La stratégie de communication russe en Centrafrique. Communiquer pour masquer ses faiblesses

17 avril 2020

Temps de lecture : 22 minutes

Photo : La propagande de la Russie à Bangui (c) Florent Hivert

Abonnement Conflits

La stratégie de communication russe en Centrafrique. Communiquer pour masquer ses faiblesses

par

Le retour de la Russie en Afrique s’accompagne d’une importante activité de communication qu’il s’agisse de celle des États africains qui comptent sur son aide ou du récit des journalistes occidentaux qui sont fascinés par les correspondances entre l’époque actuelle et celle de la Guerre froide. Les Russes organisent eux-mêmes la mise en scène de ce retour en développant une manœuvre informationnelle mêlant actions de communication positive et actions d’influence et de désinformation, sans qu’il soit d’ailleurs toujours possible de démêler complètement ce qui relève de l’action institutionnelle et diplomatique ou ce qui relève des avatars qui représentent des intérêts privés russes[1] en RCA.

 

Nulle part ailleurs plus qu’en RCA l’appui fourni à ce retour par la communication n’aura été aussi visible et dans ce pays en crise, la France s’est trouvée en première ligne face à une offensive informationnelle russe particulièrement virulente. Directement ciblée, la France a dû élaborer une stratégie de communication réactive visant à rétablir, localement et internationalement, son image salie et diffamée.

Mais cette stratégie de communication russe a-t-elle été efficace et a-t-elle réellement servi les intérêts de la Russie en Afrique ?

UN SURINVESTISSEMENT RUSSE DANS LA FONCTION COMMUNICATION

L’annonce de l’arrivée de la Russie en RCA, consécutif à la rencontre de Sotchi en octobre 2017 entre le Premier ministre centrafricain Simplice Mathieu Sarandji et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, s’est accompagnée d’un important effort des Russes dans le domaine de la communication. Plusieurs arguments ont été mobilisés visant l’opinion publique africaine et occidentale :

  • le rappel que la Russie n’a jamais eu d’Empire colonial en Afrique ce qui l’absolvait de facto de toutes mauvaises intentions ;
  • le rappel de l’engagement soviétique dans les luttes pour les indépendances et la formation des cadres africains pour battre le rappel des fidèles ;
  • l’appel à la mauvaise conscience des Occidentaux sur les crimes de la colonisation qui seraient toujours perpétrés de nos jours sous une autre forme et la volonté de les culpabiliser ;
  • l’image d’une armée russe, héritière de l’Armée rouge, qui serait un rouleau compresseur invincible et apte à défaire le terrorisme en Afrique et toutes les oppressions dont les Africains seraient encore victimes.

Une arrivée en fanfare des Russes en RCA

Fin 2017, l’arrivée des premiers Russes s’est donc faite à grand renfort d’actions de communication. Il suffit de considérer les réalisations les plus visibles et spectaculaires :

  • l’apparition sur les réseaux sociaux de sites pro-russes et franchement antifrançais (Facebook: Soutien à la Russie en RCA, Bangui 24 News, etc. qui se copient les uns les autres) ;
  • la mobilisation de pseudo ONG panafricanistes chargées de chanter les louanges de la Russie et de vilipender la France (Urgences Panafricanistes[2], Aimons Notre Afrique,) souvent créées pour la circonstance ;
  • des actions d’influence (livraison de trampolines, envois d’enfants en vacances en Russie, etc.) ;
  • des annonces (renforcement du partenariat dans le domaine sécuritaire, mais également économique, culturel, académique, etc.).
  • la scénarisation sous forme de kermesses des fins de formation des FACA organisées par des instructeurs russes à Berengo à grand renfort d’effets pyrotechniques, de musique rock, etc. le tout en présence de l’ambassadeur russe, des plus hautes autorités centrafricaines, d’observateurs et de la population locale.

Un effort qui ne s’est pas démenti au fil des semaines et qui a été complété par d’autres actions tout aussi spectaculaires :

  • la création d’une radio (Radio Lengo Songö : « Nouons la solidarité » en octobre 2018) ;
  • des campagnes d’affichage (en faveur de la Radio Lengo Songö ou de l’appui aux Forces armées centrafricaines) ;
  • des campagnes évènementielles (le 25 et 26-08-18 un tournoi de football dit « Coupe de l’espoir » entre les différents arrondissements de Bangui ; 09-12-18 élection de « Miss Centrafrique » ; le 15-12-18 un tournoi de taekwondo, etc.).
  • et la diffusion de films ou de dessins animés vantant par exemple « l’amitié entre l’ours et le lion ».

Ce bouillonnement et cette multiplication d’actions ou d’annonces (souvent à bas coût ou à faible niveau d’investissement humain) ont, dans un premier temps, indéniablement porté. Pour un pays en crise tel que la RCA, prêt à saisir n’importe quelle main tendue, l’annonce d’un nouveau partenariat avec un pays perçu comme puissant et proactif a pu susciter un réel enthousiasme au sein de certaines élites politiques et d’une partie de la population.

