Attentat de Solhan : quand la cartographie du terrorisme devient prédictive

7 juin 2021

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Photo : Terrorisme : refuser de nommer

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Attentat de Solhan : quand la cartographie du terrorisme devient prédictive

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L’attentat de Solhan au Burkina Faso du 4 juin dernier (160 morts) ne surprend guère quand on connait la région et les actes terroristes qui y sont menés. Le numéro de juillet de Conflits est consacré au golfe de Guinée, en prise au narco-djihadisme. Vous pourrez y lire un article sur la zone des trois frontières, dont l’analyse prédictive annonçait cet attentat.

 

Dans le prochain numéro de Conflits (34/2021) nous publions une carte sur l’évolution spatiale du terrorisme dans le Sahel en Afrique de l’Ouest, en centrant l’analyse sur la zone dite des « trois frontières » (Mali – Niger – Burkina Faso). Ce travail est réalisé à partir des incidents répertoriés dans la Global Terrorism Database (GTD), entre 1991 et 2019, suivant une méthodologie permettant de localiser les barycentres (centres de gravité de l’ensemble des attentats s’étant produits au cours d’une période donnée), et dont on trouvera un bref exposé dans l’édition papier à paraitre.

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Il est à noter que cette carte représente l’ensemble des actions considérées terroristes, quels qu’en soient les auteurs, sachant que beaucoup ne sont pas revendiquées ; que les noms des groupes varient suivant les lieux et les moments, et que beaucoup d’acteurs sont des entités hybrides à l’interface du djihadisme et de la criminalité organisée. Le modèle spatial qui en résulte est donc celui d’une vaste zone de conflits divers, assimilable cependant à un processus insurrectionnel dont il est possible de comprendre la logique territoriale en observant les déplacements successifs des points centraux (ici les barycentres) de la violence.

 

Actes terroristes au Burkina Faso.

 

Disposant donc de cette carte qui montre les grands traits de la dynamique spatiale du djihadisme en Afrique de l’Ouest, il nous a paru intéressant à titre d’exercice de validation de notre travail d’y inclure la localité de Solhan (dont le poste de police a déjà été attaqué, suivant la GTD, le 26 décembre 2018, provoquant une victime mortelle) où, dans la nuit du 4 au 5 juin 2021, environ 160 personnes ont été assassinées par un groupe (encore) inconnu, mais très probablement en vue de détruire les vestiges résiduels de l’autorité étatique dans ce secteur proche de la frontière avec le Niger, ainsi que de la route Niamey-Ouagadougou. La proximité d’activités d’orpaillage et d’une garnison de l’armée burkinabè étant aussi à considérer, même si leur importance pour expliquer ce cas est encore impossible à établir. En revanche, il est indéniable que cette attaque est -et de loin- la plus grave qu’ait connue ce pays dans toute son histoire, et à ce titre elle peut légitimement être prise en compte pour enrichir la réflexion sur la spatialité du conflit en cours.

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Le fait capital qui se dégage de la carte actualisée que l’on présente ici, est la confirmation d’un mouvement d’ensemble de la dynamique insurrectionnelle vers le sud, conférant au Burkina Faso une importance décisive en tant que zone principale d’expansion de la violence djihadiste dans la région. Et à partir de ce constat majeur, étayé par des faits (et des travaux récemment publiés montrent que même si la GTD ne répertorie pas tous les incidents, la distribution spatiale de ceux qu’elle inclut correspond de façon satisfaisante à l’ensemble des cas), il est possible de parvenir à de solides hypothèses prédictives concernant de futures attaques. Nous nous dispenserons d’insister sur l’importance géostratégique et pratique de cette conclusion…

 

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À propos de l’auteur
Hervé Théry et Daniel Dory

Hervé Théry et Daniel Dory

Hervé Théry est géographe, directeur de recherche émérite au CNRS-Creda et professeur à la Universidade de Sao Paulo. Membre du Comité Scientifique de Conflits. Daniel Dory. Chercheur et consultant en analyse géopolitique du terrorisme. A notamment été Maître de Conférences HDR à l’Université de La Rochelle et vice-ministre à l’aménagement du territoire du gouvernement bolivien. Membre du Comité Scientifique de Conflits.

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