Chemins de France. Saint-Malo

7 décembre 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Le château de Saint-Malo © Guillaume Piolle CC by 3.0

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Chemins de France. Saint-Malo

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Celui qui avance au bout de la tour Bidouane et pose sa main sur la muraille froide est aussitôt emporté par le vent immortel de l’histoire.

Saint Malo arrive au VIIe siècle sur une île rocheuse juxtaposée à la cité romaine d’Alet, enrichie jadis par un port fortifié. Il y mène une vie érémitique avant d’être élu évêque d’Alet. Après les raids normands, l’évêché se déplace au XIIe siècle sur l’île de saint Malo, considéré comme un saint fondateur de la Bretagne. Les premiers remparts sont érigés en 1144 faisant de la ville nouvelle une place forte. Le 11 mars 1590, Saint-Malo la catholique proclame son indépendance pour devenir la République de Saint-Malo, ne supportant pas l’arrivée d’Henri IV sur le trône. Lorsque le roi abjure sa foi protestante à Saint-Denis, la ville ne tarde pas à revenir dans le giron français en 1594. C’est surtout Louis XIV qui décide de faire de Saint-Malo le rempart principal face à l’Angleterre. Les travaux de fortification et d’agrandissement sont menés par Jean-Siméon Garangeau sous l’œil attentif de Vauban, qui entoure la ville d’épaisses murailles et de forts stratégiques que sont le Petit Bé, le Fort National et plus au large, la Conchée. La machine infernale  imaginée en 1693 par les Anglais, un navire bourré de poudre, s’écrase sur les rochers et ne tue qu’un chat. Il faut attendre la Deuxième Guerre mondiale pour que Saint-Malo tombe avec la France aux mains des Allemands, pour être détruite en quasi-totalité par les Américains. La guerre terminée, Saint-Malo est reconstruite à l’original sous l’impulsion de son maire et ancien ministre d’État Guy La Chambre.

Saint-Malo n’est pas seulement une ville de défense, c’est surtout une riche cité de la mer, d’explorateurs, de corsaires et de Terre-neuvas. C’est ici que naît Jacques Cartier, explorateur du Canada au milieu du XVe siècle et que les navires s’arment vers les Amériques. Les lettres de courses ont été traduites en lettres de noblesse par les corsaires qui en ont fait une cité mythique dans la guerre contre l’Angleterre et la Hollande. Les plus grands d’entre eux, Duguay Trouin et Surcouf ont écrit les pages de la légende navale française. Derrière la tour Bidouane, la statue de Robert Surcouf, sabre à la main, pointe son doigt vers l’Angleterre comme pour montrer le devoir de tout Malouin. Les grands soldats ne doivent pas cacher les grands pêcheurs, partis durant cinq siècles chercher la morue dans les eaux terriblement hostiles de Terre-Neuve.

Forteresse sur la côte sauvage de Bretagne-Nord, Saint-Malo fut le rempart stratégique que les rois ont opposé face aux ennemis du Nord. Mais cette cité de la mer est aussi un lieu d’où l’on part, pour attaquer, explorer, ou s’enrichir.

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À propos de l’auteur
Guy-Alexandre Le Roux

Guy-Alexandre Le Roux

Journaliste

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