Une stratégie de communication agressive et antifrançaise

Dans sa déclinaison pratique, les Russes ont visé spécifiquement la France en privilégiant deux axes d’efforts visant à :

  1. Amplifier le « bruit de fond[3] » du dénigrement de la France en développant systématiquement 9 thèmes récurrents qui permettent de trouver à chaque fois un angle pour s’en prendre à l’action de la France :
  2. Le PR Macron (et ses prédécesseurs) intervient personnellement pour nuire à la RCA ;
  3. La France défend son « pré-carré » qui est sa chasse gardée et veut à tout prix chasser la Russie de RCA ;
  4. La France du deux poids deux mesures dans sa politique africaine (qui aide ses ʺvaletsʺ[4] et punit ceux qui lui tiennent tête) ;
  5. La France manipule les « bandes armées », les pays limitrophes, et utilise des « agents[5] » pour déstabiliser la RCA ;
  6. La France abuse de sa position au Conseil de sécurité pour nuire à la RCA ;
  7. La France entretient et fait durer la crise en RCA pour favoriser ses intérêts ;
  8. La France tient les leviers des institutions qui se penchent au chevet de la RCA (EUTM, DUE, FMI, MINUSCA, etc.) ;
  9. La France est déloyale (« versatile ») complote contre la RCA et veut nuire à l’image internationale de la RCA ;
  10. La France tient l’économie en RCA (y compris grâce au franc CFA) et veut s’accaparer les richesses du pays qui sont indispensables à la survie de son économie[6].
  1. Critiquer en permanence les médias français et singulièrement RFI[7] (souvent qualifiée de « Radio Mille collines »[8]) qui sont décrédibilisés, présentés systématiquement comme étant aux ordres de Paris et accusés de se faire le relai de la politique soi-disant anti-centrafricaine de la France.

Assénés jour après jour, les thèmes présentés et la critique des médias ont visé à « assouplir le terrain » pour affaiblir globalement la position de la France et faciliter le développement de critiques plus ciblées : les « Affaires[9] » qui mobilisent sur une courte période toute la thématique antifrançaise sur un évènement particulier. Des « Affaires » relayées sur tous les supports possibles et qui sont la marque indiscutable d’une action coordonnée (et non un simple agrégat de messages de contestataires individuels).

Coopération entre la Centrafrique et la Russie, nous parlons peu mais agissons beaucoup (c) Florent Hivert

Au-delà de la critique de la France, les Russes, en dénigrant systématiquement le rôle de tous les acteurs œuvrant à la restauration de la paix, du respect du droit et à la reconstruction de l’État ont pris délibérément le risque déstabiliser toute une opération internationale au profit de la RCA.

Lire aussi : Centrafrique : rencontre avec le Père Bernard Kinvi

Des médias locaux subornés, des médias français fascinés et aveuglés

 

Les Russes ont également utilisé des intermédiaires en payant des journalistes locaux[10] ou en mobilisant de soi-disant panafricanistes chargés de chanter les louanges de l’action russe et de décrier l’action de la France et d’autres partenaires de la RCA. Ils se sont également appuyés sur la force de frappe des ʺusines à Trollsʺ du Russe Evguéni Prigojine[11] qui ont multiplié les sites pro-russes ou anti-français. Pour gagner en réactivité et en proximité avec les journalistes locaux, les Russes ont également installé en RCA une cellule dédiée.

Ainsi, localement, dès l’annonce de l’arrivée de la Russie en RCA, la capacité de la PQN locale à rédiger rapidement des narratifs antifrançais crédibles s’est soudainement développée et le nombre des articles antifrançais dans la PQN s’est largement accru. La sophistication de certaines opérations de désinformation, l’apparition de certains angles d’attaque, l’émergence ʺd’Affairesʺ antifrançaises documentées par des pseudo preuves ont tranché avec le style et les capacités connues des médias centrafricains. Le tempo, la méthode, et le mobile qui servaient objectivement les intérêts russes ont désigné clairement une Russie cherchant à dégrader l’image de la France en RCA.

À l’international, cette arrivée spectaculaire des Russes a été complaisamment relayée par les médias français fascinés par le Story Telling habilement orchestrés par la Russie elle-même et par la soi-disant débâcle, sur le continent, d’une France qui serait honnie. Globalement, la stratégie russe a été présentée sans nuance comme imparable et parfaitement efficace. Une Blitzkrieg dont la France – qui n’avait décidément jamais rien compris à la RCA – ne pourrait qu’immanquablement faire les frais : ʺÉchec et mat pour le Kremlin qui emporte la partie[12]ʺ comme l’affirmait catégoriquement Le Point en décembre 2018[13].

