<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Migrations de remplacement ou relance de la fécondité ?

29 août 2020

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Migrants subsahariens escaladant une clôture qui sépare le Maroc de l'enclave espagnole de Melilla, Auteurs : Santi Palacios/AP/SIPA, Numéro de reportage : AP22045421_000003.

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Migrations de remplacement ou relance de la fécondité ?

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Depuis 2000, la division de la population de l’ONU soutient, pour les pays développés, la nécessité de « migrations de remplacement ». Ces migrations internationales, selon les experts onusiens, « s’avéreraient nécessaires pour compenser le déclin des populations, la baisse des populations d’âge actif et pour neutraliser le vieillissement de l’ensemble des populations ».

Le recul de la natalité

Ces analyses, scénarios et préconisations démographiques partent du constat d’une insuffisance de la fécondité mais ne croient pas à la possibilité de la relancer. Celle-ci est susceptible de connaître des remontées mais il est vrai que, à la différence des marchés boursiers qui présentent aussi des fluctuations difficilement prévisibles, la tendance sur plusieurs décennies est tout de même nettement baissière. Et ce, dans le monde entier. Aussi, l’ONU considère-t-elle que, dans un horizon temporel raisonnable (disons jusqu’à 2070), il est inenvisageable de voir la fécondité remonter jusqu’au seuil de renouvellement des générations (entre 2,05 et 2,1 enfants par femme dans les pays riches). Pour suivre le vocabulaire onusien, avec une fécondité inférieure au niveau de remplacement et en l’absence de migrations de remplacement, la décroissance des populations est inévitable.

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Alors que les sujets d’intégration des immigrés légaux et de gestion des immigrés illégaux comptent parmi les plus sensibles, la stratégie, promue notamment par l’ONU, d’une immigration accrue n’a rien d’évident. Ne peut-on tout de même pas envisager celle d’un soutien à la fécondité ? Au regard des inerties démographiques et des évolutions sociales, il s’avère que cet espoir risque d’être déçu. Pour trois raisons essentielles.

L’immigration, la solution miracle ?

La relance de la natalité est une solution sans outil. L’impact des politiques publiques sur la fécondité donne lieu à toute une littérature spécialisée. Il en ressort une certitude : il est plus facile de limiter autoritairement les naissances (comme lorsque la Chine développait sa politique de l’enfant unique) que de les inciter socialement. Nombre de pays en déclin de population (Pologne, Russie, Japon, Espagne, pour citer quatre exemples contrastés) font assaut d’innovations socio-fiscales afin d’encourager les femmes à avoir des enfants. Les évaluations ne montrent jamais des effets suffisants.

Le soutien à la fécondité est une stratégie de long terme. Son horizon est au moins celui d’une génération. À supposer qu’elle ait des conséquences rapidement, il faudrait d’abord dépenser davantage pour l’éducation de ces jeunes enfants. Or, les problèmes de marché du travail et d’équilibre des comptes sociaux sont bien plus immédiats. La solution immigration présente l’avantage de paraître plus adaptée car plus réactive.

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La relance de la natalité peut alimenter certains problèmes rattachés à l’immigration. La fécondité des populations immigrées étant plus élevée que la fécondité autochtone, les mesures de soutien (allocations familiales, crèches, avantages fiscaux) bénéficieront proportionnellement plus aux immigrés et descendants d’immigrés. Les préoccupations en termes d’intégration pourraient s’en trouver redoublées.

La grande question est de savoir s’il faut faire venir des immigrés dans la seule optique du financement des retraites. Sur le plan des paramètres, l’ONU considère elle-même que l’âge de fin de la vie active constitue la variable principale sur laquelle les gouvernements peuvent agir.

Une première voie consiste donc, avec une immigration dite de remplacement, à chercher à rester jeune, mais différent. Une autre consiste à vieillir de façon assumée, notamment en travaillant plus longtemps. L’Allemagne, un peu dans la précipitation, a voulu concilier les deux possibilités. Malgré les révisions de sa politique migratoire, le Japon s’est résolument engagé dans la seconde. Pour rester lui-même.

À propos de l’auteur
Julien Damon

Julien Damon

Professeur associé à Sciences Po

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