[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 16 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
Le titre de l’ouvrage d’Éric Branca doit être bien compris. Qu’il existe une amitié ancienne entre États-Unis et France, l’auteur ne le conteste pas, que les deux pays aient été dans le même camp face à l’Allemagne nationale-socialiste et à la Russie communiste non plus.
Mais il est des amis un peu envahissants qui viennent chez vous afin de donner un coup de main pour des travaux de réparation puis s’invitent et s’installent. Ils ne vous laissent d’autre choix que de les chasser au risque de les froisser. C’est toute l’histoire des relations de de Gaulle et de Washington entre 1940 et 1969 que raconte Éric Branca. Chacun connaît le fond de l’histoire dont le temps le plus fort est la sortie de la France de l’OTAN annoncée en 1965. L’intérêt du livre repose sur la description des manœuvres de Washington pour faire céder un « ami » indocile : manipulation d’hommes politiques et d’intellectuels français, efforts pour ralentir le programme nucléaire de Paris, sabotage du rapprochement franco-allemand (opération où Jean Monnet joue un rôle essentiel), espionnage des projets industriels du général…
De Gaulle aurait-il pu persuader les Américains qu’une France indépendante et alliée (amie mais non alignée, dira plus tard Hubert Védrine) servait plus intelligemment les intérêts communs des deux pays qu’une France vassale ? Le rapprochement des deux pays après l’élection de Nixon le fait croire à l’auteur. Mais il était déjà trop tard. Après la démission du général en 1969 et surtout après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 la France rentre dans le rang atlantiste.
L’auteur adopte systématiquement le point de vue de de Gaulle, ce qui ne manquera pas d’irriter. Il ne cherche guère à comprendre le jugement opposé des Américains et de leurs amis en Europe : pendant la guerre froide le communisme soviétique pouvait être considéré comme une véritable menace, tout ce qui divisait le camp occidental comme une source de faiblesse. Apparaît alors la vraie question : l’URSS était-elle une menace extrême ou un prétexte permettant à « notre ami » de s’installer définitivement chez nous ?
P.G.
[colored_box bgColor= »#DCEDC8″ textColor= »#222222″]Éric Branca, L’ami américain, Perrin, 2017, 380 pages 23 euros.[/colored_box]
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