Cet angle visant moins à considérer ce que faisait réellement la Russie au profit de la RCA et de rendre compte de l’avancée du processus de paix et de réconciliation que de scruter avec avidité les moindres signes qui montreraient un effondrement de l’influence française dans la région a été un trait marquant du traitement de la situation par les journalistes non-résidents. Ce traitement a été d’autant plus audible que les correspondants français en RCA qui auraient pu contrebalancer ce Story Telling ont fait dans le même temps l’objet d’intimidations voire de menaces. En avril 2018, le journaliste de RFI et France 24 Édouard Dropsy, présenté par les médias centrafricains comme un espion français[14], est obligé, sous la pression, de quitter la RCA. Le 30 juillet 2018, trois journalistes russes qui enquêtaient sur les activités des Wagner[15] russes en RCA sont assassinés. Ces avertissements et ces menaces sur la poignée de journalistes français qui continuent de résider en RCA ont contribué à les inhiber et à les rendre prudents[16].

Lire aussi : Centrafrique, pourquoi la guerre ? Une analyse à chaud, et réussie

Une affiche financée par la Russie, écrite en langue locale (c) Florent Hivert

MALGRÉ TOUT, UNE STRATÉGIE DE COMMUNICATION RUSSE QUI MARQUE LE PAS

Au début de l’année 2019, la stratégie de communication russe se développe donc sans opposition. Le French Bashing bat son plein. En janvier 2019, dans la PQN[17], par exemple, le ratio d’articles antifrançais peut être, certaines semaines, de 1 favorable à plus de 20 défavorables. Malgré tout, la situation va rapidement évoluer en faveur de la France.

L’humiliation comme mode d’action ou comment susciter une réaction de l’adversaire à l’opposé de celle recherchée

Il ne faut pas négliger la part d’orgueil qui existe dans l’élaboration et la conduite de la politique étrangère des nations. Le choix fait par la Russie en RCA d’ajouter à l’effacement de la France son humiliation a été particulièrement mauvais. Au lieu d’adapter sa politique de communication à un objectif local qui aurait été de faciliter et d’accompagner un amenuisement de l’engagement de la France en RCA, la Russie a fait celui de stigmatiser et de salir l’action de la France dans ce pays. Peut-ont y voir un aspect ontologique de la politique étrangère de la Russie vis-à-vis de l’Occident : une volonté de revanche et le désir d’humilier ceux qu’elle considère comme responsables de sa perte d’influence dans le monde depuis la dislocation de l’Union soviétique ? Doit-ont y voir l’application locale – sans tenir compte du contexte particulier de la RCA – d’une directive à portée plus générale qui serait explicite sur les rigidités d’un système russe dont certains louent pourtant l’efficacité et le pragmatisme ? Quoi qu’il en soit, alors que la France avait engagé d’elle-même un retrait de RCA (qui ne valait pas abandon) et était disposée à coopérer avec de nouveaux partenaires, cette position dogmatique a sonné comme une faute et suscité une réaction.

Considérant donc la France comme un adversaire dont il convenait de nier l’action positive, de salir l’image et de limiter, voire d’anéantir la capacité d’action politique dans la résolution de la crise, la stratégie de communication mise en œuvre par la Russie ne pouvait – quasi mécaniquement – que susciter une réaction française.

Susciter l’espoir et l’attente ou comment se faire manipuler par le partenaire centrafricain

Si les médias centrafricains ont marqué un net enthousiasme à l’annonce de l’arrivée de la Russie, de nombreux articles la présentant comme une alternative positive à la France, les Russes ont encore voulu amplifier le phénomène en agissant dans deux directions.

  • Teaser et créer l’espoir: en multipliant les effets d’annonces[18] et en encourageant – ou pour le moins en laissant – les Centrafricains extrapoler sur les futures actions que la Russie mettrait en œuvre en RCA sans nécessairement les démentir ;
  • Dénigrer l’action de la France: en favorisant, développant et professionnalisant une communication antifrançaise très agressive à travers les médias centrafricains ou les réseaux sociaux.

Les Centrafricains qui attendent beaucoup de leurs partenaires auxquels ils demandent de s’engager bien au-delà de ce qu’ils ont promis ont joué sur l’attente qui avait été suscitée. Ils y ont vu également une manière de mettre en compétition les partenaires français et russes, mais au fil des semaines, les exigences et l’impatience vis-à-vis du partenaire russe se sont accrues. Une évolution d’autant plus naturelle que la France étant vilipendée et la Russie portée aux nues, que l’attente vis-à-vis du partenaire slave était forte. Après la demande de création d’une base pour abriter des troupes régulières russes et l’exigence d’un engagement militaire direct de la Russie au côté des FACA[19] pour éradiquer les bandes rebelles et reconquérir les territoires échappant à l’autorité centrale, les Centrafricains ont demandé aux Russes de reconstruire l’économie et de prendre en main le secteur agricole, l’éducation, etc. Au fil des semaines, la déception des Centrafricains a été proportionnelle à l’engouement initial.

Les actions de communication russes – si elles ont eu un fort impact en matière de rayonnement – n’ont pas pu masquer la portée très limitée de leurs réalisations concrètes. Les Centrafricains n’obtenant pas des Russes satisfaction à la hauteur de leurs attentes, la déception a laissé rapidement place à une amertume, voire dans certains cas à de l’hostilité[20]. Dans tous les cas existe maintenant une défiance sur les intentions russes qui ne pourra plus être changée par une simple politique de communication et d’effets de manches.

