Le Hamas, gros souci pour Israël

14 juillet 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Drapeau du Hamas : la chahada, profession de foi, sur fond vert, couleur de l'Islam.

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Le Hamas, gros souci pour Israël

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La trêve signée le 21 mai entre Israël et le Hamas, après onze jours d’affrontement (240 Palestiniens et 12 Israéliens tués), est précaire. Tout le monde le sait. Elle permet à chacun de refaire ses forces. Une nouvelle confrontation sera inévitable. Tout le monde le sait. Entre eux, les militaires israéliens disent qu’il faut régulièrement « tondre le gazon » à Gaza, parce que les « mauvaises herbes » repoussent toujours. Pour le Hamas – cette « mauvaise herbe » –, affronter Tsahal à intervalles réguliers lui permet de conforter sa stature de « seul résistant » à Israël, de rallier les Palestiniens à sa bannière et de satisfaire ses sponsors (notamment le Qatar et l’Iran).

Tout est parti, le 3 mai, de heurts israélo-arabes dans un quartier de Jérusalem-Est. Les premiers font de la totalité de la ville sainte leur capitale, « indivisible ». Les seconds veulent en faire eux aussi la capitale de leur État. L’exaltation habituelle du mois de ramadan, quelques provocations d’ultras israéliens et un calendrier sensible ont embrasé la situation. Chez les juifs, cette semaine du 10 mai coïncidait avec la célébration de la conquête de Jérusalem-Est en 1967. Chez les Palestiniens, l’annulation des élections législatives prévues fin mai avait créé de fortes tensions. Vers le 10 mai, la Cisjordanie s’enflammait, puis c’était Gaza. Malgré les 4 300 roquettes tirées par le Hamas et les raids de bombardement de Tsahal, aucun belligérant n’avait intérêt à aller plus loin. Israël pouvait frapper encore plus massivement ou intervenir dans Gaza, mais avec des risques énormes de pertes dans ses rangs et de bavures chez les civils. Ce territoire de 2 millions d’habitants affiche en effet l’une des plus fortes densités humaines au monde. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou savait que le temps jouait contre lui. Il devait bien sûr riposter, pour rassurer son opinion  publique. Mais il ne devait pas s’enliser afin d’éviter un revers diplomatique et l’embrasement des citoyens arabes d’Israël (1,5 million d’habitants, soit 20 % de la population). Leur sensibilité croissante à la cause palestinienne pourrait ouvrir à tout moment un nouveau « théâtre intérieur ». Les responsables sécuritaires israéliens le redoutent.

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Dans cette guerre de dix jours, Tsahal a voulu dégrader au maximum le potentiel militaire du Hamas. Objectif atteint. L’arsenal de la milice a été drastiquement réduit. Aux stocks de roquettes tirées ou détruites, s’ajoute la mort de quelques chefs, dont Bassem Issa, patron de sa branche militaire, et des destructions (postes de commandement, relais radio, centres logistiques, tunnels). Ce sont des revers importants, mais pas décisifs. Israël a gagné un répit, mais tout sera reconstitué avec l’argent des amis du Hamas (Qatar, Pakistan) et l’appui militaire de l’Iran. Le Hamas reste donc un gros problème pour la sécurité d’Israël, même si les Israéliens ont pu renouer le contact avec quelques pays du Golfe, dans le cadre des accords d’Abraham (15 septembre 2020). Jérusalem compte aussi sur l’appui de l’Égypte, le seul pays qui a su obtenir un cessez-le-feu, et sur l’aide renouvelée de Washington, promise par Joe Biden. Quant à l’Europe… Divisée, réduite aux déclarations d’intention, elle ne pèse quasiment rien.

Le Hamas a marqué des points en ayant atteint une sorte d’équilibre de la terreur avec son ennemi. Par ses tirs répétés de roquettes, même sous les frappes israéliennes, il a prouvé sa capacité offensive et sa résilience au combat. Il a pu frapper au cœur des villes israéliennes et réussi à paralyser le seul aéroport international d’Israël. Revenu au centre du jeu politique, le Hamas a montré aussi aux Palestiniens qu’il incarne la seule résistance à l’État hébreu, alors que l’Autorité palestinienne s’englue dans une laborieuse politique de compromis. Usé et déconsidéré, son président Mahmoud Abbas est très affaibli. Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas (réfugié au Qatar), est au contraire renforcé. Il bénéficie d’une règle non écrite dans ce type de conflit asymétrique : quand le plus fort ne gagne pas, le faible l’emporte. Malgré les « succès exceptionnels » annoncés par Netanyahou, Israël n’a pas terrassé le Hamas. Il ne pourra le faire sans en payer le prix, probablement très lourd.

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À propos de l’auteur
Frédéric Pons

Frédéric Pons

Journaliste, professeur à l'ESM Saint-Cyr et conférencier.
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