Chine-Ethiopie : un « partenariat à toute épreuve »

3 juillet 2024

Temps de lecture : 11 minutes
Photo : Des représentants du ministère éthiopien de l'Eau et de l'Energie, de l'Université agricole de Chine et de l'Université éthiopienne Wolaita Sodo signent un protocole d'accord lors du lancement du Centre conjoint de recherche et de vulgarisation à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 26 juin 2023. (C) Sipa
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Chine-Ethiopie : un « partenariat à toute épreuve »

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L’influence économique et politique de la Chine en Afrique s’intensifie d’année en année. L’Éthiopie, l’une des priorités de la Chine sur le continent africain, est le pays qui suit de plus près le modèle chinois de développement économique. Après une période de croissance rapide et de transformation économique, le pays fait face aujourd’hui à de sérieuses difficultés financières, un contexte qui pousse la Chine et l’Éthiopie à renforcer leur coopération.

L’influence économique et politique de la Chine en Afrique s’intensifie d’année en année. L’initiative chinoise des Routes de la Soie, avec sa politique de soutien aux grands projets d’investissement, est un levier essentiel de cette montée en puissance en Afrique Subsaharienne et en Afrique du Nord. L’Éthiopie, l’une des priorités de la Chine sur le continent africain, est le pays qui suit de plus près le modèle chinois de développement économique. Après une période de croissance rapide et de transformation économique, le pays fait face aujourd’hui à de sérieuses difficultés financières, un contexte qui pousse la Chine et l’Éthiopie à renforcer leur coopération.

La montée en puissance de la Chine en Afrique et la quête du leadership du Sud global

Depuis 2020, la Chine a adopté un modèle de développement de « double circulation », une stratégie dans laquelle le marché intérieur reste le pôle central de la croissance économique, mais où marché national et marché international doivent se renforcer mutuellement. L’objectif au niveau national est l’autosuffisance en matière de technologie et de ressources ; l’objectif au niveau international est la conquête des marchés des grands pays émergents à forte croissance en Asie, Afrique et Amérique latine. L’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie lancée par Xi Jinping en 2013 est l’un des leviers majeurs de cette stratégie internationale à long terme qui a pour cible prioritaire les pays du sud.

L’Afrique demeure en 2024 la deuxième région au monde à la croissance la plus rapide après l’Asie.

La Chine s’intéresse au continent africain en raison de la taille du marché, de l’abondance des ressources naturelles, et des opportunités nouvelles d’investissement.

À l’échelle mondiale, l’Afrique détient près de 30 % des réserves de ressources minérales, 8 % du gaz naturel et 12 % des réserves de pétrole. Elle est riche de terres arables, eau et forêts. Elle possède 30 % des terres rares au monde, comme le lithium et le nickel, métaux essentiels dans les industries de pointe telles que les semi-conducteurs, les batteries lithium-ion et l’énergie verte. 

La concurrence s’annonce particulièrement féroce entre les grandes puissances pour se partager les marchés et l’accès aux ressources de l’Afrique. Mais tous les pays qui parient sur le potentiel économique de l’Afrique et ses opportunités commerciales et financières n’ont pas les mêmes objectifs ni les mêmes armes. Les États-Unis sont surtout centrés sur les investissements privés et l’accès au marché pour les entreprises américaines, tandis que l’Europe s’attache à l’aide au développement et à la coopération en matière de gouvernance, d’environnement, de commerce et de développement. Dans le cadre des nouvelles Routes de la Soie, la Chine instaure son propre type de coopération, en mettant l’accent sur les infrastructures, l’énergie, l’exploitation minière et les télécommunications. Fortes de leur expérience technique, logistique et financière acquise au niveau des grands projets africains, les entreprises chinoises disposent dans ces domaines d’un avantage compétitif très net par rapport à leurs concurrentes étrangères.

Ces trente dernières années, la collaboration économique entre la Chine et l’Afrique s’est développée très rapidement au niveau des échanges commerciaux, du financement du développement et des investissements étrangers directs (IED).