Lire aussi : Livre. L’explosion démographique en Afrique : enjeu pour l’Europe

De vaillants soldats avec les instructeurs de Berengo (c) Florent Hivert

UNE RÉORIENTATION DE LA STRATÉGIE DE RUSSE QUI SIGNE UN ÉCHEC LOCAL

À l’été 2019, la position de la Russie en Centrafrique a singulièrement évolué du fait en particulier de la réaction de la France, d’un désenchantement des Centrafricains vis-à-vis de la réalité des réalisations concrètes et des objectifs russes, d’une duplicité des Centrafricains, loyalistes et rebelles, qui instrumentalisent la présence russe au profit de leurs intérêts locaux et de la fragilité de l’accord de de paix du 6 février 2019 qui ne peut cacher l’insincérité de beaucoup de ses signataires et dont les résultats sont mitigés.

Dans ce contexte, la Russie a entamé un rapprochement avec la France qui témoigne plus de sa faiblesse que d’une volonté de travailler selon un mode collaboratif sincère. En témoigne en matière de communication que si elle reste élevée, la virulence des médias contre l’action de la France a largement baissé en intensité[21].

Un point d’équilibre gagné activement par la France

En ce qui concerne son action en RCA, la France disposait d’atouts objectifs qui, pour peu qu’ils fussent correctement utilisés, lui donnaient un avantage concurrentiel évident. Les faits sont là : la France est le premier partenaire bilatéral de la Centrafrique et plus encore si l’on tient compte de l’engagement français à travers les organismes internationaux qui aident la RCA (DUE, EUTM-RCA, MINUSCA, et bien d’autres). La France reste en RCA la première puissance en matière de coopération de sécurité et de défense, en matière d’appui à la gouvernance, en matière d’appui budgétaire, dans le domaine économique où la plupart des plus grandes entreprises locales sont françaises (Orange, Total, Bolloré, Castel, etc.), dans le domaine de l’éducation (Lycée français[22], nombre de bourses octroyées[23] au profit d’étudiants centrafricains, formation des professeurs…), dans le domaine de la santé (Laboratoire Pasteur, premier laboratoire d’analyses en RCA), dans le domaine culturel (Alliance française de Bangui) et dans de nombreux autres domaines. Ces activités, quoi qu’en pensent les contempteurs de l’action de la France, permettent à l’État centrafricain d’obtenir des ressources fiscales, aux Centrafricains d’avoir des emplois, d’avoir accès à une meilleure éducation ou à des soins de qualité…

Autant de faits objectifs qui permettent à la France d’alimenter régulièrement sa communication sur des actions tangibles. Dès lors que l’ambassade a pu développer une communication avec un cadencement suffisamment régulier pour créer l’évènement et obliger ses détracteurs à se positionner par rapport à son action, la contre-communication russe reposant essentiellement sur le dénigrement a d’autant plus perdu de sa force que leur propre bilan est mitigé voire médiocre et certainement pas à la hauteur de l’engagement français. Le message russe est devenu moins audible et surtout moins crédible.

Un point d’équilibre atteint par défaut par la Russie

La Stratégie de communication russe a donc failli à trois niveaux et l’a empêché d’atteindre son objectif initial de marginalisation, voire d’éviction de la France.

  1. Une sous-estimation de la réaction française: les Russes ont dans un premier temps développé une stratégie de communication dénigrant brutalement et grossièrement l’action de la France destinée à la mettre rapidement « sur la touche ». Un objectif qui semblait d’autant plus accessible a priori que la France avait pu donner l’impression par l’évolution de sa politique en RCA de ne plus vouloir nécessairement jouer un rôle de premier plan. Malgré ses succès initiaux et dès lors que cet objectif initial n’a pas été atteint du fait de la réaction française, la campagne médiatique antifrançaise a été perturbée et la Russie a dû se placer plus souvent en réaction. Cette stratégie antifrançaise finit par trouver moins d’écho et par s’essouffler.
  1. Une sous-estimation du facteur temps: les mois s’écoulant, la Russie est arrivée au bout de ses possibilités en termes d’effet de surprise et de nouveauté. En arrivant en RCA, les Russes ont beaucoup dénoncé[24], beaucoup promis ou laissé accroire qu’ils feraient. Leurs actions maintenant que l’effet de surprise est passé apparaissent pour ce qu’elles sont : essentiellement cosmétiques. La Russie doit réagir et prouver en actes qu’elle mène une politique positive pour la RCA ce qui la met dans une position moins facile qu’il y a quelques mois.
  1. Des résultats politiques décevants: dans le domaine sécuritaire – qui constitue l’axe d’effort principal de la Russie en RCA – les résultats sont également décevants. Après l’annonce spectaculaire de la signature de l’accord de Khartoum puis de celui de Bangui le 6 février 2019, les résultats tardent à se traduire en actes concrets. La mise en œuvre de l’accord, dont se prévaut la Russie et pourtant soutenue par la communauté internationale est chaotique. Pire, les groupes armés qui se sont vu accorder une reconnaissance et dont les chefs ont eu accès à des responsabilités institutionnelles jouent maintenant sur deux tableaux : ils ont accès à certaines prébendes du pouvoir tout en continuant de freiner le retour de l’administration, de rechigner au déploiement des FDS et à lever des taxes sur la population soumise à leur autorité. Enfin, le PR Touadéra, dans la perspective de la future élection présidentielle (1er tour en décembre 2020) semble vouloir attirer dans l’orbe de son Mouvement Cœurs Unis (MCU) les chefs rebelles pour garantir sa réélection. Il en résulte une grande frustration de ceux qui le soutenaient, qui ont le sentiment d’être les victimes d’un marché de dupe et qui se demandent si l’intervention russe, loin d’avoir réglé la crise, n’en a pas complexifié sa résolution et créé les conditions d’une nouvelle crise à venir qui pourrait être plus dure encore.

