Discours de Rod Dreher[simple_tooltip content=’Rod Dreher est rédacteur en chef à The American Conservative, où il tient une chronique quotidienne. Il a collaboré avec le New York Post, la National Review, le Washington Times et il écrit régulièrement pour le Wall Street Journal et Commentary. Il vit à Baton Rouge, en Louisiane. Auteur de quatre essais, il a rencontré un fort succès auprès du public catholique français avec son Pari bénédictin.’][1][/simple_tooltip] à Rome, à la convention National conservatism, le 4 février 2020
Il y a cinq ans, j’ai reçu un appel d’un médecin américain. Il semblait très inquiet. Il m’a dit que sa mère avait émigré de Tchécoslovaquie en Amérique. Quand elle était jeune, elle a fait six ans de prison politique, parce qu’elle faisait partie d’un réseau catholique clandestin de résistance au communisme. La vieille dame, qui vit aujourd’hui avec son fils et sa belle-fille, a dit à son fils : « Les choses que je vois dans ce pays aujourd’hui me rappellent l’époque où le communisme a émergé dans notre patrie. »
Elle parlait de l’intolérance croissante, voire de l’hystérie, de la gauche contre tout ce qui est en contredit leur idéologie. Je savais que le politiquement correct constituait un vrai problème, mais la comparaison me semblait exagéré. Ce n’était qu’une vieille dame effrayée, me suis-je dit.
Mais au cours des années suivantes, j’ai rencontré davantage d’immigrants du bloc soviétique – des hommes et des femmes qui vivaient autrefois sous le communisme, mais qui ont fui vers l’Ouest. Je leur demandais à chaque fois : « Comment appréhendez-vous la situation actuelle ? Est-ce que cette vieille femme tchèque avait raison ? »
À maintes reprises, j’ai entendu la même chose : « OUI ! C’est vraiment en train de se passer, ici, sous nos yeux. Nous le sentons dans notre chair ». Le fait qu’aucun Américain ne les croit les met hors d’eux.
Je comprends pourtant le scepticisme auquel ils sont confrontés. J’étais sceptique aussi quand le médecin m’a appelé pour la première fois. Aujourd’hui, cependant, après avoir interviewé un certain nombre de ces personnes et avoir passé une grande partie de l’année dernière à voyager dans les anciens pays communistes de l’Europe de l’Est pour interviewer des anciens dissidents et des prisonniers politiques, je suis convaincu qu’ils ont raison. Comment ne pas songe à ce que disait Alexandre Soljenitsyne :
« On rencontre souvent ce préjugé tenace : ce ne serait pas pareil ici ; de telles choses seraient impossibles. Hélas, c’est tout le contraire : tout le mal qui a été commis au XXe siècle est possible aujourd’hui et partout. ».
Cela n’est pas seulement possible ici, dans l’Occident libéral et démocratique. Le mal prend forme en ce moment même. Les gens qui ont vécu le totalitarisme communiste essaient de tirer la sonnette d’alarme. Ils essaient de réveiller le reste d’entre nous avant qu’il ne soit trop tard. L’an dernier à Prague, Marek Benda, un homme politique tchèque issu d’une famille dissidente, me disait : « La lutte pour la liberté est toujours nôtre. Une seule génération nous sépare de la tyrannie ».
Lutter contre le nouveau totalitarisme qui vient
La lutte contre ce nouveau totalitarisme est le combat de notre génération. Ce combat a lieu ici et maintenant. Et il ne peut être évité.
Mais avant d’aller plus loin ce matin, définissons notre sujet. Qu’est-ce que le totalitarisme, au juste ?
Dans son célèbre ouvrage de 1951, Les origines du totalitarisme, Hannah Arendt a étudié les mouvements nazi et communiste afin de comprendre pourquoi ils attiraient autant les masses. Le totalitarisme englobe tous les aspects de la vie politique. Il ne cherche pas seulement à obtenir l’obéissance du peuple, il tente de forcer chacun à accepter l’oppression qu’il subit. On nous somme d’intérioriser l’idéologie dominante et de la faire nôtre. Comme l’a dit George Orwell, chacun doit apprendre à aimer Big Brother.
