<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Des projets pour l’éclatement de la Russie

23 juin 2023

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Des projets pour l’éclatement de la Russie

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L’effondrement de l’empire russe est prédit et anticipé à Kiev. Kyrylo Budanov, le chef des services de renseignement, a ainsi dessiné une carte des nouveaux États qui seraient créés. Anticipation ou géopolitique fiction ?  

Mauro De Bonis

Article original paru dans le numéro de juin de Limes. Traduction de Conflits.

La guerre d’Ukraine a ravivé chez beaucoup le désir jamais assoupi d’assister un jour à l’effondrement définitif de la Fédération de Russie, qu’ils considèrent comme le dernier empire colonial encore debout dans cette partie du monde.

Les partisans d’une telle vision, qui n’est certainement pas nouvelle, ajoutent la défaite prévisible de l’armée de Moscou à la désintégration subséquente du plus grand pays de la planète. Ou bien ils l’inscrivent dans le cadre du déclin inéluctable de la puissance russe, désormais isolée et acculée, assommée par les répercussions des sanctions occidentales et déchirée par des velléités séparatistes internes. De ses cendres pourraient naître de nouvelles entités étatiques totalement indépendantes, ou des parties de l’ancienne domination cédées à des voisins enthousiastes. Parmi les plus fervents partisans de ce dernier scénario figure Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien (Hur), qui s’est fait immortaliser lors de son dernier anniversaire alors qu’il s’apprêtait à découper à la baïonnette un gâteau sur lequel était dessinée une Fédération déjà divisée entre voisins.

Budanov et son gâteau d’anniversaire

Pour les partisans de la désintégration, l’empire russe et les projets d’expansion de Moscou représentent la menace la plus urgente pour la sécurité de la planète, à éradiquer une fois pour toutes. Sans même en arriver à la partition proposée par le général ukrainien, mais en envisageant une décolonisation que l’Occident, États-Unis en tête, doit savoir gérer. Pour eux, inutile de se faire des illusions : la Russie ne parviendra pas à se démocratiser. Il faut donc préparer un plan d’action pour accompagner et amortir les effets de la rupture. Un plan d’action qui tienne compte des intérêts occidentaux lorsque le colosse aura cessé d’occuper une grande partie de l’Eurasie. Il faut achever ce qui a été commencé en 1991 avec la chute de l’URSS, soulignent les plus ardents, oubliant que l’empire soviétique s’est alors suicidé. Une chose qui, cette fois-ci, ne se produira pas et qu’il vaut mieux ne pas faire.

Ils en sont convaincus en Russie, mais aussi en Occident. L’effondrement de la Fédération évoque des scénarios apocalyptiques concernant le sort incertain de l’arsenal atomique de la Russie, d’éventuelles querelles intestines sur les frontières à attribuer, des conflits et l’alternance de dirigeants qui pourraient être encore plus durs que l’actuel. Surtout, souligne une universitaire comme Marlène Laruelle, l’effondrement, pour l’instant improbable, ne résoudrait pas le « problème russe ». Affirmer cela, c’est méconnaître ce qui fait la cohésion de la société russe et les facteurs qui contribuent à l’effondrement incertain du pays. Un nouveau modèle de fédéralisme, mais cette fois-ci authentique, qui envisage la décentralisation du pouvoir, peut cependant être opposé à la désintégration. Un projet moins traumatisant, également lié à l’issue du conflit actuel.

Un démantèlement prévu avant la guerre en Ukraine

Bien avant l’invasion de l’Ukraine, des cartes et des prévisions sur la manière dont la Fédération de Russie pourrait/devrait être divisée ont commencé à circuler en grande quantité, surtout après la fin de l’ère Eltsine et le début de l’ère Poutine. Beaucoup proviennent de sources incertaines, d’autres moins. Au début du siècle, un rapport de la CIA prédisait l’éclatement du pays en plusieurs États d’ici 2015.

Thèses partiellement reprises par des journaux russes comme Moskovskij Komsomolec en 2009 et par un site ukrainien en 2014, qui publiait une carte d’une future division de la Russie avec des territoires qui reviendraient ou deviendraient indépendants et d’autres qui feraient partie d’États voisins, comme la Sibérie qui serait chinoise.