Une réorientation de la politique russe vis-à-vis de la France vers un mode plus collaboratif

La Russie est donc maintenant dans une position plus fragile qu’il n’y parait et a besoin de mettre en place une politique plus collaborative avec la France, en particulier, qui dispose d’une vraie crédibilité et de capacités d’action en RCA qu’elle n’a pas.

C’est en ce sens qu’il faut analyser une recherche de plus d’honorabilité diplomatique de la part des Russes qui se traduit, vis-à-vis de la France, par un réchauffement affiché des relations depuis la prise de fonction de l’ambassadeur Vladimir Titorenko à Bangui le 1er mars 2019. Ce dernier cherche à présenter son pays comme une puissance positive, désireuse d’entretenir des relations normales avec les autres puissances et se félicite des actions mises en œuvre par les différents partenaires et institutions œuvrant au relèvement du pays.

Affiche à Bangui (c) Florent Hivert

En ce qui concerne sa communication, la Russie qui voit aussi son action critiquée se pose – comme la France – en victime des mauvais agissements des médias centrafricains. Elle calque sa riposte sur celle de la France en agissant auprès des médias et du Haut conseil de la communication (HCC). Elle exige la publication de droits de réponse et demande la condamnation de certaines publications.

De manière très concrète, la baisse du nombre d’articles antifrançais est flagrante et surtout, pour le moment, on constate l’absence « d’Affaires » aussi virulentes qu’avaient pu l’être « l’Affaire Raineteau » ou « l’Affaire du doigt coupé ». Néanmoins, le « bruit de fond » antifrançais reste important et même s’il n’est pas possible de l’imputer exclusivement à la Russie, on voit bien que la Russie a ajusté sa stratégie. Elle entretient toutefois une pression médiatique suffisante sur la France pour pouvoir reprendre en virulence instantanément (sa capacité de réaction et son opportunisme sont avérés).

À la critique tous azimuts de la France fait place maintenant une tentative de « canaliser » son action vers certains domaines (éducation, justice…) tandis que la Russie s’occuperait de sécurité. Un partage des tâches qui semble être désormais l’objectif immédiat de la Russie en RCA comme s’en faisait récemment l’écho Sputnik[25]

Force est de constater qu’en RCA la Russie a consacré beaucoup d’efforts et de moyens dans le domaine de la communication pour des résultats mitigés :

  • Si l’objectif était de marginaliser la France voire d’obtenir son départ, ce résultat n’a pas été atteint. Au contraire, la France a regagné une position centrale dans le règlement de la crise et les Russes ont besoin de son appui pour la mise en œuvre des accords qui, s’ils ont été inspirés en partie par la Russie, ne sont pas, et c’est primordial, financés par cette dernière.
  • S’il s’agissait d’obtenir l’adhésion des Centrafricains à la politique menée par la Russie en RCA, après un enthousiasme initial, la désillusion est là : peu de réalisations concrètes et des Centrafricains qui tardent à en voir le bénéfice pour leur vie quotidienne et leur sécurité, mais qui voient bien, en revanche, comment la Russie tente d’accaparer richesses et leviers au sein de l’appareil d’État centrafricain pour son propre profit.

Même la signature l’accord de de paix du 6 février 2019 que les Russes présentent comme leur grand œuvre et dont ils aimeraient se voir reconnaitre internationalement l’entier mérite, n’est pas la réussite éclatante qu’ils avaient promise : plusieurs membres signataires de l’accord refusent de l’appliquer, des troubles meurtriers se poursuivent dans certaines villes du pays et l’administration centrafricaine peine à se déployer à l’intérieur du pays. En termes sécuritaires, qu’il s’agisse de l’entrainement ou de l’équipement des FDS, la plus-value apportée par la Russie par rapport à l’action des autres partenaires de la RCA, qu’il s’agisse de la France, d’EUTM ou de la MINUSCA n’est pas démontrée.