La Chine s’est imposée comme le premier pays partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne depuis 20 ans. Sa présence progresse également très vite en Afrique du Nord : en Algérie, et Maroc.

La Chine est devenue le premier pays partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne au cours des 20 dernières années. En 2022, l’Angola était le premier exportateur à destination de la Chine (pétrole brut, gaz de pétrole, etc.), suivi par la République démocratique du Congo (cuivre affiné, cobalt, cuivre brut, etc.) et l’Afrique du Sud (or, diamants, platine, etc.). L’Afrique du Sud était le premier importateur de produits chinois (matériel de radiotélévision, ordinateurs, batteries électriques, etc.), suivi par le Nigeria (vêtements féminins non tricotés, chaussures en caoutchouc, matériel de radiotélévision, etc.) et l’Égypte (machines et appareils électriques, fer et acier, fibres textiles synthétiques, etc.). Enfin, les flux annuels d’investissements étrangers directs (IDE) de la Chine progressent continuellement depuis 2003. En 2022, les cinq premières destinations des IDE chinois en Afrique étaient l’Afrique du Sud, le Niger, la République démocratique du Congo, l’Égypte et la Côte d’Ivoire. 

L’Afrique est également une cible privilégiée pour la Chine dans sa quête d’influence politique. La Chine a une diplomatie très active au niveau bilatéral, mais aussi au plan multilatéral avec la création de mécanismes spécifiques comme le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), plateforme d’échange qui structure les relations diplomatiques, commerciales, sécuritaires et financières entre la Chine et les pays africains depuis 2015. 

En comparaison avec l’Europe de l’Est, où la Chine a essayé sans réel succès de développer l’initiative des nouvelles Routes de la Soie, les gouvernements et institutions africains réservent un très bon accueil aux initiatives chinoises. Le soutien financier et technique de la Chine contribue au développement des infrastructures et offre à l’élite politique et au monde des affaires africains une alternative très intéressante à l’offre occidentale. Les grands projets initiés par la Chine confortent le rêve africain et ses perspectives de croissance et de transformation rapides du continent.

L’engagement de la Chine, sur laquelle ne pèse pas le soupçon de néo-colonialisme, l’aide également à se positionner plus avant comme leader du Sud global. Les discussions au sommet des BRICS de 2023 à Johannesburg ont été consacrées à l’objectif de croissance mutuelle accélérée, développement durable et multilatéralisme inclusif. Le sommet a également entériné l’admission de six nouveaux membres, l’Argentine, l’Iran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et deux nouveaux pays africains l’Égypte et l’Éthiopie. La Chine et la Russie y appellent à la dédollarisation, et la Chine développe rapidement l’usage de la devise chinoise, le yuan ou renminbi (RMB), dans ses échanges commerciaux et financiers avec les pays d’Afrique, ce qui pour eux a l’avantage direct d’éviter les pertes de change dans leurs échanges commerciaux avec la Chine. Un certain nombre de pays, dont le Zimbabwe en 2024, ajoutent également le yuan à la liste des monnaies de leur panier de devises étrangères. 

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L’Éthiopie et la Corne de l’Afrique : une priorité géostratégique de la Chine

La Corne de l’Afrique est une région clé pour la Chine, comme pour tous les pays dont le commerce transite par l’axe commercial maritime qui traverse la mer Rouge, le canal de Suez et le golfe d’Aden et qui constitue pour la Chine un passage clé de la « Route Maritime de la Soie ». 

Le port de Djibouti, qui est le principal port de la région, occupe une position stratégique sur le détroit de Bab el-Mandeb, à l’entrée du canal de Suez, et c’est à Djibouti que la Chine a créé en 2017 sa première base navale chinoise à l’étranger. Djibouti accueille également la plus grande base militaire américaine permanente en Afrique, ainsi que les bases militaires de la France, du Japon et de l’Italie. La liberté de navigation dans la mer Rouge est en jeu et l’une des missions des bases militaires consiste à protéger les navires commerciaux des attaques de pirates ou d’autres organisations rebelles comme le groupe yéménite des houthis. Djibouti est aussi le premier port de l’Éthiopie, un pays enclavé.

