[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Ce texte a été publié dans le numéro 12 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici. Les pages 69 à 72 sont en libre téléchargement ci-dessous.[/colored_box]
Alain Juillet, ancien haut responsable à l’Intelligence économique auprès du Premier ministre, plaide pour une meilleure diffusion de la géopolitique au sein des entreprises, condition indispensable à leur survie dans une économie mondialisée. Puis le nouveau directeur général de Paris Region Entreprises fait un point post-Brexit et ouvre de nouvelles perspectives pour l’attractivité de Paris Région. Par David Simonnet
Comme le rappelle une note de l’Institut de l’Entreprise (« Le retour du risque géopolitique » par Thomas Gomart, février 2016), réduire les incertitudes passe par l’intégration des risques géopolitiques à toutes les étapes des projets d’une entreprise. Dès lors que penser du vote du Brexit et de l’élection de Donald Trump ? Le premier est autant un vote contre l’Union européenne que contre la mondialisation. Cette attitude de repli dépasse les particularités du seul cadre insulaire du Royaume-Uni ; le vote Trump aux États-Unis s’analyse ainsi comme un Brexit à l’américaine !
Ces deux événements sont l’expression d’une défiance croissante de la part des peuples face aux dirigeants politiques, mais aussi d’une conception exiguë de l’entreprise qui limite ses ambitions au profit à court terme. Une conception étriquée: c’est la profonde conviction que partage avec nous Alain Juillet. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de recevoir cette leçon de la part d’économies libérales.
En même temps, ces événements aggravent l’incertitude. Dans l’immédiat, on constate une plus grande volatilité sur le marché des changes et sur les taux d’intérêt. Le dollar, dopé par les anticipations de hausse de taux et du grand programme de relance de Trump, se renforce. Au contraire, la livre sterling s’est affaiblie. Le Brexit et l’élection de Trump sont le fruit d’une spirale déflationniste de la confiance qui se conjugue désormais avec un retour des taux de change au coeur de la bataille de la compétitivité-prix des puissances économiques. Ce contexte est peu propice à l’investissement et plaide pour un véritable choc de l’offre en France. C’est autant un défi économique que géopolitique pour préserver les activités industrielles qui participent à notre indépendance.
Ces deux événements marquent aussi le retour des frontières comme l’acteur régulateur des rapports de force économiques. Le 21 novembre 2016, Donald Trump a confirmé qu’il engagerait le retrait des États-Unis du traité commercial transpacifique (TPP)… dès le premier jour de son mandat : « À la place, nous négocierons des traités commerciaux bilatéraux et justes qui ramèneront les emplois et l’industrie sur le sol américain.»
Les frontières n’avaient donc pas disparu. Elles avaient été occultées par une représentation de la mondialisation conçue comme une dynamique effaçant les logiques de puissance associées à la géographie. Nous sommes dans un cycle de redécouverte des frontières. De l’Union européenne, des nations, et aussi de l’entreprise.
David Simonnet
David Simonnet est PDG du groupe industriel Axyntis qu’il a créé en 2007. Diplômé de l’Essec (1993), il a poursuivi ses études en histoire (Paris IV), en droit (DEA, Paris XIII) et en économie (DEA, Paris Dauphine) et enseigne à Paris I Panthéon-Sorbonne la création et la gestion d’entreprise, après avoir enseigné en classes préparatoires ECS dès 1991. En 2016, il a publié Les 100 mots de l’entreprise dans la collection « Que sais-je ? » aux PUF. Il est membre du jury du prix Anteios du livre de géopolitique, de l’Institut de l’Entreprise, vice-président de Polepharma, administrateur de Paris Région Entreprises et d’Essec alumni.
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