Nombre des conditions qu’Arendt considérait comme le terreau du totalitarisme sont présentes aujourd’hui dans nos démocraties libérales en déclin. Voici une courte liste de ces signes pré-totalitaires que nous pouvons observer aujourd’hui dans notre société :
– Une solitude généralisée et une atomisation sociale ;
– Une perte de confiance dans les institutions et les hiérarchies ;
– Un désir de transgression ;
– La montée en puissance des idéologies dans les mentalités collectives ;
– L’utilisation accrue de la propagande ;
– Le primat de la loyauté – envers une personne ou une idéologie – sur la connaissance objective ;
– La politisation de tous les sujets de société et des pans de l’existence.
Cependant, nous avons selon moi deux choses fondamentales qui nous distinguent de la Russie précommuniste et de l’Allemagne prénazie.
Premièrement, l’idéologie qui nous anime n’est pas le nationalisme raciste ou le marxisme-léninisme, mais plutôt une politique identitaire mondialiste et victimaire, celle du courant autoproclamé de la « justice sociale ». La classe révolutionnaire n’est pas le volk allemand ou le prolétariat international, mais les « marginalisés » et les « opprimés »., sacralisés derrière le statut indépassable de « victime ». Comme le bolchevisme, la justice sociale est un culte politique utopique. On peut lui trouver une ressemblance avec un programme politique, ou bien un système de thérapie managériale, mais la meilleure façon de le comprendre est de le considérer comme une religion séculière, un fanatisme séculier.
Deuxièmement, l’environnement technologique d’aujourd’hui est très différent de celui d’il y a cent ans, lorsque les totalitarismes du XXe siècle sont apparus. La différence la plus importante est qu’aujourd’hui toute la vie et l’expérience humaine se trouvent traduites sous forme de données numériques qui peuvent être stockées, analysées et exploitées par les États et les grandes compagnies comme Google, Amazon et autres. La République populaire de Chine, par exemple, a maintenant les capacités et la volonté de surveiller et de contrôler son propre peuple à un degré dont Mao, Staline et les tyrans totalitaires du XXe siècle ne pouvaient que rêver. Les moyens de l’État et du capitalisme s’hybrident pour donner naissance à une société de surveillance.
La dictature rose
Voici pourquoi beaucoup d’entre nous ont été très lents à apprécier la nature totalitaire du libéralisme contemporain. C’est parce que le totalitarisme émergent ne sera pas une version du sinistre scénario imaginé par George Orwell en 1984. Il ressemblera plutôt à la dystopie alternative imaginée par Aldous Huxley dans Le Meilleur des Mondes. Orwell a imaginé un monde semblable à la Russie de Staline, où l’État contrôle la société par la peur, la douleur et la terreur. En revanche, Huxley a imaginé un monde où l’État contrôle les masses en pourvoyant aux plaisirs et au confort de la population.
Les Occidentaux abandonneront renonceront au pouvoir politique au profit d’un État qui leur promettra de pourvoir à leurs désirs et leurs besoins thérapeutiques ; notamment en maximisant leur liberté sexuelle. Il pourra le faire par le biais d’une version alternative du système chinois de crédit social, où la liberté des citoyens est circonscrite par un algorithme qui récompense et punit les hommes en fonction de leurs croyances, de leurs fréquentations, etc.
Comme dans le Meilleur des Mondes, les valeurs les plus importantes seront la sécurité et le bien-être. Si les libertés religieuses et politiques menacent l’une ou l’autre, elles seront éliminées. C’est déjà le cas dans de nombreuses universités où, comme chez les soviétiques, tous ceux qui s’opposent à l’idéologie dominante sont considérés comme des déviants et des aliénés.
C’est ce que l’essayiste américain James Poulos appelle le « pink police state ». Cette dictature rose – qui implique autant le gouvernement, les institutions universitaires et culturelles que les grandes entreprises – est la forme que prend ce nouveau totalitarisme[simple_tooltip content=’« Aujourd’hui, nous ne sommes pas confrontés au « despotisme doux » que craignait Tocqueville, ou à l’arasement des passions humaines par cette bureaucratie que Nietzsche moquait en l’appelant « le plus froid des monstres froids ». Même si nous avons encore du mal à l’accepter, nous sommes confrontés aux interventions agressives de l’État dans les détails les plus intimes de notre vie quotidienne, l’État se présentant autant comme l’ami de certaines libertés civiles que comme l’ennemi d’autres libertés civiles. », voir James Poulos, « Welcome To The Pink Police State: Regime Change In America », The Federalist, 17 juillet 2014. NB : nous avons fait le choix de traduire « pink police state » par « dictature rose ».’][2][/simple_tooltip].
