Face aux prétentions turques en Méditerranée orientale, la Grèce veut moderniser sa défense. Le pays a annoncé jeudi qu’il allait réorganiser son appareil militaire en mettant l’accent sur l’introduction des systèmes de drones et en renforçant ses capacités de cyberguerre d’après les leçons tirées de la guerre en Ukraine.
La Grèce doit faire face à une « réalité différente » et moderniser « rapidement » ses forces pour répondre aux exigences du XXIe siècle, a déclaré le ministre de la Défense, Nikos Dendias, à la commission parlementaire de la défense.
L’armée va introduire quatre systèmes de drones différents, fusionnerait des unités de l’armée et va mettre de côté les anciennes armes, selon le ministre.
« Chaque unité de l’armée aura des capacités de combat par drone », a-t-il déclaré.
Afin d’économiser des fonds, plus de 130 casernes militaires seront supprimées d’ici l’année prochaine, a précisé Nikos Dendias rappelant que le pays dispose de plus de 800 camps militaires. En comparaison, les États-Unis en possèdent officiellement 800.
Selon le ministre, l’objectif est d’économiser deux milliards d’euros sur dix ans. Les détails de la réorganisation de l’armée seront dévoilés d’ici la fin 2024.
Le porte-parole du gouvernement grec, Pavlos Marinakis, a estimé lors d’un point de presse que la réorganisation de l’armée serait « la plus importante jamais entreprise dans l’histoire de l’État grec en matière de défense nationale ».
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Nikos Dendias a également indiqué que les frégates grecques seraient désormais équipées d’un système anti-drone de fabrication grecque, qui a déjà été utilisé contre les rebelles Houthis en mer Rouge.
En avril, le ministre avait déclaré à la télévision privée Skaï que son pays devrait être protégé d’un système antiaérien et devrait se diriger vers la création d’un « dôme anti-drone », comme la Turquie voisine.
Le porte-parole du gouvernement grec, Pavlos Marinakis, a estimé lors d’un point de presse que la réorganisation de l’armée serait « la plus importante jamais entreprise dans l’histoire de l’État grec en matière de défense nationale ».
Le gouvernement turc avait indiqué le mois dernier que ses industries de défense envisageaient la construction d’un « dôme de fer », système de défense anti-missile à l’image de celui qui protège Israël.
Concernant l’armée de l’air grecque, le ministre a déclaré qu’elle allait disposer d’environ 200 appareils, principalement des Rafales français ainsi que des F-16 Vipers et F-35 américains. Quant à la marine, les anciens navires de guerre et sous-marins grecs sont en cours de modernisation.
Athènes envisage une coopération avec les États-Unis pour la construction des frégates lance-missiles de la classe Constellation dans les chantiers grecs, et avec l’Union européenne pour la construction d’une nouvelle corvette patrouilleur.
Membre de l’Otan et comptant environ 10,5 millions d’habitants, la Grèce consacre près de 3% de son produit intérieur brut (PIB) à la défense, l’un des taux les plus élevés parmi ses partenaires européens, invoquant des tensions avec son rival historique, la Turquie, également membre de l’Alliance atlantique.
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Après la crise financière de la dernière décennie et le gel des programmes d’armement, le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis s’est engagé ces dernières années à moderniser les forces armées en signant des accords avec la France, les États-Unis et Israël. L’État grec cherche ainsi à renforcer sa crédibilité auprès des alliés ainsi que ses positions face aux prétentions turques en Méditerranée orientale. En 2021, Athènes a signé un partenariat stratégique avec Paris, débouchant sur des exercices militaires conjoints. Les deux pays se sont entendus sur une clause de défense mutuelle, provoquant l’irritation immédiate de la Turquie.
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