Brésil : les flammes aux portes de São Paulo

29 août 2024

Temps de lecture : 10 minutes
Photo : Figure 1: Localisation des incendies détectés par satellite durant la journée du 24-25 août 2024 (source FIRMS/NASA)
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Brésil : les flammes aux portes de São Paulo

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Le Brésil est en flammes. Les incendies sont aux portes des grandes villes, des milliers d’hectares sont détruits. Analyse d’un phénomène environnemental et médiatique.

Le Brésil est de nouveau en flammes. À ce jour, quarante-six villes[1] de l’intérieur de l’État de São Paulo se trouvent en état d’alerte maximale. L’Institut brésilien de recherches spatiales (INPE) vient de sonner l’alarme en comptabilisant vingt-deux mille foyers incendiaires sur l’aire brésilienne depuis début août 2024, soit le pire record enregistré durant les dix-sept dernières années. Outre la forte intensité observée, le phénomène n’a rien de véritablement disruptif si l’on juge sa fréquence sur l’ensemble du massif végétal sud-américain. En revanche, l’usage politico-médiatique des incendies, ainsi que leur zonage géographique, constitue pour ainsi dire une nouveauté qui oblige non seulement à se pencher plus en détail sur les incidents en cours, mais aussi à développer une réflexion sur la matrice conflictuelle sous-jacente.

Figure 1: Localisation des incendies détectés par satellite durant la journée du 24-25 août 2024 (source FIRMS/NASA)

Figure 2: Localisation des incendies relevés par satellite en Amazonie durant la journée du 24-25 août 2024 (source FIRMS/NASA)

État des lieux

Examinons tout d’abord les mesures fournies par les outils de télédétection d’incendie mis en place par l’Institut national de recherche spatiale[2] du Brésil et l’Agence spatiale nord-américaine[3]. 46 512 foyers ont été relevés depuis le 1er août dernier sur l’ensemble du territoire brésilien, répartis en majorité sur la surface des États du Mato Grosso, Pará, Amazonas et São Paulo (figure 3). À l’échelle plus large des pays de tout le bassin amazonien, la fréquence des feux se concentre avant tout au Brésil, au Venezuela, puis en Bolivie et en Argentine (figure 4).

Figure 3: Distribution des incendies détectés par satellite en Amazonie brésilienne (source: BDQueimadas)

L’évolution des incidents observés durant les sept dernières années indique une fréquence particulièrement en hausse pour deux États brésiliens : celui de São Paulo, très densément urbanisé, et celui de Mato Grosso do Sul, avec respectivement 386 % et 605 % de hausse par rapport aux chiffres de 2023. Les autres États brésiliens présentent des évolutions annuelles, soit en baisse, soit en hausse. Le bond quantitatif à São Paulo durant les dernières semaines du mois d’août est réel, bien qu’inférieur aux mesures de janvier 2024 (figure 5). Comparativement, la région méridionale du Rio Grande do Sul, affectée par une inondation de magnitude comparable à celle de Katrina aux États-Unis (2005), affiche un taux stable d’incendie sur le même cycle de sept ans.

4: Répartition des incendies par pays durant l’année 2024

Figure 5: Évolution hebdomadaire des incendies dans l’état de São Paulo durant l’année 2024 (source: BDQueimadas)

Ces mesures corroborent donc l’état d’alerte actuelle, tout au moins dans l’État de São Paulo. On notera, à l’intérieur de ces moyennes tendancielles, que l’année 2019 avait été marquée au fer rouge par le G7 et la presse internationale et que les niveaux de sinistres sont restés relativement au même niveau à l’échelle nationale jusqu’en 2023, puis sont remontés assez nettement à partir de 2024 (+75 % rapport à 2023 et +32 % par rapport à 2019). En comparaison avec la même année 2019 où les tambours informationnels battaient de plein fouet et pointaient la responsabilité de Jair Bolsonaro, alors chef de l’exécutif brésilien, un retrait médiatique étonnant, à la fois local et international, règne en ce milieu d’année 2024 face au même phénomène, ce qui fournit une première clé d’interprétation du panorama conflictuel.

Une piste criminelle qui s’impose d’elle-même

La presse et certains scientifiques ont d’abord pointé le double effet de la sécheresse et des brûlis naturels dans la création de conditions propices à la propagation des feux. Le Centre national de gestion des alertes et désastres naturels[4] a en effet souligné qu’environ mille municipalités ont fait face dernièrement à des situations de sécheresse, sévère ou modérée, dont 60% dans l’aire amazonienne. Il est avéré que le phénomène climatique El Niño a généré des zones de sécheresse dans le centre ouest et au sud-est du pays, en contraste avec de fortes pluies dans le sud. Ce comportement fut bel et bien observé lors des précipitations extraordinaires de Rio Grande do Sul qui eut lieu à la fin avril 2024.