Quelques années plus tard, le politicien russe controversé Vladimir Žirinovsky dénoncera également à la télévision un plan occidental de partition du pays, détaillant ce qui ira à qui.

Puis, une fois le conflit déclenché, l’attention se porte sur le dénommé Budanov. Le chef du renseignement, après la tenace avancée ukrainienne de l’automne dernier, propose deux options sur le sort de la Fédération : la division du territoire ennemi en plusieurs parties ou la préservation de l’intégrité territoriale si les dirigeants russes actuels quittent le pouvoir. Sûr de sa victoire, le général précise que Moscou devra restituer les territoires occupés en Ukraine et ceux qu’elle contrôle dans d’autres pays de l’ex-URSS, comme la Géorgie et la Moldavie. Elle devra abandonner les îles Kouriles pour les rendre au Japon et rendre Kaliningrad à son propriétaire germanique légitime. La République de Carélie pourra rejoindre la Finlande, la Chine revendiquera la Sibérie et l’Extrême-Orient russe, le Caucase redeviendra indépendant sous le nom d’Ičkerija, choisi par la Tchétchénie libérée du joug russe après la première guerre, gagnée, contre Moscou.

Un article intitulé : « Comment la carte politique du monde peut changer après la défaite de la Fédération de Russie. Prédictions et hypothèses Hur » (document en couleur 3). Une copie presque conforme de la carte dessinée au feutre qui, quelques semaines plus tard, est photographiée dans le bureau de Budanov lors d’une interview (feuille de couleur 2).

Celle-là même qui se retrouvera sur le gâteau d’anniversaire en janvier. Dans les deux cas, l’ensemble du district fédéral d’Extrême-Orient et une petite partie du district fédéral de Sibérie sont attribués à Pékin, un district qui, avec l’Oural, une partie du Nord-Ouest et une partie de la Volga, formera une nouvelle et interminable république d’Asie centrale. La nouvelle Finlande comprendra également la République de Carélie et la région de Mourmansk, la Fédération de Russie sera confinée dans le district central avec une partie du Sud, de la Volga et du Nord-Ouest, les îles Kouriles contestées reviendront au Japon. Mais Tōkyō ne sera certainement pas heureux de se retrouver face à un ennemi chinois, plus grand et plus riche, qui se heurtera également aux États-Unis, divisés seulement par le détroit de Béring. Enfin, le district du Caucase du Nord deviendra l’Ičkerija, Kaliningrad redeviendra allemande et l’Ukraine récupérera tous ses territoires.

En fait, ce sera peut-être plus important. L’une des différences notables entre les deux cartes – outre la définition de la future Kaliningrad, « Königsberg et territoires allemands » dans la carte couleur 3 et Frg (République fédérale d’Allemagne) dans la carte couleur 2 – est en fait celle relative aux régions comportant des terres ukrainiennes historiques. Sur la carte en couleur 3, elles sont seulement esquissées, mais semblent rester à l’intérieur des frontières du territoire qui restera contrôlé par Moscou. Sur la carte en couleur 2, le marqueur les attribue directement à Kiev : il s’agit de territoires frontaliers russes, plus précisément des régions de Briansk, Koursk, Orel, Belgorod, Voronež et Rostov, du territoire de Krasnodar et de la république d’Adygea. Au journaliste qui le lui a fait remarquer, Budanov a répondu que chacun voit ce qu’il veut voir, c’est juste le trait du marqueur qui est peut-être trop large. Ou peut-être pas.

Réactions russes

Les réactions d’une partie de la presse russe se limitent à rappeler qui est le chef du Hur : un terroriste et un assassin, responsable du meurtre de civils russes comme Dar’ja Dugina, de l’attentat du pont de Kerč’ et des drones qui ont explosé au-dessus du Kremlin – une thèse en partie confirmée par l’homme lui-même à la mi-mai, lorsqu’il a admis que ses hommes étaient responsables des opérations contre les « propagandistes » russes.

