Le Louvre met l’Ouzbékistan à l’honneur en proposant une exposition qui contient des pièces variées couvrant la période allant de l’Antiquité à nos jours. Des conquérants d’Alexandre aux mosquées de l’islam, c’est une partie de l’Eurasie qui se découvre aux visiteurs.
Ce sont près de 130 pièces qui sont présentées au public, dont la plupart n’avaient jamais été exposées en France. 130 pièces pour comprendre les échanges en Asie centrale, le rôle de la steppe et des routes commerciales qui se sont étendues jusqu’à Samarcande et Boukhara. Débutant par l’Antiquité, le visiteur perçoit l’influence de l’hellénisme et des hommes d’Alexandre le Grand. Des bouddhas aux traits grecs rappellent les interconnexions entre l’Asie centrale et les rives de la mer Égée. Puis vint l’islam, qui apporte un changement dans le style et dans les représentations. Tout au long du parcours s’exposent des peintures murales monumentales du palais des ambassadeurs de Samarcande, des pages d’un des plus anciens corans monumentaux des débuts de l’Islam provenant de Katta Langar, en Sogdiane, des trésors en or provenant de Bactriane, des pièces en argent, en soie, en céramique. Une maitrise de l’artisanat qui témoigne à la fois des avancées techniques et des échanges qui étaient réalisés avec les peuples de la steppe.
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Le livre est l’un des objets majeurs de cette exposition. Richement enluminés, ils témoignent de la puissance de leurs propriétaires et du poids du savoir dans le pouvoir politique d’alors. Arborer des livres, et en offrir était le signe de son autorité.
Grâce aux nouvelles techniques muséales, le spectateur peut voyager jusqu’à Samarcande où les monuments emblématiques de la ville sont projetés sur grand écran. Des monuments filmés par drone qui permettent de les observer sous toutes les facettes et d’en admirer la finesse des mosaïques.
Attention : les modalités d’entrée au musée du Louvre ont changé. Il est désormais nécessaire d’acheter ses billets à l’avance et de réserver un créneau horaire, y compris pour les billets gratuits (étudiants ou autre, qui doivent réserver un créneau avec un billet gratuit). Le personnel de salle et d’accueil étant toujours aussi malaimable, il n’aidera pas le visiteur perdu par ces changements. Le site d’achat en ligne étant souvent bloqué, il faut être patient.
En pratique : exposition du 23 novembre 2022 au 6 mars 2023.
Le texte ci-dessous est une reprise de la présentation de l’exposition réalisée par le musée du Louvre
1/ Le temps des états-Oasis et des royaumes : diffusion des cultures à travers la route de la soie
La naissance de la route de la soie, réseau de routes caravanières empruntées pour relier l’Extrême-Orient à la Méditerranée, dû à l’essor des flux d’échanges commerciaux, est mentionnée par les sources chinoises dès le IIe siècle avant notre ère. À cette période se forment les États-Oasis d’Asie centrale. Le bouddhisme se développe dès le Ier siècle de notre ère, grâce à la dynastie des Kouchans. Les élites de cette époque prennent corps dans des statues en terre crue, dont certaines sont à taille humaine, tels Bouddha et les boddhisattva.
Les parures et bijoux en or rendent compte de l’opulence qui caractérisait ces carrefours d’échanges commerciaux.
2/ Les royaumes du milieu et l’apogée d’un art de cour
À partir de la fin du IIIe siècle, nous assistons à un développement majeur du commerce et à un enrichissement des royaumes sogdiens (au centre de l’Ouzbékistan actuel), dits du milieu car entre la Chine et la Méditerranée. L’art de cour atteint son apogée à partir du IVe siècle. Les monumentales peintures murales des résidences princières de Varakhsha à l’ouest de Boukhara, aujourd’hui dispersées dans différentes collections, sont exceptionnellement mises à l’honneur grâce aux prêts majeurs du Musée des Beaux-Arts de Tachkent et à une reconstitution numérique qui nous plongent dans un palais de l’oasis de Boukhara pendant l’arrivée de l’Islam. Un autre ensemble du début du VIIIe siècle, issus d’une résidence aristocratique d’Afrasyab nous transporte à Samarcande. Cette région est caractérisée par des croyances religieuses et funéraires où se mélangent des traditions bouddhique (influence indienne), zoroastrienne (influence iranienne), chrétienne, manichéenne (religion née à partir du prophète Mani). De rarissimes statues en terre crue et de la vaisselle précieuse, notamment en argent, rendent compte de l’apogée de cet art de cour.
3/ Instauration d’un pouvoir islamique et islamisation culturelle
À partir du début du VIIIe siècle, l’Islam s’impose en Asie centrale entraînant une islamisation politique et culturelle progressive, comme en témoignent les deux feuillets d’un des plus anciens corans, dit Coran de Qatta Langar, véritable chef-d’œuvre des débuts de l’Islam en Asie centrale. Ce renouveau culturel est perceptible dans le décor architectural, notamment grâce à un ensemble monumental de stucs et textiles, ainsi qu’un nouveau style de céramiques, sur lesquelles la calligraphie sera un motif récurrent. Véritables lieux de rayonnement intellectuel dès le Xe siècle, certaines villes deviennent des foyers de développement et diffusion culturelle et scientifique, d’où sont issus les célèbres noms d’Avicenne, al-Biruni en sciences, ou encore al-Boukhari, compilateur de hadiths du prophète Mahomet.
4/ D’Avicenne à Gengis Khan
La période entre le XIe et le XIIe siècle est marquée par le règne sur ce territoire de la tribu turque des Qarakhanides (originaire de la région de Kashgar), contemporains des Seldjoukides qui eux règnent en Iran et plus à l’ouest. Cette culture islamique intègre aux sources arabe et persane, une culture nomade asiatique. La culture matérielle peut être appréhendée grâce à des chefs-d’œuvre en métaux précieux (or, argent, métal cuivré ciselé, incrusté et serti). Cette nouvelle culture impose aussi la langue turque, aux côtés de l’arabe et du persan.
L’invasion de Gengis Khan renforce cette identité régionale est-asiatique. Cette période est illustrée par le prêt exceptionnel de manuscrits, comme le fameux Livre des Merveilles de la Bibliothèque nationale de France, qui nous plonge dans le voyage de Marco Polo dans cette Asie centrale et en Chine au XIIIe siècle.
5/ Le temps des Grands empires : les Timurides et les Shaybanides
Ces deux empires modernes permettent d’évoquer la célèbre figure de Tamerlan, fondateur de la fameuse dynastie des Timourides. La renaissance artistique est visible dans les prestigieux témoignages d’architecture ou les fragments monumentaux, notamment des monuments de Samarcande et de Boukhara. Elle est encore représentée grâce à la peinture de manuscrits telle que celle de la célèbre école de Boukhara de la dynastie des Shaybanides (successeurs des Timourides) ou la porte du Gour-e mir (mausolée de Tamerlan) qui sera exposée pour la première fois représentée grâce à la peinture de manuscrits telle que celle de la célèbre école de Boukhara de la dynastie des Shaybanides (successeurs des Timourides) ou la porte du Gour-e mir (mausolée de Tamerlan) qui sera exposée pour la première fois en dehors de l’Ouzbékistan.