Quant aux brûlis, leur apparition simultanée et coordonnée à grande échelle autour de la capitale économique de São Paulo, écarte d’emblée l’hypothèse d’une origine accidentelle. L’auto-ignition est un processus connu et avéré dans les écosystèmes tropicaux, mais le déclenchement simultané des foyers, reconnu par différents observateurs ainsi que par les autorités gouvernementales, a rapidement donné lieu au lancement d’une enquête judiciaire[5] dans la région de São Paulo. Par ailleurs, différentes vidéos[6] spontanées, postées sur les réseaux sociaux, font état de flagrants délits de mise à feu par des individus non identifiés, selon des critères de véracité toujours difficiles à vérifier. L’une d’entre elles[7] montre néanmoins un véhicule de l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA), suspecté d’opérer de manière irrégulière sur les bordures du fleuve Xingu. D’autres matériaux enregistrés[8] montrent de quelle manière les agriculteurs participent à la réduction du feu avec leur propre équipement, y compris avec l’aviation destinée habituellement au traitement phytosanitaire.

L’arène médiatique

Deux tendances polémiques se dessinent dans l’arène médiatique. L’une pointe assez directement, sans pour l’instant en montrer les preuves tangibles, la responsabilité du secteur agroalimentaire dans la catastrophe, selon un lexique clairement offensif vis-à-vis du grand capital et du productivisme qui lui est associé. Sans trop tarder, l’organisation sociale du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) a pris position[9], en pointant du doigt la non-durabilité de l’agrobusiness, le changement climatique et les déséquilibres environnementaux. Dans différents cas, l’espace politique de Jair Bolsonaro, auquel s’intègre l’actuel gouverneur de l’État de São Paulo, est mis dans la boucle du discours accusatoire, tandis que le rôle du gouvernement fédéral, sur fond de promesses de mesures préventives de lutte contre les incendies lors de la campagne en 2022, est contourné par le truchement du narratif sur les anomalies climatiques, la déforestation ou même sur le bienfait supposé des fumées carbonées sur la végétation. Dans tous les cas, le traitement médiatique est très éloigné, en intensité et en magnitude, de la tonalité offensive dirigée contre Jair Bolsonaro à l’époque de sa présidence.

Dans l’autre camp, les secteurs économiques et une partie de la citoyenneté fustigent les dégâts infligés par les feux aux activités économiques et à l’environnement, ainsi que l’impact sur la réputation des acteurs induit par la polémique autour des sinistres. Il est rappelé que les pires résultats en matière de gestion des feux de forêt sont imputables à l’exécutif actuel, rappelant à juste titre que le budget alloué à la réduction des incendies a été diminué[10] au cours des deux dernières années. Certains producteurs remarquent que l’action de prévention des incendies a été elle-même limitée par l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA) et par les ONG, à travers la sanction des pratiques de nettoyage végétal ou de pompage d’eau pour combattre les feux, ce qui pour eux équivaut à diluer les responsabilités en cas de sinistre. Dans un registre plutôt original, le groupe agroindustriel Moreno a annoncé[11] offrir une récompense de 5 000 euros à tout citoyen capable de transmettre des informations sur les circonstances d’amorçage des feux au sein de son périmètre productif de São Paulo, sans associer cette démarche avec les institutions policières ou judiciaires. À l’heure de finaliser ces lignes, un premier suspect détenu par la police a confié avoir déclenché des incendies[12] dans la municipalité de Batatais pour le compte de l’organisation criminelle du Premier commando de la capitale (PCC[13]).

L’arène politique

Sur le terrain politique, le président Luiz Lula da Silva et sa ministre Marina Silva ont annoncé[14] sans grande surprise la mobilisation de moyens de secours à la hauteur de la crise. Curieusement, l’allusion au mobile criminel des incendies est d’emblée mise en relief, de manière linéaire sensiblement caricaturale, puis mise en relation avec la dynamique du changement climatique : « aucun incendie d’origine naturelle n’a été détecté jusqu’à présent. Cela signifie que les gens ont allumé les feux illégalement dans un contexte où tous les États ont été informés et ont interdit l’utilisation des brûlis. Même les négationnistes ne peuvent plus nier la crise climatique. Nous devons lutter contre le changement climatique avec beaucoup d’intelligence et d’investissements, y compris des fonds provenant des pays les plus riches qui ont déjà dévasté leurs forêts. Cela ne peut pas être uniquement la responsabilité du Sud » déclare[15] publiquement le président Lula da Silva. Le même schéma causal, ancré sur l’argumentaire du changement climatique et non corrélé avec les moyens effectifs de prévention, est similaire à celui qui a été avancé par les autorités lors des méga-inondations qui ont ravagé la province de Rio Grande do Sul en avril dernier.

