<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Cartels au Mexique : vers une intervention militaire des États-Unis ?

16 novembre 2023

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Une équipe d'intervention spéciale américaine en pleine opération. (c) wikipédia

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Cartels au Mexique : vers une intervention militaire des États-Unis ?

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La primaire républicaine pour l’élection présidentielle américaine de 2024 est l’occasion d’une surenchère dans l’annonce de recours à des moyens militaires contre les cartels de drogue mexicains.

Article paru dans le numéro 48 de novembre 2023 – Espagne. Fractures politiques, guerre des mémoires, renouveau de la puissance.

Il convient d’emblée de distinguer assez nettement le sujet de l’immigration et celui du trafic de drogue : car, si le premier est l’occasion de conflits frontaliers entre le Mexique et les États-Unis – et, en particulier, l’État du Texas – aucun élu ni candidat américain n’envisage de le régler par une intervention armée au Mexique. Il s’agirait, tout au plus, de protéger les frontières nationales. Or, dans le cas de la lutte contre les fameux cartels de drogue mexicains, c’est bien une intervention militaire extérieure que de plus en plus de responsables républicains appellent de leurs vœux.

C’est que le Parti républicain s’est, depuis la présidence de Donald Trump, saisi du sujet des opioïdes en général, et plus particulièrement du fentanyl, tant la drogue et les opioïdes ravagent la population américaine. D’après le National Institute on Drug Abuse, en 2021, ce sont 106 000 personnes qui sont décédées de surdose aux États-Unis, et sur ces surdoses, 70 000 étaient dues aux opioïdes – à titre de comparaison, la France n’atteint pas la barre des 1 000 surdoses annuelles.

Menace sur l’Amérique

Or, la crise des opioïdes a particulièrement frappé les États du sud et du Midwest, c’est-à-dire des territoires républicains – même si les États de New York ou du New Jersey sont eux aussi lourdement touchés. La question de l’origine de la politisation de ce sujet reste posée, mais ce qui est certain, c’est que d’après un sondage Axios-Ipsos conduit en février 2023, lorsque l’on demandait aux Américains quelle était la principale menace pour la santé publique de leur pays, la majorité (37 %) des sympathisants républicains considéraient qu’il s’agissait des opioïdes, là où la majorité (35 %) des répondants démocrates désignaient pour leur part les armes à feu.

Les opioïdes ont la particularité d’être des médicaments et donc a priori une legal drug (le mot drug désignant en anglais autant les drogues que les médicaments) : cependant, une large part de la consommation de ces produits est désormais effectuée hors de toute prescription et de tout contrôle médical, et la production a elle aussi échappé en bonne partie au circuit légal. Or les réseaux de production et d’acheminement d’opioïdes illégaux vers les États-Unis ont une origine bien identifiée : le Mexique.

Dans ces conditions, de plus en plus d’élus républicains avancent, et ce en pleines primaires pour l’élection présidentielle de 2024, l’idée d’une solution militaire. Ainsi, le gouverneur de Floride Ron DeSantis – principal candidat aux côtés de Donald Trump – a déclaré lors du débat du 26 août qu’il n’hésiterait pas à désigner les cartels comme des organisations terroristes et, surtout, à envoyer des forces spéciales au Mexique même pour les combattre. Quant à Donald Trump, il a lui aussi annoncé vouloir inscrire les cartels sur la liste des organisations terroristes, et envisagerait d’après plusieurs sources journalistiques américaines des actions militaires au Mexique. Cette idée d’une résolution du problème semble partagée par une bonne part des élus républicains avec, en toile de fond, le think tank républicain Center for Renewing America, qui a publié en octobre 2022 une note préconisant l’usage de l’armée américaine contre les cartels et ce y compris au Mexique, et y compris sans l’accord du gouvernement mexicain ; et cette note a été signée par Ken Cuccinelli, un ancien membre de l’administration Trump et désormais soutien de Ron DeSantis.

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Interrogé lors de sa conférence de presse du 28 août dernier sur cette efflorescence de déclarations martiales, le président mexicain André Manuel Lopez Obrador, qui a déjà signifié par le passé que le Mexique n’entendait pas faire appel aux forces militaires américaines afin de combattre les cartels, a préféré minimiser le sujet en évoquant une simple course à l’échalote électorale. Cependant, il arrive que les promesses électorales soient tenues.

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À propos de l’auteur
Lucas Favre

Lucas Favre

Journaliste indépendant

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