Pirogues sur l’Oubangui à Bangui (c) F. Hivert

L’examen des conclusions du sommet de Sotchi Russie-Afrique qui s’est terminé le 24 octobre dernier et qui aurait pu être l’occasion pour la Russie de faire aux Africains des annonces concrètes signant une politique ambitieuse ne dément pas l’analyse qui est faite dans ce document : derrière le succès de l’affichage médiatique[26] les déclarations russes restent imprécises, sans calendrier clair et les quelques annonces concrètes sont étiques. L’appel des présidents africains pour un engagement de la Russie dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel n’a apporté qu’une réponse vague. Dans le domaine économique, la Russie annonce vouloir doubler le volume des échanges commerciaux avec l’Afrique qui était en 2018 de 20 milliards de dollars (dont 40% avec la seule Égypte et largement représentés par de l’armement ) d’ici 5 ans. 20 milliards de dollars, c’est 2,5 fois moins que la France seule,10 fois moins que la Chine et 14 fois moins que l’Europe[27]. Le seul résultat tangible semble être un accroissement des ventes de matériel russe en Afrique subsaharienne[28].

Malgré tous les efforts de la Russie pour glorifier son action et salir la réputation de pays tels que la France, le masque tombe. Le 30 octobre dernier, soit une semaine après la fin du sommet de Sotchi, Facebook annonçait le démantèlement d’une opération de désinformation russe en Afrique. Les comptes, pages et groupes concernés, étaient générés par les fameuses ʺusines à Trollsʺ russes de Prigojine.

Finalement, l’action russe apparait plus anti-Occident que pro-Afrique et ne générant pas d’améliorations notables dans le quotidien des Centrafricains. La manipulation de l’information, le dénigrement de la France, les coups, etc. mis en œuvre par les Russes en RCA ne font pas une vraie politique. À cet égard, l’exemple de la Centrafrique doit donc être regardé pour ce qu’il est : la tentative russe de masquer ses faiblesses en misant sur une stratégie de communication forte et finalement improductive.

Lire aussi : Oublier l’histoire c’est rendre impossible la compréhension du Sahel

Vue de Bangui (c) F. Hivert

Notes :

[1] Lobaye Invest société minière finançant la radio Lengo Songö, SMP Sewa Sécurité, etc.

[2] Stellio Gilles Robert Capo Chichi dit ʺKémi Sébaʺ, activiste condamné en France pour violences et incitation à la haine raciale.

[3] La critique de la France dans les médias centrafricains est ancienne. L’objet de cette critique est de présenter la France comme étant à l’origine de tous les maux en RCA et de dédouaner une classe politique qui assume mal ses responsabilités en matière de développement et de sécurité. L’enjeu est l’adhésion de la population dont des médias – le plus souvent aux ordres – cherchent à canaliser la frustration en orientant la critique vers d’autres responsables que cette classe politique locale.

[4] Au premier rang desquels figure le Tchad.

[5] Par exemple, tous les patrons français des grandes entreprises françaises présentes en RCA sont régulièrement présentés comme étant d’anciens militaires. L’Expansion (08-02-19) : « les autorités françaises ne font qu’envoyer des anciens militaires dans leurs sociétés en Centrafrique en vue d’espionner et d’aider les groupes armés à accomplir leurs objectifs qui sont ceux de tuer, de piller, de violer et voler les biens des populations centrafricaines » ; L’Expansion (18-02-19) : « le chef de la brasserie MOCAF, un ancien officier de la marine française [NdA : il n’a jamais été militaire] » aurait « ravitaillé les séléka de Kouango en carburant, vivres et armes » ; L’Expansion (26-02-19) : « des susurrements résonnent à l’ombre des arbres à palabre du pays au moment où la France place des anciens porteurs de treillis à la tête de ses firmes et institutions sans blâmer la nomination du franco-sénégalais Mankeur Ndiaye [NdA : il n’a pas la double nationalité et est sénégalais] et général français Pascal Champion à la tête de la MINUSCA à quelques mois auquel la France va prendre les commandes de l’EUTM » (Mankeur Ndiaye, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RCA est régulièrement abusivement présenté comme étant un Franco-sénégalais).

[6] L’Hirondelle (21-06-19) : « La France qui, depuis quelque temps a lancé des opérations séduction à l’endroit de la population, à travers la communication de proximité, les aides sociales, le soutien aux FACA, ne veut plus céder un seul millimètre aux Russes. Perdre la RCA c’est perdre un pré-carré indispensable pour la survie de ses nombreuses firmes et entreprises internationales » ; L’Expansion (28-03-19) : « « l’Opération Sanguiris » [sic] menée par 1200 soldats français vise à contrer l’arrivée des Chinois et surtout à contrôler les réserves d’or, de diamant et d’uranium présentes dans le sous-sol de la Centrafrique » et « la France a des intérêts en Centrafrique. Aujourd’hui elle contrôle l’économie centrafricaine ou ce qui en tient lieu. Bolloré à la main sur la logistique et le transport fluvial. Castel règne en maître dans le marché de la boisson et du sucre. CFAO y contrôle le commerce des voitures […] ».

