La solidité de l’industrie agroalimentaire face à la crise de la Covid

5 septembre 2020

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La solidité de l’industrie agroalimentaire face à la crise de la Covid

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L’industrie agroalimentaire est celle qui a le mieux résisté à la crise du confinement. S’appuyant sur un véritable savoir-faire industriel et un dense réseau de relais agricoles, cette industrie est l’un des piliers de notre tissu économique.

Une tribune libre de Hervé Guyader, avocat au Barreau de Paris, Docteur en Droit et Président du Comité français pour le Droit du Commerce international

 

Pas une semaine ne passe sans l’annonce d’entreprises en difficulté, subissant le choc économique de la crise sanitaire. Dans cette avalanche de mauvaises nouvelles, le secteur agroalimentaire semble réussir à tirer son épingle du jeu. Comme toujours, les fatalistes avaient prédit la mort, dans le « Monde d’après », de cette industrie, supplantée par les aspirations végétalistes et naturalistes des nouveaux consommateurs. Les militants les plus acharnés ont dû avouer que le stress leur avait fait savourer des produits qu’ils avaient jusqu’alors répudiés.

Le commerce international des industries agroalimentaires parait être celui qui a le mieux résisté à cet épisode historique. Chacun a pu constater pendant le confinement les pénuries de farine, ou les nombreux gâteaux réalisés au sein des foyers : les gourmandises ont atténué les angoisses du confinement, et ont boosté les ventes de sucre conditionné.

De Béghin-Say aux protéines végétales, Tereos diversifie son offre de produits

Propriétaire de la marque de sucre grand public Béghin-Say, le groupe sucrier français Tereos, premier français et deuxième mondial, devrait finir l’année 2020 en célébrant de bonnes performances pour l’année écoulée.

Très tôt, le groupe a orienté sa stratégie vers une diversification de ses matières premières transformées et de ses pays d’implantation, tout en conservant son activité historique de betterave sucrière. Grâce à d’importants investissements et d’un sens aigu de l’innovation, Tereos s’inscrit pleinement dans le monde de demain : d’après le cabinet américain AT Kearney, 60% de la viande mondiale sera synthétique ou végétale d’ici à 2040. Les protéines végétales constituent donc un marché en pleine croissance, dont Tereos est le deuxième acteur mondial grâce à la transformation de blé dans ses usines européennes et françaises.  Le groupe mesure donc aujourd’hui la pertinence de son orientation stratégique, qu’il continue de mettre en œuvre afin de poursuivre sa croissance mondiale malgré les aléas des marchés.

Libre circulation et Bleu Blanc Cœur

Si la question de la libre circulation des marchandises semble réglée à plus ou moins court terme à l’échelle de l’Union européenne, et en supposant qu’il n’y ait pas de deuxième confinement, elle prend une ampleur toute différente à l’échelle mondiale. Le principe de la réciprocité dans les échanges risque d’obliger à une gymnastique douanière de haut vol. La seule consommation chinoise de cochons, avoisinant les 50 millions de tonnes quand leur production 2020 devrait être des plus congrues, pourrait donner un bel espoir aux producteurs français, si tant est que le canal de l’exportation leur reste ouvert.

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Quant à la filière laitière, elle a, dans son ensemble, plutôt mieux passé la période de crise sanitaire que d’autres. Si l’arrêt des collectes de lait au faîte de l’épidémie a pu faire craindre le pire, les grands acteurs du secteur ont rapidement demandé aux producteurs de rester en capacité de produire afin d’anticiper le rebond tout en maintenant les prix conventionnels compris généralement entre 312€ et 328€ les 1 000 litres. Certains, comme la Laiterie Saint Denis de l’Hôtel, ont même maintenu leurs demandes de collectes pour répondre aux besoins en laits bio, Bleu Blanc Cœur et sans OGM, qui ont rencontré un très grand succès pendant le confinement. L’affluence record que l’on a pu voir à la célèbre ferme de Viltain, située à l’ouest de Paris, en est un exemple parlant.

La culture et les produits français plébiscités

L’épisode du Covid19, en obligeant à un approvisionnement rapproché, a ravivé le désir des circuits courts et la découverte des producteurs locaux. Il a favorisé leur développement numérique. Certains ont réussi à sauvegarder leur entreprise quand d’autres ont gagné clients et parts de marché. Le droit du commerce international, lui aussi, réfléchit à l’amélioration des procédures douanières dont l’étrave est encore plus douloureuse quand la nécessité d’échanges se fait sentir. L’Union européenne et la Chine ont ainsi décidé de mettre à l’agenda de leur rencontre fin 2020 l’idée d’harmonisations douanières, chose impensable il y a encore quelques mois.

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Au fond, c’est la gastronomie, qui permet d’envisager l’avenir avec optimisme : aux quatre coins du monde, la qualité de nos produits fait saliver touristes et hommes d’affaires qui ne rêvent que de pouvoir savourer une viande d’Aubrac maturée, un morceau de roquefort et un bon verre de Bordeaux. L’économiste David Ricardo défendait le principe de spécialité selon lequel un pays doit déterminer les secteurs économiques dans lesquels il dispose d’une compétence spécifique et les valoriser par l’excellence. Si l’on en croit sa théorie, il y a tout lieu de miser sur ce que la France sait faire de mieux.

 

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