<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Editorial – Conflits, déjà dix ans

1 mars 2024

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Abonnement Conflits
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Editorial – Conflits, déjà dix ans

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Nouveau numéro de Conflits avec un dossier consacré au Sahel. Dix ans après sa création, Conflits s’est imposé comme l’une des revues de référence en géopolitique. Éditorial de Jean-Baptiste Noé

Article paru dans le numéro 50 de mars 2024 – Sahel. Le temps des transitions.

C’était en avril 2014, il y a déjà dix ans. Sortait en kiosque une nouvelle revue de géopolitique, à l’époque trimestrielle, dont le dossier était consacré à l’Eurasie. À l’initiative de Pascal Gauchon, professeur en classes préparatoires et directeur d’une collection géopolitique aux Puf, Conflits était lancé. Dans le premier numéro figure un entretien avec Yves Lacoste, à qui l’école française de géopolitique doit tant, et un « manifeste pour une géopolitique critique », qui demeure la boussole de Conflits. Parmi les auteurs, nombreux sont ceux qui sont encore de l’aventure aujourd’hui. Créer un magazine est une chose difficile. Le faire vivre et le développer l’est tout autant, si ce n’est plus. Dix ans plus tard, Conflits est toujours là, avec plus d’abonnés, une plus grande diffusion, de nombreux partenariats en France et à l’étranger, et un panel d’auteurs qui ne cesse de s’étoffer. 

La réalité des conflits

Il y a dix ans, oser se nommer Conflits, c’était faire un choix résolument réaliste. On vivait encore dans le mythe de la paix perpétuelle, dans l’idée de l’universalisme des valeurs occidentales, dans la croyance d’une terre plate et sans aspérités. Quand, à l’hiver 2014, le premier hors-série fut consacré à la guerre économique, cela surprit. Comment pouvait-on affirmer qu’une telle guerre existait alors que l’on nous promettait que le commerce allait réguler toutes les tensions ? Dix ans plus tard, les sanctions économiques imposées par les États-Unis à de nombreuses entreprises françaises, la guerre des brevets et des puces entre la Chine et Taïwan, le conflit en Ukraine qui a démontré l’importance des approvisionnements en céréales, les houthis attaquant avec des drones quelques porte-conteneurs dans le détroit de Bab el-Mandeb menaçant le commerce mondial et fragilisant l’économie des pays arabes démontrent la réalité de la guerre économique. « La paix est un souhait, la guerre est un fait » disait Oswald Spengler. Si nous nous appelons Conflits, ce n’est pas parce que nous aimons la guerre, mais parce que nous constatons l’existence de ce fait et que nous l’étudions, afin de tenter de l’éviter. Dix ans plus tard, il n’est plus possible de faire l’impasse sur la guerre culturelle, la guerre démographique, la guerre des représentations et des symboles. Conflits, au fil de ses numéros et de ses analyses, a contribué à cette prise de conscience. 

Dix ans d’évolution

Dès 2016, nous ouvrions une chaîne de podcasts, à une époque où cette nouvelle forme de médias était encore balbutiante. Aujourd’hui, avec deux émissions hebdomadaires, elle est devenue le rendez-vous incontournable des amateurs de géopolitique. 

En 2020, nous avons créé la rubrique « Lu à l’étranger » où sont recensés des ouvrages importants parus hors de France, mais non encore traduits en français. La rubrique, réservée aux abonnés, se fait aussi l’écho des débats intellectuels qui se déroulent à l’étranger, et nous y publions régulièrement des articles et des analyses de nos partenaires, traduits en français, afin de vous faire connaître ces réflexions et débats essentiels.  

En 2021, nous avons créé une école de géopolitique, qui propose de nombreux cours à distance, via une plateforme dédiée, permettant aux professeurs qui écrivent dans Conflits de transmettre leurs savoirs et leurs connaissances à un public désireux de se former et de comprendre. 

En 2023, nous avons créé Les Cahiers de Conflits, diffusés sur Cairn, afin de proposer des articles universitaires pour ainsi étoffer notre présence dans le monde de l’intelligence et le débat public. Beaucoup d’autres projets sont en cours de consolidation et nous espérons les voir réalisés au plus vite.  