Les gribouillis de Budanov sur la carte ne sont pas de simples gribouillis. Ils doivent être pris au sérieux. Notamment parce qu’ils reflètent le souhait de nombreux Ukrainiens, à savoir l’effondrement inexorable de la Fédération de Russie. Selon le ministre de la Défense Oleksij Reznikov, en accord avec Oleksij Danilov, chef du Conseil pour la sécurité et la défense nationale, cet effondrement peut être observé dans quelques années. Le sentiment commun dans le pays envahi est que la Russie sera vaincue et rendue inoffensive, privée de son empire, qui implosera de toute façon grâce à la pression exercée par les régions et les nombreux groupes ethniques de la Fédération, désormais fatigués d’être soumis à la puissance de Mosc

Même en Occident, le nombre de ceux qui veulent en finir une fois pour toutes avec Moscou ne cesse de croître. Parmi les partisans les plus ardents et les plus écoutés de l’effondrement de la Russie, on ne peut manquer de mentionner Janusz Bugajski, qui, trois ans avant la guerre en Ukraine, expliquait déjà son idée de la dissolution et de la manière de la gérer. Dans les pages de The Hill, l’analyste britannique affirme qu’une Fédération russe en déclin se dirige vers une fragmentation inévitable, motivée par de graves problèmes socio-économiques et des angoisses régionales. Un empire de plus en plus centré sur Moscou et les directives du Kremlin se heurte à la colère des périphéries, qui se sentent spoliées de leur autonomie et de leurs ressources. Des entités déterminées à revendiquer leur souveraineté et avec lesquelles l’Occident doit établir des liens pour les guider pacifiquement vers l’indépendance. Un travail à mener en parallèle avec l’OTAN, qui doit se préparer à gérer les menaces que l’effondrement de la Russie pourrait déclencher.

  1. Bugajski énumère également les nouveaux États qui pourraient naître des cendres de la Fédération et prévient que si l’on néglige ce scénario, les intérêts occidentaux risquent d’être gravement lésés, et qu’il vaut donc mieux gérer que guérir.

Un an après le début du conflit russo-ukrainien et après avoir publié l’essai Failed State : A Guide to Russia’s Rupture, Bugajski revient avec un article enflammé dans lequel il fustige les décideurs occidentaux coupables de ne pas encore être prêts à gérer les effets, négatifs et positifs, du changement capital qui est sur le point de se produire avec le quasi-effondrement de la Fédération de Russie. Et il accuse ceux d’entre eux qui seraient prêts à garantir la sécurité et les frontières de Moscou. Il revient sur les contrastes entre le gouvernement central et les périphéries, sur les éventuelles guerres civiles et sur les différends concernant les frontières intérieures. Et sur le fait que les nouveaux États qui naîtront ne seront plus contraints d’envoyer leurs jeunes hommes mourir pour une Russie désormais contenue et moins redoutée. Mais qu’ils pourront au contraire se tenir aux côtés de l’Occident, prêts à jouer le rôle d’acteur principal en Eurasie avec le double objectif d’attirer à eux les pays d’Asie centrale, plus libres de l’influence russe, et de freiner la course chinoise. Inutile d’espérer que l’après-Poutine puisse rétablir les relations antérieures au conflit ukrainien, ou de croire que l’empire russe est éternel.

Risque d’un événement violent et incontrôlable

Le chœur est rejoint par de nombreux forums dédiés, la presse, les politiciens et les experts. Même le général américain Ben Hodges, ancien chef de l’armée américaine en Europe, prévoit l’effondrement de la Fédération, qui pourrait toutefois se transformer en un événement violent et incontrôlable, de sorte qu’il vaut mieux être prêt à parer aux éventuelles répercussions géopolitiques et à gérer le problème des ogives nucléaires sous le contrôle de Moscou.