Forte de près de 127 millions d’habitants en 2024, l’Éthiopie est la deuxième nation la plus peuplée d’Afrique, après le Nigeria.

C’est aussi le plus grand pays de la Corne de l’Afrique, avec une superficie de plus d’un million de kilomètres carrés. En comparaison avec le Nigeria ou l’Angola, l’Éthiopie ne dispose pas de ressources naturelles importantes comme le pétrole et le gaz pour expliquer une forte présence chinoise, mais attire en raison de nombreux autres facteurs géopolitiques.

La relation bilatérale entre la Chine et l’Éthiopie est l’une des plus anciennes priorités de la Chine en Afrique et l’une de ses portes d’entrée en Afrique orientale. C’est en Éthiopie que s’est tenu le premier Forum de coopération sino-africaine en 2003. En 2012, la Chine a financé et construit le siège social de l’Union africaine à Addis-Abeba, un projet à 200 millions de dollars. Lors du lancement des nouvelles Routes de la Soie par Xi Jinping en 2013, la Corne de l’Afrique et l’Éthiopie ont fait partie naturellement des priorités.

Depuis vingt ans, la Chine joue un rôle majeur dans la région en matière d’investissement dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures de transport, des complexes industriels et du numérique. La liaison ferroviaire entre Addis-Abeba et Djibouti, l’un des projets phares des nouvelles Routes de la Soie, financé par la Chine et construit par des entreprises chinoises en 2018, contribue efficacement à la connectivité entre Djibouti et l’Éthiopie.

L’Éthiopie a connu une forte croissance économique depuis une quinzaine d’années avec un taux de croissance moyen d’environ 10 % par an, l’un des plus élevés au monde. Le succès de la politique économique à la chinoise en Éthiopie est devenu ainsi une référence en Afrique pour les pays participants à l’initiative des nouvelles Routes de la Soie.

L’économie de marché « aux caractéristiques chinoises » s’appuie sur plusieurs facteurs des interdépendants dont le rôle central du parti communiste, la priorité donnée aux investissements dans les infrastructures et l’énergie, la mise en place de zones économiques spéciales et le rôle pilote des entreprises d’État. À l’exception du rôle du parti unique, l’Éthiopie a suivi le modèle chinois : priorité aux infrastructures et à l’énergie, création de zones industrielles et aussi délégation de la mise en œuvre des grands projets à des entreprises chinoises. Cela lui a permis de s’intégrer dans des chaînes de valeur mondiales dans plusieurs secteurs comme le textile et la mode, le cuir et la chaussure ou l’horticulture.

Les entreprises chinoises opérant en Éthiopie sont des entreprises d’État très fortes à la fois en Chine et sur les marchés internationaux. Le géant chinois Sinohydro, qui a participé à la construction de deux barrages hydroélectriques dans l’ouest de l’Éthiopie, est présent en Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud. La State Grid Corporation of China (SGCC) qui a construit les 1 136 km de lignes de transport d’énergie éthiopiennes entre le Grand barrage de la Renaissance et Addis-Abeba est présente en Chine, mais aussi aux Philippines, au Brésil, au Portugal, en Australie et en Italie.

Le chemin de fer Addis-Abeba/Djibouti a été réalisé par deux entreprises d’État chinoises : China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC) et China Railway Engineering Corporation (CREC). CCECC, entreprise d’État cotée à la Bourse de Hong Kong et de Shanghai, est le leader mondial en matière de construction de ports, d’autoroutes et de ponts, et de fabrication de grues à conteneurs. Par rapport aux entreprises locales de construction, les entreprises chinoises ont la capacité technique, financière et humaine de mettre en œuvre les projets dans de meilleures conditions de coût et de délais, ce qui ne veut pas dire qu’elles doivent garder éternellement le contrôle des opérations. Entre 2018 et 2024, les deux entreprises chinoises ont formé des milliers de locaux avant de passer le relais à une entreprise locale éthiopienne.