Durant ces années, l’équipe s’est elle aussi étoffée : nous sommes désormais trois personnes à travailler à temps plein, en plus des autres membres de l’équipe : une trentaine de rédacteurs réguliers, des cartographes, un maquettiste, une secrétaire de rédaction, un service client et marketing. Le tout sans subvention de l’État, condition indispensable pour avoir une presse libre. Aujourd’hui, Conflits est bien plus qu’un magazine. Revue universitaire, podcasts, école, chaîne vidéo, partenariats avec des revues et des centres étrangers (une trentaine), des conférences et des journées d’étude tout au long de l’année, à Paris, Trouville, Toulon, Sartène… Nous menons le combat intellectuel pour faire connaître l’école française de géopolitique, pour former de nouveaux analystes, pour détecter de nouvelles plumes et de nouveaux rédacteurs. 

Informer l’avenir

Conflits dispose d’un lectorat extrêmement diversifié : lycéens, étudiants, professeurs, cadres supérieurs, chefs d’entreprise, officiers et toute personne intéressée par la géopolitique. Cette diversité se retrouve parmi nos rédacteurs, issus de milieux professionnels et intellectuels variés. Plus de 15 % de nos abonnés sont basés hors de France, preuve que Conflits rayonne au-delà de l’Hexagone. Depuis l’origine, et probablement parce que la revue a été fondée par des professeurs, nous avons le souci constant de former et d’informer l’avenir, en visant particulièrement les générations futures. Nous osons ouvrir nos colonnes à des étudiants prometteurs, pour leur permettre de se confronter à leurs aînés, d’aiguiser leur plume, leur esprit critique, pour qu’ils puissent un jour nous succéder. Trop de revues ont été portées par une génération et ont disparu avec la mort de ceux qui les ont créées parce que ceux-ci ont refusé de former et de transmettre. Nous ne pouvons pas invoquer les auteurs classiques, le socle qui nous porte, nos glorieux aînés et les grands auteurs et, en même temps, refuser de former la génération future et se prostrer dans une stérilité intellectuelle qui aboutit à la terre brûlée. Une revue est à la fois un moyen de communication et une école de pensée, une pépinière et une floraison. Parmi ceux qui étaient dans le groupe de fondation en 2014, beaucoup étaient inconnus ; aujourd’hui, ils sont reconnus dans leur domaine de spécialité, leurs livres sont des succès, ils sont régulièrement invités dans les médias. Faire travailler les générations entre elles, se nourrir de nos aînés et former les plus jeunes demeure un des axes essentiels de Conflits. 

Nous n’oublions pas non plus ceux de nos amis qui sont décédés depuis 2014 et qui écrivaient de façon régulière dans la revue. Leur souvenir nous est cher et leurs analyses demeurent des sources d’inspiration. 

L’enjeu des lecteurs

Tout augmente ! Le nombre d’abonnés, de lecteurs, de visiteurs sur notre site. Sauf le prix du magazine, qui demeure le même depuis avril 2014, en dépit de la très forte hausse du prix du papier que nous avons à subir depuis 2022. Conflits ne vit que par ses lecteurs : ses abonnés et ses lecteurs en kiosque. Vous abonner permet de soutenir la revue, de soutenir la recherche en géopolitique, de mener à bien nos projets de développement, d’accéder à du contenu exclusif et de nous permettre de mettre une grande partie de notre production en accès libre. Réabonnez-vous et faites connaître Conflits à votre entourage ! Dix ans de Conflits, c’est aussi votre succès et c’est surtout grâce à vous. Soyez-en profondément remerciés. Rencontrez des lecteurs, lors des congrès, des colloques, des voyages en avion et en train, est toujours un plaisir et un moment intense de partage.  

Beaucoup de rêves et de projets

En avril 2014, quand le premier numéro est sorti en kiosque, aucun d’entre nous ne pouvait prévoir ce que serait Conflits dix ans plus tard. Il reste encore beaucoup à faire pour placer l’analyse géopolitique au cœur des débats intellectuels, pour imposer une ligne réaliste dans un monde de borgnes et d’herbivores, pour faire découvrir la grande richesse de l’école française de géopolitique. De quoi nourrir bien des rêves, de bâtir bien des projets, et d’aiguiser nos épées pour mener les combats intellectuels de demain. Merci à tous nos auteurs, à nos lecteurs, aux équipes de Conflits, et soyez assurés de notre détermination pour porter une voix originale et percutante.     

   

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
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