30 millions de km², 22 500 km de côtes maritimes, 22,5% des terres émergées, 54 pays reconnus par l’ONU, 55 par l’Union africaine, 38 des 48 pays les moins avancés de la planète, ces quelques chiffres globaux sont loin de résumer ce qu’est la diversité africaine. Cet ouvrage est un bon support pour défricher la géopolitique de ce vaste continent si complexe.
On distingue l’Afrique de l’Ouest, celle des « guerriers » et des pasteurs nomades (Sahara, Sahel), berceau de bien des conflits actuels, dont on ne perçoit pas la fin ; l’Afrique soudanienne des « greniers » (mil et maïs), où les armes semblent s’être tues ; l’Afrique forestière des « paniers » (tubercules) ou des zones rizicoles.
En fait deux grands blocs forment les zones les plus densément peuplées du continent. Celui de l’Afrique occidentale, entre le Sahel (« rivage » en arabe) et l’Atlantique, qui est intégré depuis 1975 au sein de la CEDEAO, une communauté subrégionale de 15 membres et de 350 millions d’habitants (plus du quart de la population du continent). A l’est, les hautes terres qui s’étendent de l’Érythrée à l’Afrique australe englobent deux communautés économiques régionales, la SADC (15 nations et 327 millions d’habitants) et l’EAC (6 Etats et 172 millions d’habitants). Entre ces deux « dorsales », on trouve une zone de dépression démographique allant du Soudan à la Namibie via le bassin du Congo.
Ces fiches dressent un état des lieux à peu près complet d’une Afrique plurielle qui présente des trajectoires contrastées, où le poids du religieux n’est pas ressenti de manière identique, où les fractures sociales sont plus marquées, par exemple au Nigéria ou en Afrique du Sud qu’au Botswana, qui a su préserver la démocratie sociale avec une économie prospère fondée sur le diamant, l’élevage et le tourisme. Bien que la valeur des dépenses militaires en Afrique subsaharienne soit la plus faible de toutes les régions du monde ( 2,3%), ces dépenses représentent une part substantielle des dépenses publiques, l’Afrique subsaharienne se situant, selon le SIPRI au troisième rang dans le monde des régions ayant la plus grande charge militaire par rapport au PIB avec une part de 1,7% contre 3,6% pour l’Afrique du Nord et 5,2% pour le Moyen-Orient. Au Sahel, la lutte contre le djihadisme s’est traduite par une hausse substantielle des dépenses militaires comme au Mali, qui a enregistré une hausse de 152% entre 2014 et 2017.
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Les 10 défis de l’Afrique sont passés au crible (démographie, atouts et fardeaux, les effets ravageurs du changement climatique, l’Afrique étant le continent le plus touché, les mirages de l’éducation pour tous, les anciens et nouveaux conflits, le sous-développement en héritage, la sécurité alimentaire et les enjeux de santé, l’emploi où la jeunesse est toujours oubliée, les démocraties et démocratures). Les enjeux géopolitiques sont examinés avec attention, comme le sont aussi les leviers du décollage. Comment dépasser la rente minière surtout pour les pays mono producteurs, réduire le fossé numérique, mobiliser les recettes fiscales et taxer juste, l’électrification, libérer le potentiel agricole, développer les richesses de l’économie bleue, les femmes…
Bien des évolutions doivent être mentionnées comme le fait qu’en 2017, Berlin a pour la première fois dépassé Paris comme premier fournisseur européen en Afrique. Quant aux défis à relever, ils sont immenses : de l’électrification à la nécessité pour l’Afrique de produire 70% de plus d’aliments d’ici 2050, tout en répondant en particulier aux défis climatiques.