Atlas historique de l’Afrique

30 septembre 2024

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Atlas historique de l’Afrique

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Cette réédition vient à point nommé pour éclairer le public qui entend parler du continent africain au gré de différents coups d’État qui s’y déroulent, sans forcément en mesurer la diversité, et le profond renouvellement que connaît son historiographie.

Isabelle Surun – François-Xavier Fauvelle (Dir.) Atlas historique de l’Afrique. De la Préhistoire à nos jours. Édition Autrement (2e éd.) 25 septembre 2024.

On trouvera un intérêt particulier à la première partie consacrée à l’Afrique ancienne, et à la fascinante histoire du peuplement par les hominidés de ce « berceau de l’humanité », pour reprendre l’expression consacrée. Sur un axe qui part du Nil jusqu’au cap de Bonne-Espérance, mais également sur les rives nord de la Méditerranée, de nombreuses implantations humaines ont pu être relevées et s’étendent de la fin du pliocène, il y a 3 millions d’années, jusque-là sortie des premiers Homo sapiens hors d’Afrique il y a 126 000 ans.

L’Afrique représente une Préhistoire d’innovations économiques et culturelles, que l’on peut trouver à partir du pastoralisme de ruminants, du développement de la métallurgie, avec le cuivre vers -2600, mais également la diversité linguistique. L’art rupestre est également un témoignage particulièrement éclairant sur le peuplement du Sahara central avec les différents styles de représentation.

Une récente question du programme d’histoire contemporaine de l’agrégation d’histoire sur l’Afrique et le monde a permis de comprendre que le continent a été très précocement connecté aux autres espaces de civilisation. Le monde romain a pu s’y développer sur sa partie nord, mais les implantations ont été directement liées aux sociétés locales. On notera la part particulière des rivages de la mer Rouge et du sud de la vallée du Nil comme carrefour et comme point d’ouverture vers la péninsule arabique et au-delà la route vers l’Asie.

Le monde islamique a permis du VIIe au XIIe siècle une connexion de l’Afrique un avec des mouvements de conversion qui touche les différents royaumes subsahariens aux alentours de l’an 1000, tandis que les rivages de la mer Rouge et de l’océan Indien ont pu être islamisés vers la 2e moitié du VIIIe siècle. Le commerce transsaharien a pu se développer à partir de l’empire du Mali entre le XIe et le XIIIe siècle.

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Toujours pour aborder la question des connexions du continent africain avec le reste du monde, l’article concernant la civilisation swahilie du VIIIe au XVe siècle se révèle particulièrement éclairant. Des cités états comme Mogadiscio ou Zanzibar permettant les exportations vers le sous-continent indien, mais également les rivages de la mer Rouge et du golfe arabique.

L’arrivée des Européens, avec les Portugais comme précurseurs, commence au début du XVe siècle. Les points de contact se limitent à des comptoirs, mais l’activité commerciale est intense avec le début de la traite de millions de femmes et d’hommes à destination des Amériques. À l’intérieur des terres, quasiment à la même époque, de construction politique comme l’sultanat du Sahel, de Songhay et de Borno constituent autant de pôles de développement, des hubs économiques vers le monde arabe. Le Sahel participe ainsi à la première mondialisation.

À l’est du continent s’étend l’Éthiopie que des populations agropastorales animistes au départ s’installent avant de se convertir. La première capitale du royaume d’Éthiopie, Gondar, est fondée en 1636. Après de multiples fragmentations, il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour retrouver la centralité du pouvoir en Éthiopie, avec le règne de Ménélik II.

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Cette 2e partie se termine par une présentation des traites négrières coloniales entre le XVe et le XIXe siècle. La traite islamique reste toutefois très rapidement évoquée, et il aurait peut-être été pertinent d’y consacrer une carte et un article à part entière.

Les périodes du XIXe siècle sont marquées à la fois par l’émergence ou la consolidation d’États souverains, comme le royaume du Buganda autour des Grands Lacs, au nord du lac Victoria, mais également la construction du royaume de Madagascar au début du XIXe siècle. En Afrique de l’Ouest, le califat de Sokoto constitué au tout début du XIXe siècle par la conquête, réunit différentes provinces avec des populations wolofs, mossi, bambaras et haoussa. Ces territoires sont intégrés à l’Empire colonial britannique au tout début du XXe siècle.

Le temps de la domination coloniale ainsi que le tournant constitué par la Première Guerre mondiale est largement connu, de même que les différentes décolonisations.

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La dernière partie de l’ouvrage aborde les différentes politiques sanitaires qui ont été mises en œuvre par les colonisateurs, mais également avec les indépendances, par les institutions internationales. L’Afrique a pu constituer également un terrain d’affrontement de la guerre froide, avec l’opposition entre les deux blocs. La présence chinoise n’est d’ailleurs pas aussi marginale qu’il n’y paraît pendant cette période. La dernière carte est consacrée aux migrations internes et externes en Afrique, et on notera que l’essentiel des flux migratoires reste situé à l’intérieur du continent.

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À propos de l’auteur
Bruno Modica

Bruno Modica

Bruno Modica est professeur agrégé d'Histoire. Il est chargé du cours d'histoire des relations internationales Prépa École militaire interarmes (EMIA). Entre 2001 et 2006, il a été chargé du cours de relations internationales à la section préparatoire de l'ENA. Depuis 2019, il est officier d'instruction préparation des concours - 11e BP. Il a été président des Clionautes de 2013 à 2019.
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