Dictionnaire amoureux du Général

16 juin 2020

Temps de lecture : 3 minutes

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Dictionnaire amoureux du Général

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Denis Tillinac nous propose le Dictionnaire amoureux du Général ; bercé par l’image du grand sauveur de la France, celui-ci nous plonge dans l’étude passionnée de ce personnage doté d’une légende héroïque. Adulé par nombre de ses détracteurs, de Gaulle fut cet homme dont le combat était de défendre une France puissante et souveraine.


 

De Gaulle, héros suprême de Tillinac

Dès son enfance Denis Tillinac, écrivain, ancien journaliste et éditeur, a été biberonné par son père au culte du général de Gaulle, ce héros qui a sauvé la France, puis s’est ensuite retranché dans une capitainerie lointaine qui s’appelait Colombey-les -deux Eglises. En poète et amoureux des chansons de geste, il l’assimilait à Vercingétorix à Gergovie, Roland à Roncevaux, Jeanne d’Arc à Orléans, Bayard à Marignan, puis Henri IV sur son cheval blanc, Bonaparte au pont d’Arcole, les soldats de l’An II à Valmy, les poilus à Verdun.

C’est porteur de cette légende héroïque, qu’il s’est frayé un chemin dans la République des lettres tout en gardant un contact étroit avec le terroir, les paysages de la France profonde, bien loin des salons de la capitale. C’est vrai que la geste de de Gaulle fut grandiose. De Gaulle aura été assurément un chef de guerre et un homme d’Etat parmi les plus grands, comme le jugeait Richard Nixon, qui effectua à Paris son premier voyage à l’étranger sitôt installé à la Maison Blanche.

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Les plus grands fidèles de de Gaulle

Bien de ses critiques les plus acerbes sont devenues, sur le tard, ses admirateurs, comme ce fut le cas du philosophe André Glucksmann ou de l’ancien guevariste, Régis Debray, que Tillinac qualifie de gaulliste posthume et auquel il consacre une entrée. Les compagnons, les collaborateurs, les plus proches et les plus fidèles défilent. Gaston Palewski, le dandy, qui fut le diplomate. Maurice Couve de Murville, qui fut son Ministre des Affaires Etrangères durant dix ans. Le légionnaire, Pierre Messmer, son Ministre de la Défense. Le légiste, Michel Debré, qui mit en place l’ENA, en octobre 1945, à la demande pressante du général, désireux de créer un vivier de hauts fonctionnaires compétents, polyvalents, neutres, s’affranchissant de maintes filiations, destinés à remplacer les cohortes qui s’étaient compromises avec le régime de Vichy. Denis Tillinac qualifie André Malraux de récitant, curieux pour l’homme qui a sacralisé le légendaire gaullisme pour le relier au tragique de la condition humaine, pour l’inscrire dans la communion des insoumis. Le torturé, François Mauriac, un gaulliste qui avait ses doutes et dont de Gaulle aimait les livres. Denis Tillinac cite peu des grands interlocuteurs du général de Gaulle, ceux qui l’ont côtoyé sur la scène internationale. Il y a bien sûr le vieux lion, Winston Churchill son seul alter ego, qu’apparemment tout opposait, dont l’amitié et la fidélité l’un vis- à -vis de l’autre était à éclipses, mais a été solide, leur permettant de vaincre les épreuves d’une période héroïque. C’est pourtant le Rhénan catholique, Konrad Adenauer, qui a été le plus proche de de Gaulle par les convictions politiques et morales, l’engagement pour une Europe qui en fût une, mais leur rencontre politique n’aura duré que quatre années.

Familier de notre histoire, de Gaulle en a d’autant mieux perçu sa vocation missionnaire qu’il était libre de toute attache idéologique. La grandeur qu’il exalte n’est pas l’article d’un credo partisan, ni le reflet d’une mégalomanie. Ne pas confondre la grandeur et la folie des grandeurs. Nul ne fut plus conscient de nos atouts, de nos limites, de nos faiblesses – et doté d’un sens aigu des « réalités » sans lequel, a-t-il souvent répété, aucune politique ne vaut. Nul n’a mieux évalué les pesanteurs géopolitiques, et à quel point la puissance américaine limitait ses possibilités d’action. D’autant que, face au totalitarisme soviétique, il fallait bien que les USA demeurassent nos alliés au sein du camp occidental. A la volonté de puissance des deux blocs, il ne pouvait opposer que cette affirmation obstinée de la grandeur de la France – et souvent il a reconnu avoir multiplié les coups de bluff pour imposer ce credo aux acteurs de l’Histoire.

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À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.
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