Chapellerie Courtois : l’art de se couvrir la tête  

19 juin 2022

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Chapellerie Courtois : l’art de se couvrir la tête  

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Niché au cœur du neuvième arrondissement de Paris, l’atelier Courtois et ses engageantes devantures attirent l’œil. Des chapeaux, des casquettes, des bérets, même les passants les plus indifférents aux couvre-chefs ne peuvent s’empêcher de s’y arrêter quelques instants. L’occasion de redécouvrir un domaine trop méconnu de l’artisanat français.

 « Notre chapellerie a un peu moins de dix ans » maintenant, raconte Marguerite Courtois, à l’origine de cette entreprise si particulière. « Elle est partie d’une rencontre ». Une rencontre avec l’un des derniers chapeliers français. Admirative de cette main de maître, la jeune femme a alors décidé de reprendre en main ce domaine artisanal trop délaissé. Certes, rares sont ceux qui portent des chapeaux aujourd’hui, mais cela ne fait rien. La chapellerie Courtois est décidée à « remettre le chapeau sur le devant de la scène ». « Je lui ai proposé de s’associer, c’est ce qu’on a fait ». Et c’est le début de la chapellerie Courtois. Dès 2014, une boutique est ouverte rue de Babylone, idéalement placée près du Bon Marché.

Un défi : remettre le couvre-chef au goût du jour

 La chapellerie Courtois ne propose pas qu’une simple gamme de chapeaux, mais bien un large panel de toutes sortes d’accessoires destinés à couvrir nos têtes. « On avait à cœur, non de proposer uniquement du chapeau, mais d’être les spécialistes du couvre-chef ». Et il semble que cela soit un défi réussi. Dans l’univers Courtois, on trouve aussi bien des chapeaux que des casquettes, des panamas, des chapeaux de paille, ou des chapeaux de mariage, en un mot, « tout ce que vous pouvez mettre sur votre tête ».

Et ce pour une vaste clientèle, des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, et pour toutes les occasions. La chapellerie produit du prêt-à-porter, mais aussi beaucoup de sur-mesure. D’ailleurs, ce dernier représente une très grosse part de son artisanat. « C’est-à-dire que si vous venez avec une robe corail et que vous dites : ‘je veux un chapeau corail avec un nœud qui aille avec mes souliers’, on vous le fera ». Le chapeau de mariage est l’une des principales réalisations de la maison Courtois. « C’est un très gros boulot, et c’est un savoir-faire quand même très rare et qui demande énormément de minutie ».

Forte de son succès, la chapellerie ne s’arrête pas là, et ouvre deux nouvelles boutiques dans la capitale, dont l’une dans le quartier du Marais. Puis c’est aux endroits prestigieux qu’elle propose ses services, comme des palaces, des maisons de luxe, ou bien des hôtels dans le sud de la France. Marguerite Courtois s’en félicite : « pour nous c’est très chouette, parce que cela met en avant le couvre-chef de manière générale. Si on voit Louis Vuitton défiler avec des chapeaux, on est content ! ». Travailler avec des maisons de luxe demande une grande exigence et une amélioration quasi continue mais, la jeune chapelière nous l’affirme, c’est ainsi qu’on progresse.

Une autre ambition, sur le temps long : pérenniser ce savoir-faire et le transmettre. C’est un véritable enjeu pour la maison Courtois.

Des chapeaux pour tous les goûts

Il faut coiffer les clients en toutes saisons et pour toutes les occasions. Les matières sont choisies avec soin. L’hiver ce sont les feutres. « C’est le chapeau que vous pouvez imaginer dans Le Parrain, ce sont des borsalinos ». Pour la saison froide, les casquettes sont plutôt en laine, ou bien en cachemire. Pour l’été au contraire, le panama est largement réalisé. Marguerite Courtois précise d’ailleurs que, « contrairement à ce qu’on peut penser, le panama ne vient pas du Panama, mais de l’Équateur, c’est une plante qui ne pousse et qui n’est tressée que là-bas ». Les chapeaux de paille sont aussi à la mode pour la saison estivale, comme les casquettes de coton ou de lin. Ce sont des couvre-chefs que l’on peut facilement porter, en vacances comme dans la vie quotidienne. Mais la maison Courtois a tout prévu : pour les cérémonies, ce sont des fibres végétales plus particulières qui sont utilisées, comme le sisal. Des matières qui ressemblent à de la paille plus ajourée, très transparente et très légère. Elle a même une collection faite uniquement de chutes, « un peu comme le petit h d’Hermès », ce qui demande une très grande technicité, « car quand vous n’avez jamais le même morceau, ni jamais la même matière pour inventer un chapeau ou un bibi, il faut faire preuve de créativité et de compétence ».

Et, bien sûr, c’est le travail à la main qui est privilégié. La méthode semble simple : « on travaille sur des formes en bois. On a des centaines de formes. On en choisit une et on l’humidifie ou pas, selon la matière utilisée. Une fois la forme prise, on la laisse sécher, comme un pain que vous mettez dans le four. Puis on le démoule et on le garnit ». Un travail de longue haleine, réalisé par une douzaine de chapeliers.

La chapellerie Courtois propose une collection classique, le chapeau « que vous voyez partout », intemporel, mais tente aussi d’innover, ou en tout cas de viser une certaine originalité, dans la garniture, les formes de l’accessoire, ou bien la matière, en utilisant, par exemple, une paille teinte. Elle tente de faire preuve de créativité, pour « mettre le savoir-faire au service de la modernité ». « C’est un défi de toutes les saisons ».

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Pétronille de Lestrade

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