L’ancienne ministre polonaise des Affaires étrangères, Anna Fotyga, se dit consciente que la dissolution de la Russie peut comporter des risques, mais qu’ils seront moins critiques que si l’empire de Poutine était encore en vie. Elle évoque des solutions pour parvenir à un effondrement contrôlé et non violent, ainsi que les avantages économiques et sécuritaires pour l’Europe et l’Asie centrale. Ainsi que la création de nouveaux États pro-occidentaux et une liberté retrouvée pour les groupes ethniques qui sont restés sous la tutelle de la Russie jusqu’à présent.

Une décolonisation complète qui, pour la Commission pour la sécurité et la coopération en Europe, une agence gouvernementale américaine dont les membres comprennent des représentants du Congrès et des fonctionnaires de différents départements, devient un « impératif moral et stratégique ». Cela conduira à la fin de l’empire mais aussi de la Russie, qui n’est pas conçue autrement. Et c’est avec cette image que Moscou a d’elle-même et qu’elle n’est pas censée pouvoir/vouloir abandonner qu’il faudra compter. Avec tous les dangers que cela comporte.

Ce dernier concept a été clarifié par le président Poutine lui-même en février dernier, lorsqu’il a confirmé à la télévision que le seul objectif de l’Occident est de rayer la Fédération de Russie de la carte telle qu’elle est aujourd’hui. Un projet étudié et mis par écrit, auquel Moscou sera contraint de répondre de manière appropriée. Un avertissement réitéré dans le concept de politique étrangère approuvé par le chef du Kremlin le 31 mars, où, face à l’hostilité occidentale et aux efforts visant à limiter la souveraineté et à détruire l’intégrité territoriale du pays, la Russie défendra son droit à l’existence par tous les moyens disponibles.

Du cœur de l’empire, des voix s’élèvent contre les hypothèses d’effondrement souvent farfelues en provenance d’Europe et des États-Unis. Les responsables incluent également dans la liste des responsables les nombreux anciens compatriotes libéraux abrités dans le camp adverse et jugent l’ensemble comme une machine de propagande bien huilée. La Komsomol’skaja Pravda n’a aucun doute : les plans de destruction de la Fédération de Russie ressemblent à ceux du Führer et s’ils ne sont pas déjoués, explique l’expert interrogé par le journal russe, ils pourraient conduire à une tragédie bien plus grave que celle qui s’est produite lors de la chute de l’Union soviétique.

Au fond, l’Occident ne comprend pas comment fonctionne notre pays, explique-t-il, où une verticalisation rigide du pouvoir est nécessaire pour développer et maintenir la cohésion d’un vaste territoire, avec une histoire et une culture communes. Il est question de diviser la Fédération en de nombreuses entités dépendantes, mais aussi du danger de porter atteinte à l’intégrité d’une grande puissance nucléaire. Mais il ne faut pas sous-estimer les menaces de division. Ils utilisent ceux qui sont partis après le début des hostilités en Ukraine pour épuiser le pays de l’intérieur, et ils ne s’arrêteront pas. C’est pourquoi nous ne pouvons pas ne pas gagner.

L’analyse proposée par la Novaja Gazeta, qui n’est pas vraiment la publication préférée du chef du Kremlin, et à laquelle le journal russe attribue la responsabilité d’un éventuel futur éclatement, est d’une teneur très différente. Certainement pas à l’Occident, qui n’est pas intéressé par l’effondrement de la Fédération comme il ne l’était pas par celui de l’Union soviétique, compte tenu de l’arsenal atomique dont disposaient les uns et les autres. Les scénarios post-effondrement pourraient être terrifiants, avec des affrontements et des conflits et la fuite conséquente de dizaines de millions de personnes vers l’Europe ; la naissance de nombreux petits fiefs attribués à autant de Poutine féroces, avec une réunification finale qui ne serait certainement pas démocratique. Pourtant, lit-on, aussi catastrophiques que soient ces scénarios, ils sont bien réels compte tenu de l’inadéquation du régime de Poutine.

Une vision très proche de celle de Mikhaïl Khodorkovski, l’oligarque russe en exil convaincu que le monde ne serait pas meilleur sans la Fédération, mais certainement sans la Russie de Poutine. L’ancien dirigeant de Jukos se dit opposé à ceux qui, en Occident, voudraient diviser le pays en de nombreux petits États, parce que ce serait trop compliqué et certainement violent, et que cela laisserait la Sibérie, avec ses richesses, à la merci d’une Chine qui nous contrôlerait alors depuis les sommets de l’Oural. Donc pas d’effondrement, juste une fédération unie, composée d’entités ayant un haut degré d’indépendance par rapport au centre.