La Chine a accordé entre 2000 et 2022 des prêts d’une valeur globale de 170 milliards de dollars à 49 gouvernements africains, entreprises publiques et institutions multilatérales régionales.

Les entreprises d’État chinoises, en particulier dans le BTP, sont évidemment en mesure d’obtenir rapidement des prêts des établissements financiers chinois, dont la Banque chinoise d’import-export (China Eximbank) qui dépend directement du Conseil d’État chinois. L’Éthiopie arrive ainsi au deuxième rang des bénéficiaires de prêts chinois en Afrique sur la période 2000-2020.

Pays Montant des financements chinois
Angola 42 619
Éthiopie 13 729
Zambie 9 848
Kenya  9 175
Nigeria 6 732

20 premiers bénéficiaires de prêts chinois en Afrique,

2000–2020 (millions de dollars, non ajustés)

Chine-Éthiopie : un « partenariat stratégique à toute épreuve »

Les relations politiques entre la Chine et l’Éthiopie remontent à 1970, avec l’établissement des relations diplomatiques, avec une grande proximité idéologique et une vision commune du développement économique. Depuis lors le vote de l’Éthiopie aux Nations unies a été systématiquement aligné sur la politique chinoise. Les liens restent également solides entre le Parti communiste chinois (CCP) et le Parti de la prospérité en Éthiopie. Par ailleurs, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, consulte régulièrement ses homologues chinois.

Ces éléments ont contribué à ce que l’Éthiopie suive de près le modèle de développement chinois et parie sur le soutien financier et technique de la Chine. Pour autant, la coopération économique entre la Chine et l’Éthiopie se situe plus sur des bases pragmatiques que sur des motifs idéologiques. La convergence d’intérêts entre les deux pays est devenue très forte en 2013, une époque à laquelle la priorité de l’Éthiopie était d’investir dans des infrastructures afin de favoriser la croissance et de réduire la pauvreté, et celle de la Chine de développer des infrastructures, notamment dans les secteurs de l’énergie et des transports, pour renforcer sa présence dans la Corne de l’Afrique.

Le soutien financier considérable de la Chine en faveur du développement des infrastructures éthiopiennes a été une opportunité unique pour le pays, même si l’Éthiopie parallèlement a su obtenir le soutien en matière d’investissements d’autres pays comme l’Inde et l’Arabie saoudite, et celui des établissements financiers internationaux. Au total, la Chine a été le principal bailleur de fonds, représentant plus de 50 % de la dette extérieure de l’Éthiopie, et s’est impliquée très directement dans le choix et la mise en œuvre de la plupart des grands projets.

Les investissements dans les infrastructures, l’énergie, la technologie et la fabrication servent aujourd’hui aussi bien des besoins des entreprises locales, chinoises ou étrangères que ceux des instances régionales ou provinciales. Ils permettent d’envisager une nouvelle étape de développement.  En 2022, le revenu national brut (RNB) par habitant de l’Éthiopie s’élevait à 1 020 USD, mais le pays pourrait entrer en 2025 dans le groupe des pays à revenu intermédiaire avec un RNB par habitant compris entre 1 137 USD et 4 458 USD. 

Mais l’Éthiopie a bien sûr le risque de devenir trop dépendant à l’égard de la Chine en matière de financement, d’exportations ou de technologie. Le pays peut se trouver pris au piège d’une relation patron-client menant à la limitation de sa souveraineté et au clientélisme. En fait l’Éthiopie peut réduire ce risque en diversifiant ses sources de financement et en attirant de nouveaux flux d’investisseurs étrangers. Selon le rapport sur l’investissement dans le monde de la CNUCED en 2023, l’Éthiopie est le troisième État-nation bénéficiaire d’IED en Afrique. Elle a drainé 3,4 milliards d’USD sur l’exercice 2022/2023. La Chine représente encore plus de la moitié des nouveaux projets approuvés, mais la Turquie arrive au deuxième rang des investisseurs, avec 2,5 milliards d’USD, suivis par l’Inde. On compte environ 650 entreprises indiennes en Éthiopie, avec plus de 5 milliards d’USD de placements agréés. Près de 61,78 % des investissements indiens concernent l’industrie manufacturière et l’agriculture.

