Histoire de l’armée de l’Air française

17 octobre 2024

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Histoire de l’armée de l’Air française

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Le service historique de la Défense revient sur l’histoire de l’armée de l’Air française et ses développements stratégiques face aux innovations techniques.

L’armée de l’air française – Revue historique des armées – Service historique de la défense – N°313 – Année 2024.

Ce numéro de la revue historique des armées paraît à l’occasion du 90e anniversaire de l’armée de l’air, dont l’acte de naissance date du 2 juillet 1934. Si le ministère de la guerre a fait l’acquisition de ses premiers avions en 1909, le matériel était réparti entre la marine nationale l’armée de terre. C’est donc dans l’entre-deux-guerres, au terme d’un processus qui a débuté à la veille de la Première Guerre mondiale que l’armée de l’air a été organisée de façon spécifique.

L’introduction scientifique de ce numéro, rédigée par Emmanuelle Mauret et le lieutenant-colonel Jérôme de Lespinois rappelle la genèse de la construction de cette nouvelle armée qui a suivi la mise en œuvre et le déploiement, pendant la Grande Guerre, d’un nouveau système d’armes à part entière. Pour autant, la prise de conscience de son intérêt, a été tardive. L’aviation de renseignement est restée un outil tactique, éclaté entre les grandes unités terrestres, même si les premiers bombardements stratégiques par avion débutent dès le 4 décembre 1914. De leur côté les Allemands ont commencé à utiliser les zeppelins à partir de 1915.

Comprendre l’évolution de l’armée de l’Air

Ce numéro de la revue historique des armées réunit une série de contributions de chercheurs sous forme de monographies ou de présentations biographiques. On trouvera un intérêt particulier pour l’article de Jean-François Dubos consacré à Roland-Garros dont la renommée doit beaucoup à une installation sportive éponyme que l’on associe au tennis sur terre battue. Pilote amateur et passionné, totalement autodidacte, Roland-Garros participe à des démonstrations aériennes avant-guerre, avant de s’engager malgré cette dispense de service militaire, le 4 août 1914. Cet article raconte les débuts balbutiants de l’aviation militaire effectuant dans un premier temps une mission de reconnaissance ainsi que des opérations de largage. La rencontre dans les airs avec les avions ennemis conduit les pilotes à s’affronter avec leur pistolet de service, avant que Roland-Garros ne propose à sa hiérarchie un système de tir de la mitrailleuse dans le champ de rotation des pales de l’hélice, ce qui permet aux pilotes de s’affronter en combat aérien. Roland-Garros est fait prisonnier après que son avion ait été abattu en 1915, mais il parvient à s’évader, il repart au front sur son insistance avant d’être abattu dans les Ardennes le 5 octobre 1918. Les services historiques de la défense conservent le livre de Jean Ajalbert, La Passion de Roland Garros publié en 1926.

À écouter

Podcast. Hors série Aviation militaire

Évolutions techniques

Parmi les articles de cette revue dont les titres sont évoqués ci-dessous, celui de Gaspard Watremez, Le général Féquant, un « soldat » au service de l’armée de l’Air retiendra l’attention. Philippe Féquant saint-cyrien sorti de l’école en 1905 commence sa carrière en Indochine au Tonkin avant de retourner en métropole. Dès les balbutiements de l’aviation militaire à Mourmelon, il se porte volontaire et obtient son brevet de pilote militaire en septembre 1911. L’aviation est alors utilisée pour la reconnaissance sur les territoires coloniaux. De retour dans l’armée de terre, il participe à des opérations contre des soulèvements locaux au Maroc, avant de retourner en France, en 1915 pour être muté à la réserve générale de l’aviation du Bourget. En mai de la même année, il est pilote de l’escadrille de bombardement VB 101, avant de commander l’escadrille de chasse 65 de Bar-le-Duc en mai 1916. Il progresse pendant la guerre, participe à la formation de la première division aérienne et termine la guerre comme chef d’état-major de la division aérienne.

Il rejoint l’état-major particulier de la présidence de la république avant de devenir lieutenant-colonel en décembre 1921 puis colonel en mars 1925. Contrairement à de nombreux aviateurs qui ont quitté l’aéronautique militaire pour le privé, il reste attaché à l’armée. Il devient commandant de l’école militaire de l’aéronautique de Versailles, rédige les vagues de destruction de pilote de chasse, devient chef du service général de ravitaillement en matériel aéronautique. Il est général de brigade en mars 1930. Dans le sillage de Pierre Cot ministre de l’Air en juin 1936, il participe au programme de réorganisation de l’armée de l’air conduit par le chef d’état-major général, le général Denain.

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Face à la guerre

L’aviation française est très en retard par rapport à l’aviation allemande, et en août 1936 le ministre Pierre Cot propose un nouveau plan au gouvernement mis en œuvre dans le cadre de la loi de finances de 1936.