La question des nationalités

Les projets, hypothèses et désirs de décoloniser la Fédération de Russie, c’est-à-dire de mettre fin au dernier empire européen, ne tiennent souvent pas compte d’une réalité très complexe et peut-être peu connue en Occident. Le plus grand pays du monde est aussi l’un des moins peuplés, mais sur les plus de 145 millions de personnes qui y vivent, quelque 80 % sont russes. Et sur les 21 républiques ethniques, seules 6 ont une majorité de la nationalité titulaire. Dans certaines, cependant, la nationalité russe est écrasante, comme dans la lointaine Bouriatie, souvent citée par les plus ardents partisans de la désintégration de la Russie comme l’une des premières à vouloir déchirer le contrat avec Moscou. Par ailleurs, les frontières délimitant les entités de l’actuelle Fédération sont souvent le résultat de découpages de la mémoire soviétique. Elles peuvent donc être trompeuses quant au potentiel d’autonomie qu’elles contiennent – comme dans le cas de la république de Carélie, déplacée vers la Finlande sur la carte du général Budanov et donnée par beaucoup d’autres comme un « départ » certain, où en réalité 82% des habitants sont russes avec seulement 7% de Caréliens relégués dans 3 des 17 districts en lesquels elle est divisée21.

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La main de fer avec laquelle Poutine a placé toutes les entités fédérées sous le contrôle strict de Moscou, en commençant par l’expérience tragique des Tchétchènes, a certainement créé un mécontentement dans la périphérie. Le choix guidé des gouverneurs, la répression linguistique, les disparités économiques persistantes entre les régions et le centre, ainsi que l’aventure guerrière et le nombre élevé de soldats tués dans les régions les plus éloignées et/ou les plus pauvres du pays, ouvrent la voie à de nouvelles tensions et à de probables revendications de décentralisation et d’autonomie. Mais, précise Laruelle, les minorités ethniques ne se battent pas pour la sécession et il existe un fort sentiment d’attachement à la Fédération de Russie dans leurs républiques, de sorte qu’elles sont susceptibles de préférer une plus grande autonomie culturelle et politique à la lutte pour l’indépendance. En outre, au cours des vingt années de l’ère Poutine, un système de dépendance financière des périphéries vis-à-vis du centre s’est développé, dont il est difficile de se défaire, et que les épidémies et les guerres ont rendu encore plus rigide, les dettes des entités fédérées envers Moscou ayant augmenté de 32 % depuis le début de l’année 202023.

Les scénarios qui pourraient suivre une dissolution de la Russie restent majoritairement catastrophiques. Outre le sort incertain des milliers d’engins nucléaires, l’élite dirigeante ne laissera guère le pays se faire démembrer sans combattre. Après avoir pris les rênes au début du millénaire et écrasé dans le sang les dernières velléités d’indépendance caucasiennes, Poutine, ou celui qui le remplacera dans le cercle des Keghebistes, ne renoncera pas à l’immensité du pays, pas plus que la grande majorité de la population ne le voudra. C’est en vain que l’on espère la mise en place d’une véritable forme fédérative de gouvernement avec une large autonomie des régions. Peu de signaux nous parviennent des périphéries, entrecoupés par le bruit rassurant des tambours de guerre.

Notes :

 

Kyrylo Budanov fête son anniversaire

  1. M. Laruelle, « La guerre de Poutine et les dangers de la désintégration russe », foreignaffairs.com, 9/12/2022.
  2. A. Osborn, « CIA angers Russia by predicting break-up of state within 10 years », independent.co.uk, 30/4/2004.
  3. D. Sinchenko,  » Expecting World War III : How the world will change « , euromaidanpress.com, 3/9/2014.
  4. «  »Eto Podarok » : Žirinovskij rasskazal, kak Zapad sobralsja otdat’ Ukraine 4 oblasti RF. Video » («  »C’est un cadeau » : Žirinovsky a raconté comment l’Occident donnerait à l’Ukraine 4 régions de la Fédération de Russie. Vidéo »), glavred.info, 6/8/2018.

