<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Corée du Nord : aucun cas, vraiment ?

15 juin 2020

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Des ressortissants étrangers subissent un bilan de santé du coronavirus à Pyongyang, Auteurs : Yevgeny Agoshkov/TASS/Sipa USA/SIPA, Numéro de reportage : SIPAUSA30202979_000001.

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Corée du Nord : aucun cas, vraiment ?

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A bien des égards coupée du monde, la Corée du Nord est-elle également atteinte de l’épidémie ? Il semblerait que la réponse soit positive, ce qui met en avant la question de la gestion de la crise par les autorités et de l’état sanitaire du pays.

« Nous n’avons aucun cas de coronavirus sur le territoire. » Ce haut diplomate nord-coréen est catégorique. Difficile pourtant d’évaluer la réalité de l’épidémie en Corée du Nord. Comment imaginer que ce petit pays de 21 millions d’habitants, pris en tenaille entre la Chine, premier foyer d’infection, et la Corée du Sud elle aussi touchée, puisse échapper au Covid-19 ? Il est vrai que les autorités, alertées par les premiers cas à Wuhan, ont très vite évalué le danger que représenterait une épidémie. La réaction a été précoce : dès le 21 janvier, arrêt des vols internationaux et fermeture de la frontière avec la Chine (celle avec la Russie est négligeable, et au sud, la zone démilitarisée est infranchissable). Un vrai risque pour Pyongyang puisque la frontière septentrionale longue de 1 400 kilomètres est un véritable cordon ombilical par lequel transite l’essentiel des échanges commerciaux avec la Chine. Dès le début du mois de février, des milliers de personnes ont été placées en isolement pour une durée de trente jours. Particulièrement ciblée par ce confinement, la minorité chinoise constituée de commerçants très actifs en lien permanent avec la communauté ethnique coréenne de Mandchourie. Le régime, conscient de la vulnérabilité de son système sanitaire, surtout en dehors de la capitale, n’a pas transigé sur les moyens et demandé à la population « une obéissance absolue » : désinfection des espaces publics, prise de température dans les unités de travail et mise en place d’une communication de crise dans les médias insistant sur les gestes barrière, le port du masque et la distanciation sociale. Cette gestion de crise vigoureuse et méthodique demeure insuffisante. De nombreux témoignages de réfugiés nord-coréens au sud évoquent des foyers de contamination dans les campagnes et même au sein de l’armée. En coulisses, face à un potentiel désastre, Pyongyang s’est donc résigné à demander de l’aide à la communauté internationale. Un premier convoi de matériel sanitaire (antibiotiques, gel, masques, tests, gants, tenues de protection) est ainsi arrivé début avril en Corée du Nord. La décision historique des Nations unies d’accorder – en dépit des sanctions économiques – une dérogation exceptionnelle à MSF, la Croix-Rouge et l’Unicef trahit l’urgence sur le terrain au royaume ermite.

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Des ressortissants étrangers subissent un bilan de santé du coronavirus à Pyongyang, Auteurs : Yevgeny Agoshkov/TASS/Sipa USA/SIPA, Numéro de reportage : SIPAUSA30202979_000001.

À propos de l’auteur
Juliette Morillot

Juliette Morillot

Juliette Morillot est rédactrice en chef adjointe d’Asialyst, Juliette Morillot travaille et voyage en Asie depuis plusieurs décennies. Elle a publié de nombreux ouvrages dont, avec Dorian Malovic, La Corée du Nord en 100 questions (Tallandier, 2016), prix du meilleur livre géopolitique Axyntis/Conflits 2018.
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