Armées : il faut changer de modèle !

31 janvier 2023

Temps de lecture : 11 minutes

Photo : Pierre-Yves Beaudouin / Wikimedia Commons

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Armées : il faut changer de modèle !

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L’armée française se retrouve à cours de matériel et donc avec des difficultés à conduire des opérations lointaines. L’argent ne suffira pas, c’est bien un changement de modèle qui est nécessaire.

Remettre de l’épaisseur, 

Retrouver des effets de levier, 

Refaire de la nation le cœur de notre survivance !

Xavier Guilhou. Article original paru sur son site personnel

« Nous sommes sur l’os… ! ». Qui n’a pas entendu nos grands chefs utiliser cette expression pour préciser que nous n’avons plus de marges de manœuvre sur le plan capacitaire, voire que nous sommes bien en deçà de l’acceptable pour assurer les missions assignées à nos armées. Il est évident qu’après trois décennies de rabotage budgétaire nous ne pouvons qu’être en limite basse en termes de suffisance opérationnelle (moyens, munitions, stocks stratégiques, personnels…) et que, pour reprendre un terme de marins, « nous talonnons ! ». A ce rythme la prochaine étape est « l’échouage » … Si cette politique financière avait permis de faciliter des réformes en profondeur pour notre pays, nous pourrions à la rigueur la comprendre. Mais cela n’a fait qu’alimenter une pseudo paix sociale à la petite semaine et nous ne pouvons plus l’admettre au vu des rendez-vous stratégiques qui sont devant nous. 

La guerre en Ukraine sert de révélateur dans tous les domaines et a eu la vertu de réveiller les consciences endormies par des décennies de « dividendes de la paix ». Pourtant les signaux précurseurs n’ont pas manqué, mais chaque fois le relativisme et la bureaucratie ont effectué leur travail de neutralisation et de normalisation pour continuer à tirer vers le bas nos postures de défense. De fait « nous sommes bien sur l’os » et il nous faut avant tout « remettre de l’épaisseur » à tous les niveaux pour combler ou compenser ces faiblesses structurelles. La projection de corps expéditionnaire tous azimuts n’est plus dans nos moyens. Nous devons nous recentrer sur la défense de nos intérêts vitaux, la protection de notre territoire et remuscler notre dissuasion. Il faut changer de méthode et surtout de modèle !

« Remettre de l’épaisseur » 

Certes nous avons développé des capacités marginales à très forte valeur-ajoutée pour « faire autrement » quand nous ne pouvions plus « faire normalement » du fait de l’érosion de nos forces conventionnelles. Ce fut le cas au cours de ces trois décennies avec la montée en puissance des opérations spéciales. Par leurs performances indéniables, notamment dans la lutte qualifiée « d’anti-terroriste » en Orient et en Afrique, elles ont assuré au pouvoir politique la garantie d’une posture opérationnelle à succès avec une forte résonnance médiatique auprès des opinions publiques. Cela a plutôt bien fonctionné. Dans ce contexte les OPEX ont au moins eu le mérite de permettre à toutes ces composantes de se tester et d’acquérir une courbe d’expérience considérable.  Mais avec l’Ukraine nous passons à autre chose et le travail de sur-mesure de nos forces spéciales doit désormais s’intégrer dans des schémas complexes de combat de haute intensité, avec un retour de confrontations de masse sur des lignes de front que nous n’avons plus connues depuis les grandes guerres mondiales. Comme le citait Goethe « nous avons déjà pensé à tout mais il nous faut tout réinventer ».

Il en fut de même avec les deux fonctions essentielles que sont le renseignement et la logistique, armes souvent considérées comme secondaires dans notre culture militaire, mais qui se sont avérées cruciales au cours de ces dernières décennies pour accompagner nos projections de corps expéditionnaires sur des conflits hybrides, au sein d’alliances, sur des terres lointaines (Afghanistan, nœud syriaque, Sahel). Ces composantes souvent qualifiées de soutiens, alors que ce sont des précurseurs qui conditionnent le succès des opérations,  ont permis sur le terrain de faire face avec beaucoup de réactivité et aussi d’inventivité dans les modes d’action, à de nouveaux modes d’adversités (cf. les techniques de guérillas pratiquées par les groupes islamiques, mais aussi les méthodes de désinformation et déstabilisation des SMP comme Wagner, ainsi que l’utilisation de technologies duales et des réseaux sociaux). 

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Nous avons aussi compensé la baisse de nos moyens avec de la haute technologie et une professionnalisation remarquable de nos forces. Nos armées sont de fait réduites en nombre mais elles sont plus performantes du fait des technologies embarquées et du niveau de formation de nos combattants. Ce qui suppose aussi un niveau de soutien et de maintenance non négligeable (pour un fantassin au combat il en faut en moyenne neuf en soutien). Néanmoins, pour nos spécialistes, avec les moyens actuels, nous ne pourrions tenir qu’un front de 80 kms, soit Dunkerque – Lille, là où nos anciens furent en mesure de tenir un front de 750 kms lors de la première guerre mondiale…Et que penser de nos capacités de feu qui n’excéderaient pas une semaine en termes de stock de munitions…  De nouveau le conflit en Ukraine, et surtout les risques de confrontations pressenties notamment en Mer de Chine et en Méditerranée orientale, posent la question des masses critiques et du niveau de rusticité qu’il faudrait désormais être en mesure d’assumer face à des armées qui utilisent des centaines de milliers d’hommes et un déluge de feu sans précédent pour arriver à leurs fins. 