5) « Kakie territorii riskuet poterjat’ Rossija posle poraženija v vojne protiv Ukrainy » (« Quels territoires la Russie risque-t-elle de perdre après une défaite dans la guerre contre l’Ukraine »), slovoidilo.ua, 1/11/2022.

  1. Ju. Smirnov, V. Kondratova, « Interv’ju, Kirill Budanov : Naši podrazdelenija zajdut v Krym s oružiem v rukakh » (« Interview, Kirill Budanov : Nos unités entreront en Crimée armées »), liga.net, 26/12/2022.
  2. Adnkronos, 16/5/2023.
  3. V. Stojakin,  » Kto ynušil Ukraine mečty o « rasčlenenii Rossii »  » ( » Qui a inspiré les rêves ukrainiens de « démembrement de la Russie » « ), vz.ru, 28/12/2022.
  4. « Reznikov predrek skoryj raspad Rossii na sostavljajuščie časti » (« Reznikov a prédit l’effondrement imminent de la Russie en ses éléments constitutifs »), slovoidilo.ua, 11/7/2022.
  5. J. Bugajski,  » Gérer la dissolution de la Russie « , thehill.com, 9/1/2019.
  6. J. Bugajski, « Les avantages de la désintégration à venir de la Russie », politico.eu, 12/1/2023.
  7.  » Ukraina pobedit, a Kreml’ v krizise : Khodžes nazval tri faktora, kotorye mogut privesti k raspadu  » ( » L’Ukraine va gagner et le Kremlin est en crise : Hodges cite trois facteurs qui pourraient conduire à l’effondrement de la Russie « ), slovoidilo.ua, 14/9/2022.
  8. A. Fotyga, « The dissolution of the Russian Federation is far less dangerous than leaving it ruled by criminals », euractiv.com, 27/1/2023.
  9. A. Vohra, « The West Is Preparing for Russia’s Disintegration », foreignpolicy.com, 17/4/2023.
  10.  » Putin zajavil, čto russkij narod možet ne sokhranit’sja v slučae raspada Rossii  » ( » Poutine a déclaré que le peuple russe pourrait disparaître en cas d’effondrement de la Russie « ), tass.ru, 26/2/2023.
  11.  » Ukaz Prezidenta Rossijskoj Federacii ot 31 marta 2023 goda N. 229 « Ob utverždenii Koncepcii vnešnei politiki Rossijskoj Federacii »  » ( » Décret du président de la Fédération de Russie du 31 mars 2023 n° 229, « Approbation du concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie » « ), rg.ru, 31/3/2023.
  12. V. Alfimov, « Smert’ Rossii : raskryt čudovišnyj plan Zapada po raskolu i umen’šeniju RF v pjat’ raz » (« Mort de la Russie : dévoilé le plan monstrueux de l’Occident pour diviser et réduire la Fédération de Russie par cinq »), kp.ru, 21/2/2023.
  13. Ju. Latynina, « Razval po-putinski » (« L’effondrement de Poutine »), novayagazeta.eu, 21/4/2023.
  14. M. Khodorkovsky, « La Russie après la guerre : unie mais divisible », politico.eu, 17/2/2023.
  15. P. Rutland, « Why pushing for the break up of Russia is absolute folly », responsiblestatecraft.org, 24/3/2023.
  16. A. Gusev, « Why Russia Won’t Disintegrate Along Its Regional Borders », carnegieendowment.org, 20/4/2023.
  17. M. Laruelle, op. cit.
  18. A. Baškatova,  » Regiony okazalis’ večnymi zaemščikami  » ( » Les régions sont d’éternels emprunteurs « ), ng.ru, 21/3/2023.

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Limes est la revue italienne de référence en géopolitique. Fondée en 1993, elle est dirigée par Lucio Caracciolo.

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