Analyse

L’analyse d’un tel scénario se heurte inévitablement à l’absence d’une seule et unique responsabilité dans l’origine des incendies. Dans les faits, les mobiles criminels interagissent avec un phénomène d’origine à la fois anthropique et naturelle, dont l’observation dans le temps et dans l’espace fait l’objet d’un suivi scientifique et nous fournit des éléments d’interprétation consistants. Nous avons vu que l’altération climatique, liée au phénomène El Niño, a engendré des anomalies météorologiques susceptibles, soit d’inhiber, soit d’amplifier l’ignition naturelle des écosystèmes tropicaux (forêts et savanes). De la même manière, les actions préventives d’aménagement de l’espace, de normalisation des pratiques de brûlis, de culture et de combat contre la propagation des foyers, ont un impact déterminant sur la maîtrise du risque.

En parallèle du sinistre environnemental, l’observation des arènes politiques et médiatiques a élargi le théâtre conflictuel et nous conduit à reconfigurer la compréhension de la matrice conflictuelle. En premier lieu, nous avons noté que l’affichage volontariste d’une politique de lutte contre les incendies de forêts et de cultures contraste à différents égards avec les approches et les moyens alloués pour mettre cette politique en œuvre. Ce décalage entre les déclarations et les moyens assignés, éludé par les autorités et rappelé à escient par les acteurs productifs dans leur communication de crise, a pointé l’existence d’un double langage de la part de l’appareil institutionnel. Celui-ci ne date pas d’hier et induit, par action ou omission, une réduction implicite de la capacité de maîtrise du risque d’incendie, et donc potentiellement leur amplification une fois que ces derniers ont été déclenchés.

Le façonnement délibéré d’une crise

D’aucuns ont reconnu une action délibérée et coordonnée à l’origine des incendies, au risque de simplifier excessivement la réalité d’un phénomène qui ne relève pas exclusivement de l’intervention anthropique. Un ou plusieurs groupes organisés, pour l’instant partiellement identifiés, ont donc été animés d’une intention délictueuse et l’ont traduite dans l’amorçage artificiel de certains foyers incendiaires. Aucun mobile clairement circonscrit n’a été identifié pour le moment en matière de volonté de destruction ciblée de telle ou telle infrastructure territoriale, si ce n’est le dégât causé à certaines zones cultivées, habitats et exploitations agricoles, par effet de propagation.

Cette absence de mobile identifiable, combiné aux comportements des acteurs que nous avons relevés plus haut, plaide par conséquent en faveur de la création d’un environnement de crise et d’une recherche d’exploitation politico-médiatique de cette dernière. Le contexte géographique d’une telle manœuvre s’y prête particulièrement bien, puisque nous nous trouvons dans l’état de São Paulo, aux portes de la plus grande ville du Brésil. L’action n’est pas sans comporter certains risques politiques, dans la mesure où le gouvernement local et fédéral se retrouvent exposés médiatiquement devant des millions de citoyens dans leur capacité à prévenir et gérer une grave crise environnementale. Le calme relatif de la sphère médiatique, et par voie de conséquence, l’absence de campagne clairement orchestrée en direction de telle ou telle famille politique, semble néanmoins indiquer que l’instigation de la crise s’effectue selon un coût calculé et endossable par le pouvoir en place.

Une superstructure d’ingérence de l’écosystème tropical amazonien

Vu sous cet angle, nous sommes donc amenés à rechercher les dynamiques, en amont et en aval, susceptibles de bénéficier positivement ou négativement des répercussions d’une telle crise et de son façonnement. Deux éléments nous paraissent d’ores et déjà identifiables sur la base d’une connaissance du contexte brésilien et de situations comparables dans l’univers sud-américain. D’une part, le lancement récent du Pacte de transformation écologique[16] au Brésil, un programme gouvernemental se proposant de développer un agenda multisectoriel d’investissement et de planification territoriale à l’aune des problématiques écologiques. D’autre part, la concertation régionale[17] sur la gestion des incendies, réalisée dans le cadre de l’Organisation du traité de coopération amazonienne[18]. En 2021, un premier mémorandum de coopération avait scellé les premiers pas d’une action pan-amazonienne sur la gestion des incendies, avec le parrainage de l’agence étasunienne USAID[19]. Les États-Unis et maintenant l’Allemagne ont ensuite renforcé leur implication pour positionner l’Observatoire régional amazonien[20] comme un animateur central de ces initiatives. Le projet de plate-forme d’urgence climatique, prôné par l’actuelle ministre de l’Environnement Marina Silva en écho aux travaux de l’Organisation des Nations Unies, pourrait être ajouté à ces dispositifs. Ce projet a été fortement mis en avant lors des inondations de Rio Grande do Sul quatre mois plus tôt.

