Bénédiction des cloches de Notre-Dame : une tradition qui remonte au Moyen-Âge

28 décembre 2024

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Nef de Notre-Dame. //04SIPA_SIPA253/Credit:STEPHANE DE SAKUTIN -POOL/SIPA/2411291308

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Bénédiction des cloches de Notre-Dame : une tradition qui remonte au Moyen-Âge

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Après avoir été minutieusement rénovées, les huit cloches du beffroi nord de Notre-Dame de Paris ont été bénies, peu avant de retrouver leur place sur la cathédrale. Philippe Jost, qui a supervisé la restauration du monument après l’incendie de 2019, a décrit cette réinstallation comme « une belle étape, importante, symbolique ». Il a présenté les cloches comme étant « la voix de la cathédrale ». Pendant des siècles, leur écho a occupé une place centrale pour croyants et non-croyants.

Madeleine Burgess, Bangor University

Le son des cloches d’église emplit les paysages européens depuis plus de 800 ans. Au cours de cette période, de nombreux incendies de cathédrales ont nécessité la réinstallation des cloches.

En 1320, par exemple, le clocher de la cathédrale de Bangor, dans le nord du Pays de Galles, a brûlé. À la suite de cet incendie, l’évêque de la cathédrale a demandé à être exempté de l’impôt annuel sur l’église.

À la même époque, le Bangor Pontifical, un document religieux contenant des instructions et des règles à l’intention de l’évêque, a été créé. Il contient les seules instructions médiévales connues concernant la bénédiction des cloches au Royaume-Uni.

La bénédiction des cloches, également appelée « baptême des cloches », varie légèrement d’une confession religieuse à l’autre ainsi que d’un pays à l’autre. En règle générale, elle consiste à oindre l’extérieur et l’intérieur des cloches d’huile, puis à allumer de l’encens sous celles-ci.

Lors de cette cérémonie, les cloches peuvent être baptisées, généralement d’après le nom d’un saint. Elles reçoivent parfois une inscription correspondante. Le choix des noms dépend généralement de la personne qui a payé la cloche : s’il s’agit de la communauté locale, la cloche est souvent baptisée du nom du saint auquel l’église est dédiée, ou vouée à un saint associé à la région.

C’est le cas du prieuré Saint Bartholomew à West Smithfield, à Londres. Vers 1510, sa plus petite cloche portait l’inscription Sancte Bartholemeo Ora Pro Nobis, qui signifie « Saint Barthélemy prie pour nous ».

Si c’est une personne ou une guilde qui finance la fabrication d’une cloche, celle-ci peut choisir un saint qui reflète sa carrière, sa vie ou ses pratiques de dévotion privées. Par exemple, un sonneur de cloches peut vouer une cloche à saint Dunstan, qui est le saint patron des sonneurs de cloches (il a été le premier à fabriquer des cloches au début du Xe siècle).

La protection par les cloches

Au Moyen Âge, on croyait pouvoir demander une intervention divine en faisant sonner une cloche d’église. Tous ceux qui entendaient la cloche sonner en profitaient. En sonnant une cloche spécifique, les gens demandaient l’intervention du saint auquel elle était dédiée.

En cas de décès, les cloches des églises sonnaient pour protéger l’âme du défunt des démons qui le pourchassaient durant son voyage vers le purgatoire.

Pendant les tempêtes, les cloches associées à sainte Agathe protégeaient le paysage sonore (la zone dans laquelle les cloches peuvent être entendues) des mauvais esprits censés être à l’origine du mauvais temps.

En 1230, dans son livre regroupant des biographies de saints, La Légende dorée, le chroniqueur italien et archevêque de Gênes, Jacobus de Voragine, a décrit cette croyance :

« Les mauvais esprits qui sont dans les régions de l’air sont troublés quand ils entendent les trompettes de Dieu que sont les cloches, et quand ils voient les bannières portées en haut. C’est pourquoi on sonne les cloches quand il tonne, et quand surviennent de grandes tempêtes et des intempéries, afin que les démons et les mauvais esprits soient effrayés et s’enfuient, et que cessent les mouvements des tempêtes. »

En raison de leur promesse d’intervention divine et de protection surnaturelle contre les mauvais esprits, mais aussi du fait de leur rôle clé en matière de communication, les cloches d’église sont devenues incontournables dans la vie quotidienne au Moyen Âge.

Des cloches omniprésentes

En 1552, l’évêque de Worcester, Hugh Latimer, déclara :

« Si toutes les cloches d’Angleterre étaient sonnées en même temps, je pense qu’il n’y aurait presque aucun endroit dans le pays où on ne pourrait pas entendre au moins une cloche. »

En réalité, le son des cloches ne couvrait sans doute pas chaque coin de campagne, cependant, une étude de cas menée en 2015 sur un village médiéval de l’Oxfordshire a montré que la frontière du village correspondait presque exactement à la limite du son des cloches de l’église. Cela souligne autant l’importance que les habitants du Moyen Âge accordaient à la protection par le son des cloches d’église que le caractère clé de ces dernières pour la communication.

Il n’est donc pas surprenant que l’absence des cloches de Notre-Dame ait été ressentie. Avec leurs pouvoirs de protection et de communication, leur réinstallation marque un moment riche en symbolisme dans la restauration de la cathédrale.The Conversation

Madeleine Burgess, PhD Candidate in History, Bangor University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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