Les médias occidentaux utilisent souvent l’expression « diplomatie du piège de la dette » pour les pays qui participent à l’initiative des nouvelles Routes de la Soie, comme le Sri Lanka, le Kenya, les Maldives, Djibouti et le Laos. Cette formulation prête à confusion parce que la Chine n’a pas intérêt à mettre ses partenaires commerciaux en difficultés financières. La politique internationale chinoise et le projet des nouvelles Routes de la Soie visent bien sûr à accroître l’influence de la Chine, mais dans cet objectif, la priorité est de pérenniser les projets communs, développer les échanges commerciaux, accéder aux ressources rares et bâtir une coopération politique à long terme. 

Ces dernières années, l’Éthiopie a fait face à une situation dramatique avec une guerre civile qui a duré deux ans au Tigré dans le nord du pays. La guerre s’est terminée en novembre 2022, mais il s’en est suivi une situation de famine aggravée par la sécheresse dans la région. Le gouvernement éthiopien et les établissements financiers chinois dont Exim Bank ne pouvaient sans doute anticiper ces désastres, cependant avaient pris en revanche beaucoup de risques en multipliant les très gros projets simultanés et en étant trop optimistes sur la rapidité des retombées économiques.

Malgré cette situation particulièrement difficile, l’économie éthiopienne a poursuivi sa croissance à un rythme de 6,1 % en 2023, selon les estimations du FMI. Il n’en reste pas moins qu’en décembre 2023, l’Éthiopie a été le troisième État, après la Zambie et le Ghana, à être déclaré officiellement en défaut de paiement. L’Éthiopie a réussi en 2023 à négocier un allégement de sa dette auprès de plusieurs créanciers, dont le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine, qui ont accepté une suspension de la dette dans les conditions du cadre commun de restructuration instauré par le G20. Mais le pays sera sans doute dans l’obligation de dévaluer sa monnaie en 2024 afin d’obtenir un prêt du FMI.

En 2023, la Chine et l’Éthiopie ont annoncé l’élévation de leur coopération au rang de « partenariat stratégique à toute épreuve », venant renforcer les liens politiques et économiques entre les deux pays dans une période de tensions mondiales croissantes.

La Chine utilise cette formulation (en anglais « all-weather strategic partnership ») dans sa politique étrangère avec ses plus proches alliés, comme le Sri Lanka (2014), le Pakistan (2018), la Biélorussie et le Venezuela (2023), la Hongrie, l’Ouzbékistan et le Pakistan (2024). On peut en tirer les conséquences suivantes : l’Éthiopie soutiedra la politique chinoise à l’international en particulier au niveau des Nations Unies et de l’Union africaine, tandis que la Chine fournira à l’Éthiopie l’aide nécessaire à la reconstruction d’après-guerre et participera à l’allégement du poids de sa dette extérieure.

Historiquement, l’Éthiopie a été le seul État à éviter la colonisation européenne grâce à ses efforts de modernisation, sa résistance militaire, mais aussi à une diplomatie assurant un certain équilibre vis-à-vis des puissances étrangères. Le gouvernement éthiopien se doit de montrer aujourd’hui la même résilience, préserver l’unité du pays et protéger les intérêts nationaux éthiopiens, tout en continuant de poursuivre des objectifs économiques ambitieux. 

On peut donc parler de dépendance mutuelle entre la Chine et l’Éthiopie : l’Éthiopie a besoin de la Chine pour surmonter ses difficultés actuelles et poursuivre son objectif de développement économique accéléré, et la Chine a besoin de l’Éthiopie pour assurer la stabilité de la Corne de l’Afrique et accroître son influence en Afrique.

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À propos de l’auteur
Jean-Paul Larçon

Jean-Paul Larçon

Professeur émérite de stratégie à HEC Paris
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