Qu’ont donc en commun ces multiples démarches ? Chacune prétend énoncer de nouvelles modalités de gestion de l’espace et des ressources au titre de la protection écologique de la zone tropicale, soit au nom du risque des incendies, soit au nom des crises climatiques, ou encore de la préservation de la biodiversité. Durant les deux dernières décennies, l’aire tropicale sud-américaine a vu se multiplier les initiatives de ce type, affichant d’un côté un objectif, naturellement louable, de protection du risque ou du bien commun, mais occultant de l’autre une manœuvre de nature stratégique et conflictuelle. Or, il est facile de comprendre que ce but conflictuel est d’autant plus dissimulé et blanchi par un affichage humaniste lorsqu’une situation d’urgence ou de crise alimente la légitimité des objectifs qu’il prétend poursuivre. Remarquons que cette dialectique n’est pas obligatoirement négative en soi. Tout projet d’action future nécessite une base plus ou moins rationnelle et légitime afin de structurer son élaboration. L’observation comparée de la présente crise au Brésil et de situations antérieures (incendies de 2019, inondations de Rio Grande do Sul) nous emmène cependant à conclure qu’elle est mise au service d’une stratégie de long terme d’accaparement et de corporatisation des ressources de l’aire tropicale sud-américaine.

[1]Cresce para 46 o número de cidades de SP em alerta máximo para fogo  https://www.poder360.com.br/brasil/cresce-para-46-o-numero-de-cidades-de-sp-em-alerta-maximo-para-fogo/

[2]BDQueimadas  https://terrabrasilis.dpi.inpe.br/queimadas/bdqueimadas/#mapa

[3]Fire Information for Ressource Management System (FIRMS): https://firms.modaps.eosdis.nasa.gov

[4]https://www.gov.br/cemaden/pt-br

[5]PF abre investigação para apurar queimadas em São Paulo https://www.correiobraziliense.com.br/brasil/2024/08/6927499-pf-abre-investigacao-para-apurar-queimadas-em-sao-paulo.html

[6]https://x.com/TumultoBR/status/1827120763775693187
https://x.com/TumultoBR/status/1827798362201923846
https://x.com/HGideaoH/status/1826299955025215846

[7]https://x.com/AFaria_Fox/status/1803933118082040153

[8]https://x.com/AFaria_Fox/status/1803882921339597181

[9]Queimadas em São Paulo: o agronegócio se prova novamente insustentável https://mst.org.br/2024/08/24/queimadas-em-sao-paulo-o-agronegocio-se-prova-novamente-insustentavel/

[10]Lula reduz orçamento do Ibama para combate a incêndios apesar de recorde de queimadas https://folhadapolitica.com/lula-reduz-orcamento-do-ibama-para-combate-a-incendios-apesar-de-recorde-de-queimadas/

[11]Grupo Moreno Busca Informações sobre Incêndios Criminosos Recentes e Oferece Recompensa https://www.usinamoreno.com.br/fique-por-dentro/grupo-moreno-busca-informacoes-sobre-incendios-criminosos-recentes-e-oferece-recompensa

[12]https://www.metropoles.com/sao-paulo/policia-diz-que-preso-em-sp-por-incendio-criminoso-revelou-ser-do-pcc

[13]https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_commando_de_la_capitale

[14]https://www.diariodepernambuco.com.br/noticia/politica/2024/08/lula-e-marina-fazem-reuniao-para-discutir-sobre-as-queimadas.html

[15]https://x.com/LulaOficial/status/1827805253514952893

[16]https://www.camara.leg.br/noticias/1090509-executivo-legislativo-e-judiciario-firmam-pacto-pela-transformacao-ecologica

[17]https://otca.org/pt/lima-realiza-o-primeiro-encontro-regional-da-rede-amazonica-de-manejo-integrado-do-fogo-ramif-da-otca/

[18]https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_du_trait%C3%A9_de_coop%C3%A9ration_amazonienne

[19]https://otca.org/dialogos-sobre-manejo-integrado/

[20]https://otca.org/pt/a-otca-inicia-projeto-para-posicionar-o-observatorio-regional-da-amazonia-como-um-instrumento-fundamental-para-o-desenvolvimento-sustentavel/

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À propos de l’auteur
François Soulard

François Soulard

François Soulard coordonne la plateforme numérique Dunia depuis l'année 2012. Il investit les questions géopolitiques et l'usage stratégique qui est fait de l'information en termes de modification des rapports de force politiques et économiques. Il a publié "Une nouvelle ère de confrontation informationnelle en Amérique Latine" (en espagnol, année 2023) et traduit différents ouvrages sur la stratégie et la géopolitique, notamment ceux de Gérard Chaliand.
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