Comment lui résister ? Une bonne nouvelle pour ce qui nous concerne, c’est qu’il y a des gens qui conservent la mémoire vivante du totalitarisme communiste. Ils ont déjà vu ce genre de choses auparavant. Ils nous avertissent et nous mettent en garde contre le piège vers lequel nous nous dirigeons. Nous devons les écouter.
Vous entendrez aujourd’hui des discours et des débats qui parleront de la résistance en termes politiques. C’est important. Mais commençons par parler de la résistance culturelle, sans laquelle la résistance politique ne peut réussir.
Défendre notre culture
Nous devons d’abord recueillir et défendre notre mémoire commune et notre histoire.
Lorsque les nazis ont envahi la Pologne, leurs plans ultimes n’étaient pas simplement de gouverner la Pologne, mais de détruire la nation polonaise. Les Allemands ont cherché à le faire de la même manière que tous les totalitaires : en contrôlant la mémoire du peuple polonais. Ils devaient faire oublier aux Polonais leur histoire et leur religion.
Un jeune acteur polonais, Karol Wojtyla, s’était engagé dans la résistance patriotique. Mais il n’a pas pris une arme ! Avec ses amis du théâtre, il a écrit et joué des pièces de théâtre sur des thèmes religieux et historiques. Ces événements théâtraux se sont déroulés en secret. Si la Gestapo les avait découverts, tous les acteurs et tout le public auraient été abattus. Wojtyla et sa troupe ont littéralement mis leur vie en jeu pour maintenir vivante l’héritage culturel de leur nation.
Nous devons faire de même à notre époque. Les mondialistes essaient de faire en sorte que les nations aient honte de leur héritage, de la même manière que les communistes l’ont fait pour les masses qu’ils souhaitaient contrôler. Nous devons refuser cela ! Nous ne devons pas croire à ce mythe triomphaliste et présomptueux qui veut nous faire croire que nous vivons un âge d’or, une époque indépassable indépassable qui rendrait notre passé caduc. Au contraire, nous devons regarder ce qui se trouve autour de nous avec gratitude, et cultiver une vraie reconnaissance pour toutes les belles et bonnes choses que nos ancêtres nous ont transmises – et les défendre comme si elles nous appartenaient.
Je dois ajouter que l’idéologie de la société de consommation tente également de nous déconnecter de notre passé. Si nous ne sommes que des individus définis par nos désirs, il est plus facile de nous vendre des choses. Nous, hommes de la Résistance, nous devons déclarer que certaines choses ne sont pas à vendre ! Comme le disait Jean-Paul II, l’homme n’est pas fait pour le marché, mais le marché pour l’homme.
Renforcer nos liens de solidarité
Deuxièmement, nous devons établir et cultiver une réelle solidarité. Je ne fais pas seulement référence au célèbre syndicat polonais Solidarnosc. Je parle de quelque chose de plus intime : ces liens qui se nouent entre des petits groupes de personnes.
Dans chaque pays postcommuniste que j’ai visité, j’ai entendu la même chose de la part des anciens dissidents : les liens de solidarité noués avec les autres leur donnaient le courage de se battre. L’année dernière, j’étais dans une pièce secrète souterraine à Bratislava, où un samizdat catholique a été imprimé pendant une décennie. Mon guide était Jan Simulcik, un historien qui, dans les années 1980, faisait partie de l’organisation clandestine qui distribuait ce samizdat. Il m’a dit que, comme tous les autres membres du mouvement, il avait peur – mais que la profonde camaraderie qui le liait à ses amis lui avait donné le courage de continuer.
Le Dr Vaclav Benda, un héros de la résistance tchèque, a travaillé pour rassembler les Tchèques, et leur rappeler qu’ils formaient un peuple. L’État démoralisait les masses en faisant en sorte que les citoyens se sentent seuls et isolées. Comme le Dr Benda l’a vu, le simple fait de reconstruire une solidarité sociale était contre-révolutionnaire. À notre époque, l’État ne nous oblige pas à choisir la solitude et l’isolement derrière nos écrans ; nous le faisons nous-mêmes. Mais nous pouvons riposter en reconstruisant nos communautés de façon très pratique.