[7] Les exemples sont multiples : Centrafric Matin (17-01-19) : « RFI a joué à la Radio mille collines en RCA » ; Centrafric Matin (21-01-19) : « La radio France internationale (RFI), affiche une haine viscérale contre les forces de défense et de sécurité » ; Adrénaline info (21-02-19) : la France « a mené une campagne de dénigrement pour reprendre le contrôle de la Centrafrique » en utilisant « Radio Mille Colline de RFI » ; Adrénaline info (14-03-19) : « Le mensonge de la France et la mauvaise propagande des médias français RFI, France 24, Jeune Afrique, Le Monde et Le Monde Afrique pour déstabiliser la RCA » ; Adrénaline info (07-05-19) : « la radio Mille colline de RFI commençait à prédire l’échec de l’accord de Khartoum en faisant allusion à la destitution du Président Omar El Bechir comme dans le souci d’inciter les irrédentistes de la nébuleuse séléka à reprendre les hostilités ».

[8] Par association avec la tristement célèbre Radio-Télévision libre des mille collines rwandaise qui en 1994 appelait à éliminer les Tutsis.

[9] « L’Affaire Raineteau », du nom de ce consultant accusé d’avoir soutenu la Seleka, et surtout de s’être impliqué dans l’attaque meurtrière contre l’église de Fatima à Bangui (01-05-2018). Qualifié par les médias centrafricains de ʺmercenaireʺ, de ʺterroristeʺ, ou de ʺgénocidaireʺ, il est également présenté comme un agent des services français (nom de code ʺAlphaʺ) ayant eu pour mission de déstabiliser en RCA qui a permis d’orchestrer une campagne contre les « barbouzeries » françaises en rattachant l’affaire à la thématique de la France qui complote contre la RCA ; ou « L’Affaire du doigt coupé », la révélation par RFI le 21 janvier 2019 d’une enquête de l’ONU « sur des tortures par des hommes armés russes » commises sur un Centrafricain qui a fait l’objet d’une réaction russe à la fois très rapide et élaborée qui la voit développer une communication réactive ayant pour objectif de se dédouaner localement des exactions commises et de désigner la France comme étant responsable des actes de torture et d’avoir organisé une opération pour nuire à la Russie.

[10] Le fait est largement documenté : cf. La Lettre du Continent n° 804 (10-07-19) : « Moscou surfe depuis plusieurs mois sur un ʺsentiment antifrançaisʺ qu’il alimente largement. La Russie continue d’offrir 20 000 F CFA (30) aux journalistes chargés de couvrir un évènement organisé par l’ambassade russe. Un article élogieux est également rétribué, tout comme les éditoriaux ostensiblement antifrançais » ou Panorama de la presse centrafricaine entre pauvreté et politique d’influence, Saber Jendoubi, IFRI (2019) : « La pratique n’est pas nouvelle, mais elle s’est institutionnalisée sous la houlette du conseiller Zakharov : ʺIl est proposé 20 000 F CFA (30€) aux journalistes chargés de couvrir un événement organisé par Moscou. Un article élogieux est également rétribué, tout comme les éditoriaux ostensiblement anti-françaisʺ ».

[11] Oligarque russe également lié à l’action des mercenaires Wagner en RCA.

[12] Patrick Forestier : Centrafrique : comment la Russie travaille patiemment à supplanter la France.

[13] Centrafrique : la main basse de Moscou.

[14] http://lepotentielcentrafricain.com/?p=2630

[15] Wagner : terme générique pour évoquer les agents des SMP russes.

[16] Le 15 juin 2015, les journalistes français de l’AFP Charles Bouessel et Florent Vergnes qui couvraient une manifestation de l’opposition sont interpelés et molestés par la police. Leur matériel est confisqué et restitué plus tard brisé.

[17] Mais la radio et les réseaux sociaux suivent la même pente.

[18] Dans le domaine de l’éducation par exemple comme en témoignent les annonces suivantes : « Centrafrique : la langue russe va revenir dans le programme d’enseignement » (Le Démocrate 10-04-19) ; « L’enseignement de la langue russe est-il une préoccupation de l’heure ? » (Le Citoyen 10-04-19) et « Désormais le russe est enseigné dans les établissements scolaires en Centrafrique » (L’Expansion 11-04-19).

[19] Le déclenchement de « l’Opération Sangarov » comme ont pu le dire avec une pointe d’humour noir certains observateurs (par mimétisme avec « l’Opération Sangaris » menée par la France en 2013-2016).

