Apocalypse : la guerre froide, 1965-1991

16 octobre 2019

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Mao Zedong et Ho Chi Minh en marge de la bataille de Dien Bien Phu, 1960. Auteurs : CHINE NOUVELLE/SIPA. Numéro de reportage : 00492302_000014

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Apocalypse : la guerre froide, 1965-1991

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Apocalypse, la série de France Télévisions à regarder pour mieux comprendre la guerre froide

Après son documentaire consacré à la Première Guerre mondiale diffusé pour le centenaire de 2018, la série Apocalypse livre une série de cinq épisodes sur la guerre froide, diffusée sur France Télévisions. Les épisodes, de cinquante minutes chacun, balayent la période de 1945 à 1991, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la chute de l’URSS.

Comme souvent, cette série brille par la qualité des archives, toutes colorées, ainsi que celle de l’image (quitte à montrer parfois des scènes très réalistes). On voit les grands acteurs du conflit en action, tels Staline, Mao, Khrouchtchev, Truman, Kennedy, Johnson, ou encore Hô Chi Minh, parfois de très près, ce qui permet de mieux comprendre la manière dont ont été prises les décisions au cours du conflit. Par exemple celui de la guerre au Vietnam, lancée par Kennedy, et accélérée par son successeur soudain, Johnson. Des images rares, telles que l’enterrement de Staline sont montrées.

Les différents facteurs militaires, diplomatiques, politiques, économiques et médiatiques sont bien mis en valeur. Le risque de guerre nucléaire est en permanence rappelé à partir des années 1960. On rappelle aussi le rôle des médias en particulier celui de la télévision est très bien montré pendant la guerre du Vietnam, où elle contribue à forger l’opinion publique américaine contre cette guerre, et ensuite une partie de l’opinion mondiale. Le rôle de la propagande dans les pays communistes est montré à plusieurs reprises, à travers d’intéressantes images d’archives. Par exemple en URSS sous Staline, lorsque pendant la guerre de la Corée il prétend être le promoteur de la paix dans le monde, ou encore Hô Chi Minh, qui à travers de nombreux messages de propagande s’assure le soutien de la population de Corée du Nord.

Une série très centrée sur le Vietnam, au détriment du reste

Mais la qualité du visionnage n’est pas nécessairement associée à celle du contenu. La guerre d’Indochine puis du Vietnam sont omniprésentes, créant une distorsion avec le reste des événements. Le dernier épisode, qui couvre la période 1965-1991, y est presque intégralement consacré, au détriment de tous les autres événements.

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On insiste sur les exactions américaines dans la jungle du Sud Vietnam entre 1965 et 1969, avec une importante série d’images montrant des soldats du Viet Kong gravement blessés par les bombardements. Mais il est peu fait mention des horreurs perpétrées par les soldats du Viet Kong aussi bien à l’égard de sa population que de leurs ennemis américains. Les crimes du communisme sont peu mis en avant. Le documentaire démontre bien les réussites politiques et diplomatiques de Mao et d’Hô Chi Minh, mais, hormis une phrase dans le dernier épisode de la série, le journaliste ne montre aucune image ni ne développe sur les dizaines de millions de morts causés par les deux régimes. De même pour le régime de Pol Pot, qui décime plus d’un tiers de sa population et qui est pourtant à peine évoqué.

Focalisé presque essentiellement sur la guerre du Vietnam, le dernier épisode évoque à peine les causes de la chute de l’URSS, avec des oublis notables, notamment le rôle des chefs d’État, dont l’influence quant à la déstabilisation et à la chute du communisme a été importante. Parmi eux, nous pouvons citer Ronald Reagan par exemple, dont il n’est fait mention qu’une minute au mieux dans le dernier épisode. Citons encore le pape polonais Jean-Paul II et le Premier ministre anglais Margaret Thatcher, dont l’action est mise sous silence.

De plus, alors que le dernier épisode est consacré en principe à la fin de la guerre froide, les événements ayant précipité sa fin, tels les soulèvements en Europe de l’Est sont très rapidement abordés. Les années 1980 auraient mérité un documentaire à part entière pour mieux expliquer comment les peuples sont sortis du totalitarisme communiste.

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À propos de l’auteur
Maximilien Nagy

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