C’est le ministre qui, à la suite d’un voyage à Moscou en septembre 1933, reprend à son compte l’idée de disposer d’une unité de parachutistes militaires. Quand le général Féquant prend ses fonctions de chef d’état-major général de l’armée de l’air le 15 octobre 1936, l’instruction visant à créer de groupes d’infanteries de l’air vient d’être signée. L’objectif est de débarquer par parachute en territoire ennemi des détachements d’infanterie de l’air. Aujourd’hui, on dirait pour définir cette mise en œuvre, une action dans la profondeur.

L’organisation de ces groupes d’infanterie de l’air dépend simultanément de l’armée de terre ou l’effectif principal est recruté, mais le personnel de l’état-major dépend de l’armée de l’air. Dès 1937, le général Féquant créer une unité d’élite, la division de la garde aérienne. Elle est organisée en 2 brigades avec pour la première une escadre aérienne lourde, une escadre aérienne légère et un groupe d’infanterie de l’air. La 2e brigade est composée d’une escadre d’hydravion et d’avions de transport.

Dans le même temps, le général Féquant participe avec le général Jauneaud à la réorganisation de l’armée de l’air. L’objectif est d’être en mesure de déployer les aéronefs de façon autonome pour répondre à une attaque directe de l’ennemi, sans attendre la mobilisation nécessairement plus lente de la marine et de l’armée de terre. La question de la défense aérienne est également prise en compte, notamment parce que la France ne dispose que de 184 canons de DCA contre 888 pour l’Allemagne avant-guerre.

Attentif aux évolutions technologiques, le général s’intéresse fortement à la collaboration avec l’industrie aéronautique tchécoslovaque, à la fois en raison du potentiel industriel du pays, mais également à cette position stratégique permettant de mener des opérations contre l’Allemagne. Une convention est d’ailleurs signée en 1937, mais l’on sait que les accords de Munich en 1938 y mettront nécessairement un terme.

Le général Féquand est également partie prenante de renouvellement de l’emploi des forces aériennes en intégrant l’armée de l’air dans des actions interarmées.

L’article se termine par quelques interrogations notamment sur les relations entre le général Féquant et le général Jauneaud. Le second semble avoir été plus visible que le premier. La dégradation de son état de santé le conduit à prendre sa retraite en février 1938. Il décède à son domicile le 24 décembre 1938 à 55 ans.

Cet article montre à l’évidence, et contrairement à ce que l’on peut trouver développé de façon un peu trop rapide sur l’état de préparation de l’armée française à la veille de la Seconde Guerre mondiale, face à l’Allemagne, que l’armée de l’air pour ne citer qu’elle avait largement entamé une démarche d’innovation doctrinale. Malheureusement les meilleures doctrines d’emploi ne valent que si elles sont mises en œuvre avec une volonté politique suffisante.

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L’espace : terrain d’affrontements militaires

Sommaire

Le bruit des aéronefs pendant la Première Guerre mondiale – Par Benoit Tahon

L’aviation de renseignement française : de la découverte à la déshérence (1914-1939) – Par Baptiste Colom-y-Canals

Le général Féquant, un « soldat » au service de l’armée de l’Air – Par Gaspard Watremez

« Secouer hardiment le cocotier » Le général Chassin et la reconstruction intellectuelle de l’armée de l’Air à travers la revue Forces aériennes françaises (1946-1950) – Par Jean-François Briot.

Martial Valin, principale figure mémorielle de l’armée de l’Air – Par Jean-Charles Foucrier

L’armée de l’Air face à la réforme d’avril 1961 – Par Marie-Catherine Villatoux

Le choix des avions ravitailleurs C-135 F pour la force de frappe française (1962-1964) – Par Louise Matz

Un flirt sans engagement. Les tentatives de relance de la coopération aérienne militaire franco-britannique avant Lancaster House – Par Jérôme de Lespinois

Parcours militaires

Le veilleur du front d’Orient, recherches et enquête mémorielle sur le brigadier-pilote Léopold Montoya – Par Éric Allart, Benoît Fief et Coline Villain.

Archives/sources

Les structures d’archives de l’armée de l’Air (1946-2023) – Par Éric Benard

Les fonds de la Prévôté de l’Air (1939-1940) – Par Aurélien Cubaynes

Trésors du SHD

Roland Garros, une traînée de gloire – Par Jean-François Dubos

Portfolio

Les archives des Centres de formation du personnel navigant en Amérique (CFPNA) – Par Benjamin Doizelet

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À propos de l’auteur
Bruno Modica

Bruno Modica

Bruno Modica est professeur agrégé d'Histoire. Il est chargé du cours d'histoire des relations internationales Prépa École militaire interarmes (EMIA). Entre 2001 et 2006, il a été chargé du cours de relations internationales à la section préparatoire de l'ENA. Depuis 2019, il est officier d'instruction préparation des concours - 11e BP. Il a été président des Clionautes de 2013 à 2019.

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