L’humanisme ne suffira pas
Troisièmement, nous devons réinvestir notre religion. Je ne veux pas simplement dire que nous devons aller plus souvent à l’église. Nous devons plutôt être beaucoup plus radicaux que cela. Dans Le pari bénédictin[simple_tooltip content=’Voir Rod Dreher Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus ? Le pari bénédictin, Artège, 2017′][3][/simple_tooltip], j’ai raconté comment saint Benoît de Nursie, ce chrétien jeune chrétien vivant en Italie au VIe siècle, avait répondu à l’effondrement de l’ordre impérial romain en créant une société parallèle dédiée à la prière disciplinée et au service de Dieu. Au cours des siècles suivants, les moines bénédictins ont joué un rôle absolument essentiel dans la reconstruction de la civilisation alors que l’Europe était envahie par les barbares. Mais tout a commencé lorsque saint Benoît a développé un mode de vie véritablement chrétien, qui a pu résister aux tensions extraordinaires du début du Moyen Âge.
Dimanche dernier, j’ai fait un pèlerinage à la grotte de Subiaco où Benoît a vécu seul, en ermite. Pendant trois ans, il s’est adonné à la prière, au jeûne, afin de découvrir la volonté de Dieu. Depuis cette petite cavité dans le flanc d’une montagne esseulé, a poussé une graine de foi qui, au cours des siècles suivants, allait reconstruire toute la civilisation occidentale. Si vous vous sentez impuissant et désespéré, allez à Subiaco et voyez ce que Dieu peut faire avec un seul homme qui place son Amour au-dessus de tout.
Nous vivons aujourd’hui dans une civilisation post-chrétienne. Aussi, pendant qu’il est encore temps, les chrétiens doivent s’engager à créer de nouvelles façons de vivre ces vieilles vérités évangéliques. Tous les dissidents anticommunistes que j’ai interrogés étaient des chrétiens convaincus. Pawel Skibinski, un biographe de Jean-Paul II, m’a dit que l’humanité est « comme un cerf-volant ». Tant qu’il est relié à la terre par une corde, il peut voler très haut. Mais si la ligne est coupée, le cerf-volant tombe au sol.
Nous sommes le cerf-volant. Le fil est notre lien à Dieu. Sans le Dieu de la Bible, nous ne pourrons pas résister au totalitarisme à venir ni à la tentation de céder de mauvaises formes de résistance.
Voici une anecdote qui devrait éclairer mon propos. En 1939, le poète anglais W.H. Auden vivait à Manhattan. Il est allé voir un film dans un quartier de la ville où vivaient de nombreux immigrants allemands. Alors qu’un film d’actualité décrivait l’invasion de la Pologne par les nazis, les spectateurs germanophones se sont levés d’un bond, et ont commencé à crier : « Tuez-les ! Tuez-les ! »
Auden a été profondément choqué par la déconcertante brutalité de ce mal, exhibé sans fard par les sympathisants nazis. Et il a compris qu’un simple humanisme ne suffirait pas à le vaincre. Après cette sombre révélation, Auden est retourné à l’église.
La grande valeur de la souffrance
Enfin, nous devons faire ce qu’il y a de plus contre-révolutionnaire : accepter la valeur de la souffrance. C’est cela qui touche au cœur de l’emprise de cette dictature rose et son totalitarisme thérapeutique.
Si vous n’êtes pas prêt à subir la perte de votre statut social ; si vous n’êtes pas prêt à subir la perte d’un emploi ; si vous n’êtes pas prêt à sacrifier votre liberté – et même votre vie – pour le service de la vérité, alors vous avez déjà cédé au mal. C’est la leçon que nous tirons de la résistance anticommuniste. L’espérance qui animait ces chrétiens était que la souffrance a un sens ultime, si elle est jointe à la passion rédemptrice de Jésus-Christ.
La volonté de souffrir pour la vérité constitue le cœur du dernier message qu’Alexandre Soljenitsyne a adressé au peuple russe à la veille de son exil en 1974, dans un essai intitulé « Ne vivez pas dans le mensonge ! ». Quelques années plus tard, le dissident tchèque Vaclav Havel a exhorté ses lecteurs à « vivre dans la vérité ».
