<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le Grand entretien – L’Inde : le géant invisible

20 mai 2020

Temps de lecture : 10 minutes

Photo : Un musulman brandit une affiche lors d'un rassemblement devant le consulat général de l'Inde à Medan, en Indonésie, le 2 mars 2020, Auteurs : Binsar Bakkara/AP/SIPA, Numéro de reportage : AP22434177_000002.

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Le Grand entretien – L’Inde : le géant invisible

par

Journaliste et rédacteur en chef à RFI, Olivier Da Lage est un spécialiste des pays du Golfe et de l’Inde. Il est notamment l’auteur de L’Inde : désir de puissance (Armand Colin, 2017) et de L’essor des nationalistes religieux (Demopolis, 2018). Dans cet entretien exclusif, il dépeint un portrait nuancé de la puissance indienne.

 

Propos recueillis par Tigrane Yegavian

 

Si l’on ne tient pas compte des effets de la pandémie du Covid-19, il semblerait que cette économie mondiale qui a dépassé la France est appelée à croître plus rapidement à l’avenir que l’économie chinoise. L’Inde a sans doute le plus grand potentiel de stimulation de la croissance mondiale, en raison de sa taille et des performances de son secteur technologique ; mais ce potentiel n’est pas exempt de déséquilibres. Quels sont-ils ?

Mais justement, on doit tenir compte des effets du Covid-19. Le Premier ministre Narendra Modi a imposé le plus grand confinement de l’histoire le 24 mars, imposant à l’écrasante majorité de la population indienne (1,3 milliard d’habitants) de ne pas sortir de chez eux, sous peine de sévères sanctions. Or, de très nombreux Indiens vivent dans la rue ou dépendent de salaires journaliers pour leur subsistance, mais faute de pouvoir se déplacer, leurs revenus s’effondrent. Certains commerces de première nécessité restent ouverts, mais les livreurs sont souvent ceux qui, en réaction à l’annonce de Modi, se sont lancés par millions à l’assaut des trains, puis, après leur interruption, sur les routes, pour rejoindre leur village, souvent à des milliers de kilomètres de là, afin de bénéficier d’un soutien familial, faute de revenus. Ceux qui peuvent se mettre en télétravail sont une infime minorité de la population indienne.

En d’autres termes, pour conjurer la pandémie, le Premier ministre a pris des mesures qui, si elles sont appliquées à la lettre, condamnent à la famine des millions de ses compatriotes et, en tout état de cause, désorganisent puissamment une économie fondée sur la stratification des fonctions. Il n’est pas rare que dans un foyer de la classe moyenne, cinq domestiques se succèdent pour accomplir des tâches différentes (faire les courses, nettoyer le sol, cuisiner, etc.). Ce qui est vrai des foyers l’est tout autant des entreprises et des administrations. C’est pourquoi l’agence Moody’s a réduit de moitié ses perspectives de croissance pour l’Inde en les faisant passer de 5,3 % à la mi-mars à 2,5 % à la fin de ce même mois, tout en continuant de prédire une croissance de 5 % sur l’ensemble de l’année. C’est une vision très optimiste pour d’autres analystes qui vont jusqu’à anticiper une croissance nulle, compte tenu de l’arrêt de l’économie. Bien entendu, à ce stade, il demeure d’immenses inconnues.

Ce qui est certain en revanche, c’est qu’avant même la crise sanitaire, le taux de croissance de l’Inde était tombé à un niveau problématique. On estime généralement que pour faire diminuer la pauvreté dans ce pays jeune où, chaque mois, près d’un million de nouveaux entrants arrivent sur le marché du travail, une croissance de 8 à 9 % est un minimum nécessaire. On en est loin. Après avoir maintenu plusieurs années durant une croissance de l’ordre de 7,5 %, l’Inde a connu une chute sévère de ce taux qui était tombé en début d’année 2020 à près de 4,5 % en rythme annuel.

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Quelles en sont les raisons ?

Elles sont multiples, mais on peut pointer notamment la démonétisation surprise dans la nuit du 8 au 9 novembre 2016 qui a retiré 86 % des billets de banque ayant cours légal jusqu’alors. L’impréparation, la désorganisation de l’administration et du système bancaire pour assurer la continuité du fonctionnement ont lourdement pesé sur la production les deux années suivantes, notamment dans le secteur agricole où les semences sont achetées en espèces, mais plus généralement, dans tous les secteurs d’activité. De même, la façon désordonnée et bureaucratique avec laquelle s’est faite l’introduction de la TVA (appelée GST en Inde) a durement atteint les entreprises. Enfin, les violences contre les musulmans et les dalits (ex-intouchables), tolérées – et dans certains cas visiblement encouragées – par le Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir, dans plusieurs États ont convaincu de nombreux investisseurs étrangers d’ajourner leurs projets en Inde, pourtant essentiels à la politique économique du Premier ministre Modi pour lutter contre le chômage et la pauvreté.

