Qu’est-ce que la géopolitique ? Daniel Dory apporte quelques réponses brèves au questionnaire Lacoste.
Dans son premier numéro, Conflits avait interrogé Yves Lacoste, l’un des pères du renouveau de l’école française de géopolitique. À l’issue de l’entretien, plusieurs questions brèves lui avaient été posées. C’est ce questionnaire à Yves Lacoste, devenu le « questionnaire Lacoste » auquel répondent les membres du comité de rédaction de Conflits.
Daniel Dory est docteur HDR en géographie et Maitre de conférences à l’Université de La Rochelle. Il étudie principalement les questions du terrorisme.
Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a spécifiquement mené vers la géopolitique ?
La combinaison de la recherche scientifique et la pratique politique, surtout en matière d’aménagement du territoire en Bolivie.
Votre définition de la géopolitique ?
La discipline qui étudie les conflits liés à l’appropriation (physique, idéelle et d’aménagement) des territoires envisagés à différentes échelles et niveaux spatiaux, et aussi en fonction de séquences temporelles emboîtées.
La vertu cardinale d’un géopoliticien ?
La capacité à travailler sans cesse sur de nouvelles hypothèses.
Le péché capital pour un géopoliticien ?
Le refus du réel pour des motifs idéologiques.
Votre maître (ou vos maîtres) ?
Carl Schmitt, sans doute, mais je ne me suis jamais posé la question en ces termes…
Votre voyage le plus instructif ?
Je ne peux pas en citer un spécialement. Plus que le voyage je crois en la vertu du travail de terrain approfondi. Donc ce serait le Burkina Faso et surtout la Bolivie. Et les transformations actuelles de Paris ne me laissent pas indifférent…
Votre sujet d’étude de prédilection ?
Le terrorisme
Le fondement de la puissance selon vous ?
La présence d’une élite dominante visant à préserver les intérêts et la permanence du peuple au sommet d’un État souverain et correctement organisé.
Un sujet de géopolitique qui ne serait pas assez étudié ou mis en avant ?
Je songe bien entendu au terrorisme en premier lieu. Mais je pourrais également citer les fondements ethniques de la conflictualité, ou encore les nouvelles modalités de la guerre irrégulière, asymétrique et totale (GIAT) que j’essaye de théoriser par ailleurs.