Havel raconte cette fable. Un marchand de fruits et légumes a suspendu une enseigne au-dessus de sa vitrine. Elle dit : « Prolétaires de tous pays, unissez-vous ! ». Le marchand n’adhère pas vraiment à ce mot d’ordre. C’est juste qu’il ne veut pas d’ennuis avec les autorités.
Mais un jour, il retire son enseigne parce qu’il veut vivre dans la vérité. Et il va souffrir à cause de cela, prévient Havel. Il risque de perdre son entreprise. D’être empêché de voyager. Ses enfants ne pourront peut-être pas entrer à l’université. Les épreuves et les peines seront réelles. Mais son acte aura une valeur ultime. L’humble marchand de fruits et légumes aura montré qu’il est possible de refuser de se soumettre aux mensonges officiels. Qu’il est possible de vivre dans la vérité.
La vie de Vaclav Havel, le premier président d’une Tchécoslovaquie libre, et des autres dissidents anticommunistes, montrent que ceux qui sont prêts à souffrir pour la vérité peuvent, en fin de compte, triompher. Très peu de dissidents s’attendaient à ce que le communisme prenne fin de leur vivant. Ils ont résisté au communisme parce que c’était ce à quoi les appelait leur devoir. Qu’en est-il de nous ? Que ferons-nous, à notre époque et à la place qui est la nôtre ?
La dictature rose est plus aimable que ses prédécesseurs totalitaires. Mais son idéologie mondialiste et techniciste n’en est pas moins une menace pour les religions, les familles, les traditions et les peuples. Oui, nous devons la combattre politiquement autant que nous le pouvons, mais nous devons aussi la combattre à l’intérieur de nous-mêmes.
L’exemple du Père Tomislav Poglajen
Je voudrais conclure en vous parlant d’un de ces grands « héros cachés » qui méritent d’être redécouverts. En 1943, un jésuite croate, le père Tomislav Poglajen, organisait la résistance catholique anti-nazie dans son pays d’origine. Lorsqu’il a appris que la Gestapo allait l’arrêter, ce prêtre s’est enfui dans le pays de sa mère, la Tchécoslovaquie. Il a repris le nom de jeune fille de sa mère, Kolakovic, et a commencé à organiser la résistance catholique anticommuniste.
Pourquoi était-il entré en résistance contre les communistes alors qu’il venait à peine de fuir les nazis ?Le père Kolakovic savait que les Allemands allaient perdre la guerre. Mais comme il l’a dit aux jeunes catholiques slovaques qui se sont rassemblés autour de lui, les communistes finiraient par prendre le pouvoir dans leur pays. Et cela, prophétisait-il, signifierait d’horribles persécutions pour l’Église.
Le père Kolakovic n’est pas resté assis, à attendre que les choses se produisent. Il a organisé des cellules clandestines dans tout le pays – des groupes de jeunes catholiques qui se réunissaient pour la prière, l’étude de la Bible et des conférences. Ils ont également appris fondamentaux de la résistance – par exemple, comment survivre à un interrogatoire. Ils ont établi des réseaux de résistance dans toute la région slovaque. Lorsque la dictature communiste s’est installée en 1948, le réseau du père Kolakovic était prêt. Il est devenu l’épine dorsale de l’Église clandestine, qui a été la principale source de la résistance anticommuniste slovaque.
Aujourd’hui, nous attendons un nouveau Père Tomislav Kolakovic – un visionnaire qui sait lire les signes du temps et qui saurait construire les modes de vie et des réseaux capables de résister au mal qui s’annonce.
Mes amis, je vous propose une façon de définir l’espoir : c’est le mariage de la MÉMOIRE avec le DÉSIR. Si nous pouvons nous souvenir de ce que nous avions autrefois, et que nous désirons l’avoir à nouveau, nous aurons quelque chose à espérer. Il n’y a pas de meilleur endroit que Rome pour réfléchir à l’héritage culturel de notre civilisation commune. De la grotte de Saint-Benoît à Subiaco, jusqu’au théâtre caché de Wojtyla sous l’occupation, en passant par la salle de samizdat souterraine de Bratislava – tout cela fait partie de notre mémoire. Que ces souvenirs façonnent nos désirs – pour Dieu, pour la vérité, pour la liberté et pour la paix de nos foyers – et qu’ils fassent naître une résistance joyeuse.
Traduction: Yriex Denis pour Conflits. Avec l’aimable autorisation de Rod Dreher. Les sous-titres sont de la rédaction.