Ayant dit cela, il est exact que l’économie indienne dispose de potentialités importantes, à commencer par son dynamisme démographique et la jeunesse de la population, une croissance essentiellement soutenue par la demande intérieure et un savoir-faire important dans les domaines de l’informatique, des nouvelles technologies et en particulier des biotechnologies. Mais la faiblesse des infrastructures (l’approvisionnement en eau ou en électricité ne peut être garanti partout) est un goulet d’étranglement important sur la route de cette croissance, et surtout, elle est vulnérable aux accidents de parcours ainsi qu’on l’a vu précédemment.

Face au virus chinois, mêmes les pousse-pousse s’arrêtent.

Quel bilan peut-on faire de l’activisme de Narendra Modi à l’échelle internationale avec son projet Make in India pour attirer des investisseurs étrangers ? Dans quelle mesure peut-on prendre au sérieux ses intentions tenant compte de la faiblesse relative du secteur industriel indien par rapport à l’importance de l’agriculture et des spécificités de la bureaucratie locale et ce malgré la libéralisation de l’économie lancée au début des années 1990 ?

On l’a vu, le projet Make in India a rencontré des succès au début, mais s’est heurté à des difficultés résultant largement de la politique même suivie par le BJP au pouvoir. Dans un premier temps, Narendra Modi s’est inscrit dans la lignée des politiques de libéralisation, s’appuyant sur sa réputation d’ami des industriels lorsqu’il dirigeait le Gujarat. À Davos, en 2018, il a prononcé un éloge de la mondialisation, mais dans les mois suivants, son gouvernement a augmenté les droits de douane sur un certain nombre d’articles afin de satisfaire la partie de son électorat (petits commerçants de la classe moyenne urbaine) qui se sent menacée par la concurrence internationale. De même, après avoir adopté initialement une politique d’abandon des subventions aux paysans, identifiée à la politique « socialiste » du parti du Congrès, il a rétabli ces subventions à la suite du mouvement de contestation des paysans qui s’est développé dans plusieurs parties du pays, notamment au Maharashtra et au Gujarat. Le discours teinté de libéralisme économique des premières années de pouvoir n’est plus de mise aujourd’hui.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 du nationaliste hindou, membre BJP, Parti indien du peuple, incarné par Narendra Modi, le pays témoigne d’une politique étrangère volontariste. Or la diplomatie indienne semble mal coordonnée vis-à-vis de la force de frappe de la Chine rivale… Qu’en est-il ?

C’est vrai, l’omniprésence de Narendra Modi sur la scène internationale lors de son premier mandat (2014-2019) a favorablement surpris les observateurs. Il a réussi à nouer des contacts étroits avec de nombreux dirigeants de la planète, souvent adversaires entre eux. On est frappé, par exemple, des succès remportés dans ses contacts avec les monarchies du Golfe, qu’il a particulièrement cultivées, ainsi qu’avec l’Iran. Il s’agissait notamment d’isoler diplomatiquement le Pakistan et il y est largement parvenu. C’était aussi un préalable pour pouvoir se rendre en Israël et rencontrer son ami Benyamin Netanyahu avec qui il est lié par une profonde affinité idéologique. Mais il a aussi réussi à marquer des points lors du sommet de Paris sur le climat en novembre 2015 et, bien entendu, à forger des liens étroits avec l’administration Trump, malgré les sanctions commerciales de celle-ci qui n’ont pas épargné l’Inde. Les États-Unis (ainsi que le Japon, l’Australie et l’Europe), misent clairement sur l’Inde pour jouer un rôle de contrepoids à la puissance chinoise à travers le concept d’« Indopacifique ».

Pourtant, ce que l’on souligne rarement, c’est que la Chine est, et de loin, le premier partenaire commercial de l’Inde et que les investissements chinois en Inde sont très significatifs. Par ailleurs, les relations de Narendra Modi avec Xi Jinping semblent au beau fixe, en dépit de tout ce qui oppose Pékin et New Delhi. Car Chine et Inde partagent une même méfiance à l’encontre de l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale, dominé par les Occidentaux et dans lequel les Européens jouent un rôle disproportionné en ce début de xxie siècle. Toutefois, il est vrai que la coordination, s’il y en a une, est imparfaite et c’est une litote. Après avoir longtemps hésité sur la conduite à tenir à l’égard du projet fétiche de Xi Jinping des Nouvelles routes de la soie (Belt road initiative), New Delhi s’est finalement résolue à rester à l’écart et l’a fait savoir de manière surprenante en annonçant en dernière minute le boycottage d’un sommet organisé par la Chine en avril 2019 sur la BRI. La raison invoquée était le couloir sino-pakistanais, dit CPEC, transitant par la partie du Cachemire sous administration pakistanaise. Du point de vue indien, c’est certainement une raison valable, mais il ne fait guère de doute que les Indiens, après mûre considération, sont parvenus à la conclusion qu’ils n’avaient rien à gagner à être à la remorque de la Chine. Cela dit, tous les voisins de la Chine, y compris les plus proches alliés de l’Inde, sont restés dans le projet chinois, ce qui n’est pas sans poser un problème stratégique à Delhi.

