Le mardi 6 juin, la barrage de Nova Kakhovka s’est rompu. Chacun a cru alors à un sabotage effectué par l’un ou l’autre des belligérants. Puis, les heures passant, des doutes ont commencé à surgir au vu des éléments observés. Peu à peu, une hypothèse alternative a émergé : celle d’une rupture accidentelle du barrage. C’est cette hypothèse que nous vous proposons, grâce au travail très fouillé et en sources ouvertes de Pierre Ranvier (pseudonyme), ingénieur de l’École Centrale Paris avec plus de 15 ans d’expériences dans les infrastructures hydrauliques. Nous le remercions très vivement d’avoir pris le temps de produire cette étude. Nous observons d’ailleurs que les services occidentaux restent désormais très prudents quant à l’analyse de cet événement.
La note originale a été publiée sur le site de La Vigie. Il s’agit bien de l’étude d’une hypothèse, non d’une certitude. D’autres enquêtes doivent être menées pour mieux comprendre ce qui a pu se passer. L’étude de cette hypothèse se veut donc, d’abord et avant tout, un apport au débat.
Il reste une interrogation majeure : alors que la contre offensive ukrainienne semblait avoir commencé le dimanche précédant, la coïncidence de la rupture du barrage exactement à ce moment précis laisse perplexe. Nous laissons aux lecteurs le soin de se faire leur propre opinion.
La Vigie.
Les analyse présentées et le scénario peuvent se résumer par la succession des observations et analyses suivantes :
- A partir de début 2023, aucune manœuvre de vanne n’est effectuée sur le barrage, et les portiques de manutention des vannes restent strictement immobiles ; en même temps, l’usine est totalement arrêtée et ne peut pas être redémarrée ; la cause de ces observations n’est pas connue, mais ce type d’exploitation est anormal, et est donc le signe d’une incapacité des exploitants du barrage à exploiter normalement leur ouvrage, et notamment à manœuvrer les vannes de l’évacuateur de crues,
- Suite à la période de crue (avril), en absence de capacité d’évacuer l’eau, puisque l’usine est arrêtée et que les vannes ne sont pas manœuvrées, le niveau monte dans le réservoir, à une cote record (sans être -en soi- une menace directe pour le barrage),
- Cette augmentation du niveau d’eau entraine un endommagement du fond de la rivière, dans la zone où l’eau s’écoule. Une fosse se crée et s’agrandit progressivement, sans que l’exploitant du barrage ne semble capable de stopper l’évolution. La fosse grandit donc,
- La veille de la catastrophe, une dalle qui portait le pont-route sur le barrage s’effondre dans la fosse, provoquant une panique chez les exploitants, qui voient venir la catastrophe, et tentent, en dernier recours, de faire transiter de l’eau par l’usine,
- Cette opération, avec une usine non raccordée sur le réseau, a pour conséquence la destruction de la partie supérieure du génie civil de l’usine,
- Parallèlement, soit par poursuite de l’approfondissement de la fosse, soit en conséquence de l’inondation de l’usine, une instabilité de l’évacuateur de crues conduit l’ensemble de certains plots de la structure à décoller de leur fondation, et à être embarqués par les flots.
Pierre Ranvier.
Pour lire l’étude complète (13 pages), avec analyse de différents documents, se rendre ici.