Cet été, nous vous proposons d’entrer à l’intérieur de Conflits et de découvrir comment est conçu votre magazine. Aujourd’hui, le travail des cartographes.
Pas de géopolitique sans carte, qui permet de fixer les espaces et la structuration des rapports de force. Plus qu’une illustration, la carte est un discours et une analyse. Pour arriver à la carte finale publiée dans le magazine, plusieurs étapes sont suivies, qui nécessitent de nombreuses heures de travail.
1/ La collecte des informations
Il s’agit d’abord de collecter les informations qui serviront de fondement aux cartes. Livres, bases de données internet, etc. les sources sont nombreuses où l’on peut trouver des données, des chiffres et des informations. Les cartes existantes sont également utiles : elles donnent des idées et sont source d’inspiration.
2/ La réalisation du carton : le premier jet
Puis ces données sont transformées sous forme de « carton » de carte. C’est un premier jet, dessiné à la main, sur un fond vierge. Ces cartons sont soit réalisés par les auteurs de l’article, soit par Jean-Marc Holz, géographe et ancien professeur à l’Université de Perpignan.
Collecter les données et réaliser les cartons nécessite de très nombreuses heures de travail. Pour les cartes du dossier « Afrique de l’Ouest » actuellement en kiosque, ce sont ainsi plus de 100 heures de travail qui ont été nécessaires à Jean-Marc Holz pour aboutir aux cartons finaux.
Exemples de cartons de carte. Ici une carte sur la francophonie en cours de préparation. La légende manuelle et 3 cartes, qui seront fusionnées en une seule.
3/ Du carton au projet de carte
Le carton, ou parfois les cartons, sont ensuite transmis à notre cartographe Patrick Poncet, docteur HDR en géographie. Il retravaille le dessin et les informations, supprime des données superflues, pense et conçoit la carte finale. S’il dispose de plusieurs cartons, il peut parfois les regrouper pour en faire une seule carte. D’autre fois au contraire, chaque carton sera à l’origine d’une carte différente.
4/ Du projet à la carte
Patrick Poncet travaille avec la cartographe Sandrine Germain (SG cartographie) pour traduire le projet de carte en carte finale.
Choix des couleurs, des orientations géographiques, des pictogrammes, etc. c’est tout le panel du cartographe qui est employé. Nos cartographes ont mis au point un « style Conflits », notamment dans la typographie et le rendu des couleurs. Cela permet de rendre les cartes reconnaissables d’un numéro à l’autre et d’avoir une unité de style de mise en page à l’intérieur des numéros.
Ici une carte sur l’Asie centrale. Le positionnement du globe, l’indication des reliefs, la valorisation des points lumineux des villes contribuent à donner un effet « vue du ciel » mais aussi à faire comprendre l’organisation de l’espace et son aménagement.
Ici la côte Est de l’Afrique avec une orientation originale est-ouest et non pas nord-sud comme cela est souvent le cas. Le relief est indiqué, ainsi que les paysages, permettent de mettre en valeur la géographie, essentielle pour comprendre la piraterie.
5/ Relecture et validation
Dernière étape : la relecture de la carte. S’y glissent toujours quelques coquilles (oublis de guillemets, virgule, lettre inversée, etc.), des noms de ville qui sont mal localisés, des erreurs de pictogramme ou de couleur. Malheureusement, même avec plusieurs relectures il peut toujours rester des coquilles, que l’on ne découvre qu’une fois le magazine imprimé.
Pour arriver au produit final, quelques heures sont nécessaires pour les cartes simples mais, pour les plus complexes, ce sont des dizaines d’heures de travail, étalées sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Une des cartes les plus complexes que nous ayons réalisée est à cet égard celle de la galaxie Gazprom, fondée sur les recherches de Jean-Marc Holz.
6/ Transmission au monteur et montage
La carte n’a pas fini son histoire pour autant. Publié en format .ai et .pdf, elle est transmise au monteur qui peut ensuite l’intégrer au magazine. Reste alors à déterminer la taille de la carte et sa situation dans le numéro. Les pages impaires sont toujours les plus « nobles » : la plupart des lecteurs étant droitiers c’est cette page qu’ils voient en premier. Il peut néanmoins arriver que pour des raisons de de texte nous placions une carte sur la page de gauche.
Le choix de la taille de la carte (pleine page, demi-page, quart de page) dépend de la taille d’origine, mais aussi de ce que l’on souhaite faire ressortir.
Une fois monté, le numéro est envoyé à l’imprimeur, puis au distributeur pour arriver dans la boite aux lettres des abonnés et dans les kiosques. Ainsi s’achève la « fabrique de la carte », qui est ensuite lue et commentée. C’est sa vie publique qui débute.