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Avec l’arrivée de 10 millions d’actifs par an, l’Inde connaît une très forte croissance démographique, ce qui pose un réel problème en termes de création d’emplois et d’accès aux services publics comme la santé et l’éducation. Existe-t-il une volonté politique de planifier le contrôle des naissances ?

On trouve toujours des analystes et des politiques pour le dire et l’écrire. Mais il est très peu probable que cela se produise. D’une part, si la croissance démographique est un problème, elle le sera surtout dans une quarantaine ou une cinquantaine d’années avec le vieillissement de la population dans un pays qui n’a pas de système de solidarité organisé pour les seniors en dehors du cadre familial. Elle est aussi un atout grâce au dynamisme de cette population jeune. Mais d’autre part, aucun politicien indien n’a oublié que la politique autoritaire de planning familial mise en œuvre par Indira Gandhi et son fils Sanjay durant l’état d’urgence (1975-1977) lui a coûté une défaite électorale. Les dirigeants misent plutôt sur le fait que l’Inde, comme tous les pays, va connaître à son tour une transition démographique que l’on peut déjà constater au sein de la classe moyenne urbaine.

Quel regard portez-vous sur le programme spatial indien et les performances de l’industrie nationale de défense ?

Le programme spatial indien est une priorité pour Modi qui s’est rendu au siège d’ISRO, la NASA indienne. C’est à la fois une question de prestige international et une question de défense nationale puisque les missiles de différents types et portées sont issus de ces programmes et que le gouvernement a à cœur d’accélérer la mise à niveau de la défense pour être en mesure de faire face à deux conflits simultanés, l’un avec le Pakistan et l’autre avec la Chine. L’armée de l’air estime que les appareils russes dont elle est dotée ne lui permettent pas de faire face de façon satisfaisante aux F-16 pakistanais. Elle est également déçue par les performances des missiles russes. D’où l’achat des Rafale « sur étagère » aux Français, puisque Dassault refusait de prendre la responsabilité qualité de l’assemblage des Rafale par HAL (Hindustan Aeronautics Limited), l’entreprise nationale, et l’achat massif d’armements sophistiqués aux Israéliens.

Des vallées profondes, où la vie s’organise autour des cours d’eau.

Si l’on tient compte d’une importante immigration de travailleurs indiens peu qualifiés dans les pays du Golfe, on oublie celle des cadres indiens dans les pays occidentaux, États-Unis et Grande-Bretagne en tête. À combien de membres chiffrez-vous cette diaspora, quels sont ses atouts et quelle est la vision de Delhi vis-à-vis de ces communautés ?

En réalité, même dans les pays arabes du Golfe, les expatriés indiens (environ 9 millions) ne sont pas tous des travailleurs peu qualifiés. Nombre d’entre eux occupent des emplois administratifs, voire de cadres moyens et même supérieurs. Par ailleurs, aux Émirats arabes unis, le système de santé repose largement sur les Indiens, principalement venus du Kerala, qu’il s’agisse des infirmières ou des médecins.

Sur le plan global, on estime la diaspora indienne à quelque 31 millions de personnes si l’on y inclut à la fois les Indiens de l’étranger (NRI, Non Resident Indians) et les PIO (Persons of Indian origin), ceux qui ont des origines indiennes. Au Royaume-Uni, ils sont environ 1,8 million et aux États-Unis 4,5 millions. Cette diaspora joue un rôle essentiel pour l’Inde. Après plusieurs décennies durant lesquelles, après l’indépendance, ils étaient négligés, voire méprisés, depuis une trentaine d’années, c’est l’inverse. Ils sont valorisés et présentés comme les ambassadeurs de l’Inde moderne. Le fait que les immigrés d’origine indienne réussissent généralement très bien dans leur pays d’accueil, notamment en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, leur donne également une influence sans commune mesure avec leur nombre. Dans les pays occidentaux, en particulier, cette bourgeoisie d’expatriés indienne est largement acquise au BJP, le parti de Narendra Modi, et celui-ci ne manque jamais d’organiser de grands rassemblements avec les communautés indiennes partout où il se rend, mobilisant parfois des dizaines de milliers de participants, comme ce fut le cas au Madison Square, à New York, en septembre 2015 ou à Dubaï en août 2015, ce qui, bien entendu, ajoute du poids politique à Narendra Modi vis-à-vis des dirigeants du pays hôte de ces manifestations.