[20] Les exemples de cette incitation à un engagement militaire et à la déception proportionnelle à l’inaction russe sont nombreux comme on a pu le lire dans la PQN : le 09-01-19 sous le titre « Déjà plus de 1 000 soldats russes en Centrafrique, mais pourquoi faire ? ». le quotidien Médias+  expliquait que malgré « la présence des soldats russes aux côtés des FACA », l’adoption « de l’accord de coopération et d’assistance militaire en la RCA [sic] et la Fédération de la Russie [sic] » et « après la livraison à la RCA de moyens de combat militaires et la formation de 1 500 fantassins » les Russes restent inactifs et « on ne sait pas ce qu’ils attendent pour appuyer leurs frères d’armes centrafricains dans la reconquête des zones perdues par l’État » à moins qu’ils ne pratiquent « le tourisme sexuel et le business de tout » ; non sans demander que « au moins cette présence militaire russe se fasse sentir un peu en termes de protection de la vie des populations centrafricaines » ; le 11-02-19, L’Expansion incitant les Russes à une intervention militaire écrivait : « La Russie aurait déployé 2 500 commandos russes à Berengo » dont la mission est de « contrarier non seulement le plan de déstabilisation d’Emmanuel Macron et d’Idriss Déby son valet, mais aussi celle d’appuyer les FACA dans leur mission régalienne afin de mettre hors d’état de nuire tous les assassins mercenaires et terroristes » ; le 15-03-19 Centrafric Matin écrivait : « nous espérons que l’accord militaire de défense qui a été signé en 2018 entre la RCA et la Fédération de la Russie servira à l’armée russe d’intervenir militairement pour protéger le territoire et les populations en cas d’une attaque quelconque » et de conclure que « les Centrafricains ne réclament que la paix, rien que la paix, en espérant sur [sic] Poutine et la Russie. La Russie ne doit pas décevoir l’espoir que les Centrafricains placent en elle et Poutine » ; le 27-03-19 L’Expansion écrivait : « la fin de la crise centrafricaine s’approche. Poutine a décidé et sa prise de position inquiète actuellement la France pillarde et selekiste. Faustin Archange Touadéra à travers le gouvernement pourrait demander au président russe, Vladimir Poutine de passer à 3500 soldats russes en Centrafrique, ce serait encore pacifier définitivement notre pays » ; le12-04-19 Centrafric matin sous le titre : « Où en sommes-nous avec l’accord de défense signé entre la Russie et la RCA qui empêchait le France de dormir » expliquait que « les Centrafricains se posent la question de savoir, où est passé l’accord de défense signé entre la Russie de Vladimir Poutine et la République centrafricaine de  Faustin Archange Touadéra ? À quoi servait cet accord qui a empêché certaines autorités françaises, dont le Président Emmanuel Macron, les ministres Jean Yves Le Drian et Florence Parly, ainsi que Laurent Fabius de fermer les yeux pendant la nuit ? » car « les tueries, les incendies de maison et villages se poursuivent allègrement sous la barbe de la Russie qui ne tousse plus. Macron, Le Drian, Parly et Fabius peuvent maintenant dormir comme bon leur semble, puisqu’ils ont gagné la partie ». Et de conclure que « il n’y a pas de paix deux mois après la signature » et que « aucune défense n’est apportée par la Russie au peuple centrafricain » ; le 01-04-19 Le Citoyen écrivait : « il y a risque pour la RCA de cesser d’exister comme nation, si la Fédération de Russie ne se décide pas à débarrasser la RCA de ces vermines étrangères », etc.

[21] La date du quarantième anniversaire de la chute de Bokassa (21-09-79) n’a pas, par exemple, été exploitée pour dénoncer les supposées habituelles turpitudes de la « Françafrique » comme cela aurait été immanquablement le cas quelques semaines auparavant.

[22] Où la majorité des élèves sont Centrafricains.

[23] 180 bourses en 2019 (environ 10 de plus chaque année depuis 5 ans).

[24] La même technique de dénigrement de l’action des différents partenaires qui contribuent à la remontée en puissance des FDS est d’ailleurs utilisée. À Berengo lors des cérémonies de fin de formation des FACA, les Russes présentent un spectacle à grand renfort d’effets pyrotechniques et de musique, une kermesse destinée à impressionner les spectateurs. Dans le même temps, ils expliquent complaisamment aux Africains de la sous-région présents que les Russes forment des soldats aptes au combat quand EUTM forme des agents de maintien de la paix inaptes au combat.

[25] https://fr.sputniknews.com/afrique/201907091041627678-rca-paris-prend-la-tete-de-lamission-de-leutm-sur-fond-de-rivalite-avec-moscou/

[26] Une quarantaine de dirigeants africains invités le rappel de la signature de 27 accords de coopération de défense depuis 2010.

[27] En 2018 : 54 milliards de dollars avec la France, 200 milliards de dollars avec la Chine et 275 milliards de dollars avec l’Europe.

[28] https://www.defenceweb.co.za/daily-news/international-news/russia-records-1-billion-in-military-orders-from-africa-over-the-last-six-months/

Mots-clefs :

Temps de lecture : 22 minutes

Photo : La propagande de la Russie à Bangui (c) Florent Hivert

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !

À propos de l’auteur
Florent Hivert

Florent Hivert

Florent Hivert est officier dans l'armée de terre. Il travaille dans le secteur de la communication.

Voir aussi

Pin It on Pinterest