vingtaine d’années à parler de conflit israélo-palestinien, ce qui en réduit considérablement la portée comme le montre Jean-Claude Lescure, professeur des universités en histoire contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise, et auteur du Moyen-Orient de 1876 à 1980. C’est à l’issue du premier conflit israélo-arabe, que surgira le problème des réfugiés, qui, en réalité, touche le cœur du conflit israélo-arabe. La persistance du drame des réfugiés, quelles qu’en soient les raisons – avive cette polémique qui fait rage depuis 1948. Intervient ensuite la fameuse résolution 242 adoptée à l’unanimité le 22 novembre 1967 qui est encore aujourd’hui un des principaux textes de référence sur le conflit israélo-arabe. Elle appelle, de manière précise, au départ des troupes israéliennes de « tous les territoires occupés à la suite du récent conflit ». L’ONU n’arrive pas à empêcher l’escalade des tensions qui débouche en 1973 sur un nouveau conflit israélo-arabe. Puis viennent les accords de paix de Camp David entre Israël et l’Egypte, signés en mars 1979 par Begin, Sadate et Carter.
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Sur le moment, ce traité provoque dans le monde une once d’espoir quant à la résolution du conflit israélo-arabe, mais braque en même temps les islamistes contre le raïs qui sera assassiné en octobre 1981. Une semaine après la fin de la guerre du Golfe, le 6 mars, 1991 le président Bush déclare que « le moment est venu de mettre fin au conflit israélo- arabe » et lance un appel à toutes les parties à négocier une paix fondée sur des compromis. Pour la première fois dans l’histoire du conflit israélo-arabe, toutes les parties arabes se retrouvent face à face, autour de la même table, le 30 octobre 1991, à Madrid. Bien d’autres accords comme ceux d’Oslo de 1993, ou les efforts de Clinton en 2000 se succèdent mais en vain . Après trois ans de rumeurs et de reports, voici que le «deal du siècle» censé régler selon Donald Trump le «plus grand challenge de tous» est présenté en janvier par le président américain» au côté de Benyamin Netanyahou.
Selon ce document de 180 pages – la «solution à deux Etats la plus réaliste» jamais avancée. Jérusalem resterait la capitale «indivisible» de l’Etat d’Israël. «J’ai déjà fait ça pour vous», référence au déménagement de l’ambassade américaine, annoncée le 6 décembre 2017 qui provoque la fin de ses relations avec les Palestiniens. Ce qui ne l’empêche pas de promettre à ces derniers une capitale «à l’est de Jérusalem», et non à Jérusalem-Est, dans une des localités, de l’autre côté du mur. «Aucun Israélien, ni aucun Palestinien ne sera déraciné», a insisté Trump, proclamant la permanence des colonies israéliennes en Cisjordanie, tout en assurant que les contours d’un putatif Etat palestinien seront «continus». De plus, les Palestiniens auraient quatre ans pour se prononcer avant que la topographie ne bouge. Le Premier ministre de l’Etat hébreu annonce qu’Israël entend sans attendre «appliquer sa loi» sur les localités et territoires que lui accorde le plan, soit annexer les colonies et la vallée du Jourdain. On ne parle pas du droit de retour des 5 millions de réfugiés palestiniens. En réalité, la carte publiée par la Maison Blanche entérine le grignotage des territoires palestiniens, né du délitement des accords d’Oslo de 1933 et d’une décennie de colonisation accélérée, en y ajoutant en compensation quelques territoires dans le désert du Néguev et le «triangle arabe» du Nord d’Israël. «Le plan Trump ne passera pas, aucun Palestinien ne peut accepter un Etat Palestinien sans Jérusalem», s’est indigné le vieux «raïs» Mahmoud Abbas.