 

Sur le plan intérieur les signes qui attestent d’une dérive nationaliste et sectaire à l’encontre de la minorité musulmane (14,2 % de la population) sont de plus en plus nombreux : fin du statut spécial pour le Cachemire et mise en coupe réglée de l’unique État majoritairement musulman que revendique le Pakistan, construction d’un temple sur l’emplacement d’une mosquée détruite en 1992, réforme du Code civil qui met fin aux statuts particuliers des chrétiens et des musulmans, etc. Ne craignez-vous pas une situation de guerre civile dans le cas où les 180 millions de musulmans indiens se retrouveraient déchus de leurs droits ?

La réforme du Code civil est annoncée mais n’a pas encore eu lieu. Or tous les autres signes que vous mentionnez illustrent que les musulmans sont considérés de façon croissante comme des citoyens de seconde zone par une partie substantielle de la majorité hindoue (environ 80 % de la population). C’est le cas également de la réforme de la loi sur la nationalité, adoptée par le Parlement en décembre 2019 et qui permet aux réfugiés de trois pays musulmans (Afghanistan, Bangladesh et Pakistan) d’accéder à la nationalité indienne s’ils appartiennent à six minorités religieuses énumérées, et donc non musulmanes. Cela dit, la vigueur des protestations qui se sont déroulées à travers l’ensemble du pays contre cet amendement du mois de décembre au mois de mars (lorsque le confinement contre le coronavirus a été instauré) montre qu’une partie importante de la population indienne n’est pas prête à suivre le BJP sur ce terrain.

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Existe-t-il une distinction entre deux sortes de nationalismes indiens, le premier centré sur la citoyenneté et la laïcité et le second se référant à l’hindutva (« hindouïté ») idéologie constitutive du BJP et dont Narendra Modi, reconduit de façon éclatante lors des législatives de mai 2019, en est le fidèle disciple ?

Bien sûr. Disons que le premier, incarné principalement par le parti du Congrès, a mené l’Inde à l’indépendance en 1947 mais a été atteint par l’usure du pouvoir et que le second, marginalisé notamment du fait que l’assassin de Gandhi était issu de ses rangs, prend aujourd’hui une revanche éclatante et cherche à gommer Nehru et Gandhi de la mémoire nationale.

En 2014, cependant, Modi avait plutôt fait campagne sur la bonne gouvernance – le pays était alors plongé dans des scandales financiers impliquant des dirigeants du Congrès – et la promesse du développement. Quelles sont les raisons de ce tournant sectaire ?

En 2014, il s’agissait d’abord et avant tout de conquérir le pouvoir et pour ce faire, de capitaliser sur l’usure du Congrès, dont plusieurs dirigeants étaient impliqués dans des scandales financiers. Modi était aussi assez confiant sur sa capacité à relancer l’économie. Mais son échec dans le domaine économique l’a conduit à se replier sur l’agenda nationaliste hindou qui est l’ADN du BJP, et cela d’autant plus aisément que la majorité absolue que détenait le BJP depuis 2014 a été encore renforcée par le scrutin de mai 2019.

L’Inde est tributaire de ses fournisseurs en pétrole pour son développement, ne doit-elle pas craindre une réaction hostile de la part des pays arabes et de l’Iran du fait de sa politique hostile à l’égard de sa minorité musulmane ?

Le fait est que, dans l’ensemble, les réactions ont été excessivement modérées, du fait, très certainement, de l’effort diplomatique déployé par Modi auprès des pays musulmans lors de son premier mandat et de la très mauvaise réputation actuelle du Pakistan sur le plan international.

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À propos de l’auteur
Tigrane Yégavian

Tigrane Yégavian

Chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), il est titulaire d’un master en politique comparée spécialité Monde Musulman de l’IEP de Paris et d’une licence d’arabe à l’INALCO. Après avoir étudié la question turkmène en Irak et la question des minorités en Syrie et au Liban, il s’est tourné vers le journalisme spécialisé. Il a notamment publié "Arménie à l’ombre de la montagne sacrée", Névicata, 2015, "Missio"n, (coécrit avec Bernard Kinvi), éd. du Cerf, 2019, "Minorités d'Orient les oubliés de l'Histoire", (Le Rocher, 2019) et "Géopolitique de l'Arménie" (Bibliomonde, 2019).

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