La galerie Victor Edouard organise l’exposition Voir la vie consacrée à Pierre de Saint-Maur. Elle est précédée d’une conférence de Thomas Waroquier
Galerie Victor Edouard, 72 rue Mazarine, 75006 Paris. Vernissage samedi 16 novembre de 17h à 20h. À 17h30, conférence de Thomas Waroquier « Naissance d’un bronze ».
Par Philippe Richard
Située au cœur du VIe arrondissement, la galerie Victor Edouard propose des choix judicieux d’artistes et d’œuvres que caractérise une préférence évidente pour la vérité et la beauté, ou mieux : la beauté de la vérité. Nul besoin pour les artistes qu’affectionne Stéphane de s’éloigner de la vérité pour rejoindre et exprimer la beauté de la vie. À chacun sa vérité ? Oui, dans la mesure où les vérités les plus personnelles renvoient l’écho de la vérité universelle et de sa beauté.
Adéla Burdujanu, pour sa part, saisit avec son pinceau le saut entre deux instants. Sur un coin humide du trottoir parisien, entre deux tables de bistrot. Adéla cherche à capturer les fluctuations, les instabilités, les ondulations du monde. D’un monde presque liquide dont elle exprime le caractère quasi insaisissable par un non-fini des formes qu’elle laisse ainsi ouvertes à toutes les métamorphoses. Lumières clignotantes, reflets de pluie discontinue, magie de la brièveté de l’instant, charme excitant de l’éphémère.
Thomas Waroquier, le sculpteur adonné aux constructions animales habilement structurées, transfigure la vérité des formes en traquant dans le bronze leur essence éternelle et profonde. Thomas est le quêteur de l’épopée du monde vivant. À travers les êtres qui l’habitent et l’animent depuis la nuit des âges.
Le troisième artiste est le seul à n’avoir pas encore franchi le seuil de la galerie. Il s’agit de Pierre de Saint Maur.
À la différence de ses co-exposants, Pierre est à la recherche de la méditation immémoriale du monde. Ses références manifestes, mais subtiles à des maîtres anciens confèrent à son travail la délicatesse et le raffinement d’une peinture intemporelle. Mais la finesse de la touche, la sérénité de l’inspiration, souvent sylvestre ou agreste, n’excluent en rien la vitalité et la puissance de l’interprétation. Le spectateur, accueilli par la douceur d’une première vision, ne perçoit qu’en un second temps la force et la vigueur de la sève qui l’innerve. Si Pierre confère la première place à la beauté formelle, il ne penserait pas atteindre son objectif si notre œil et nos sens ne décelaient pas en filigrane la fièvre d’une nature vivante. L’emploi fréquent d’un monochromatisme insolite donne à son œuvre une intensité et une énergie inattendues.
À contre-courant des modes, Stéphane serait-il visionnaire ? Nous inclinerions à le penser, en constatant sans déplaisir que le public d’esprit indépendant commence à s’affranchir des formules artistiques qu’on lui a longtemps imposées et à se tourner vers celles qu’il se sent libre d’aimer. Vers ce que son goût intime et sincère lui fait désirer.