Ces armées ont recours à la conscription et à la mobilisation de réserves considérables. Par ailleurs elles se battent avec des doctrines basiques similaires à celles de la guerre de 1914, que nous qualifions certes d’archaïques et de barbares, mais qui s’avèrent dimensionnantes actuellement dans les conflits (cf. les enseignements sur la Syrie, le haut Karabagh et le niveau de consommation d’obus d’artillerie sur le Donbass ). De notre coté nous n’avons plus la conscription et nous avons des réserves qui sont réduites à la portion congrue malgré tous les effets d’annonce vertueux de ces dernières années… Nous faisons confiance à l’intelligence embarquée dans nos moyens, qui sont de plus en plus sophistiqués, en prétendant que cela sera suffisant pour casser ces armées « ringardes » dotées d’équipements datant de la guerre froide… Les évènements nous démontrent qu’il faut faire preuve d’un peu plus d’humilité, ces armées n’ayant pas la même notion de l’attrition et de la vie humaine que nous… Avec une société soumise à la religion du « bien-être » , et soyons honnêtes peu résiliente, nous ne remplissons pas les mêmes critères en termes de résistance morale et physique aux chocs que ceux que pourraient nous infliger ces adversaires qui n’ont pas nos états d’âme…

Certes nous avons l’impression actuellement que le corps politique, pas seulement en France mais sur tout le continent européen, subi un électro-choc devant l’intensité et la brutalité des combats sur l’Ukraine. Mais eut-il fallu qu’ils aient eu les mêmes réactions lors des évènements sur les Balkans, qui ont fait rappelons-le de l’ordre de 100 000 morts (200 000 selon les médias). Il en fut de même au Moyen-Orient avec les enchainements post-Irak sur le nœud syriaque qui ont fait quasiment le même nombre de victimes. Nous sommes déjà au-dessus ces seuils pour l’Ukraine (si nous acceptons d’intégrer les chiffres des 14 500 morts civils et militaires de la guerre du Donbass depuis 2014) cette guerre n’ayant pas commencé en février 2022… Chaque fois les niveaux de brutalité et d’inhumanité ont augmenté franchissant des seuils que les ONG et les organisations internationales n’ont cessé de recenser et d’expliciter pour alerter nos dirigeants. La réponse de ces derniers fut l’invention sémantique des « lignes rouges » à ne pas franchir, mais sans postures réelles et crédibles… Tous ces théâtres d’opération furent des laboratoires, notamment pour les armées Russes et Turques, qui désormais stressent notre flanc oriental et méridional. Heureusement que la posture de dissuasion, assise sur notre signature nucléaire, dont la crédibilité repose sur la permanence à la mer de nos SNLE et sur les capacités de frappes de nos composantes aéroportées (FAS et FAN), n’a pas subi le même niveau d’altération, voire de destruction systématique, que pour nos moyens conventionnels.

« Retrouver des effets de levier »

Aujourd’hui le temps n’est plus aux lamentations mais à la reconstruction d’un modèle rachitique en s’appuyant sur cette épaisseur tactique qu’offre ces quelques composantes à forte valeur ajoutée éprouvées aux cours de ces dernières décennies (Les opérations spéciales, le renseignement, la logistique et l’intelligence embarquée). Il faut dès lors trouver en les utilisant bien des possibilités de générer des effets de levier sur le plan opérationnel partout où cela est possible. Il est évident que tous ces moyens, en s’intégrant intelligemment dans des schémas plus élaborés de combat de haute intensité, peuvent devenir des « démultiplicateurs de forces ». Le terrain ukrainien est à ce tire précieux en termes d’enseignements. Sans augurer des résultats sur l’avenir, ils ont permis pour le moment de casser l’offensive initiale de l’armée russe et de lui infliger de sérieuses difficultés sur le plan stratégique. Le renseignement et les opérations spéciales ont joué un rôle déterminant pour frapper des cibles à haute valeur ajoutée (commandements, QG, bâtiments emblématiques de la flotte Russe, bases aériennes, etc.). La logistique a été aussi particulièrement dimensionnante pour permettre de tenir le « battle-rythm » sur les lignes de front. Certes ce n’est pas suffisant, tous les experts sur nos plateaux TV disent qu’il faut aussi de l’infanterie, de l’artillerie, des munitions et désormais des chars… mais sans ces capacités spécifiques, et très entrainées par les anglo-saxons, l’armée ukrainienne aurait été déjà laminée. 

Il faut préciser que ces « démultiplicateurs d’efficacité » sont à la fois armés par des professionnels très aguerris, mais surtout par une réserve et une garde nationale tout aussi importante, avec beaucoup d’engagés volontaires (cf. les opérateurs ferroviaires et les équipes de la sécurité civile). A ceci il faut ajouter l’effet de levier permis par le déploiement de hautes technologies ou de technologies duales (comme les essaims de drones) , ainsi que l’IA (cf. le déploiement des capacités de Starlink et le traitement des métas données en termes de renseignement opérationnel avec des méthodes très décentralisées) qui permettent aux forces de mieux résister, voire de mener des offensives concluantes. Toutes ces capacités sont assises sur des compétences civiles, avec en arrière-plan une société particulièrement résiliente. Où en sommes-nous sur ce plan ? Qu’avons-nous fait de nos réserves ? Quel est le niveau réel de résilience de notre pays? Comment se situent les capacités de réponse duale entre nos industries civiles et militaires s’il fallait développer un véritable effort de guerre sur le plan économique ? l’Ukraine a révélé nos vulnérabilités et insuffisances sur ces questions…

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En fait ce conflit sur « l’intermarium » européen nous interpelle bien au-delà le simple budget des armées, qui devrait enfin pouvoir retrouver un peu d’oxygène avec la RNS. Les marins diront que nous allons juste retrouver « un peu d’eau sous la quille » pour redevenir manœuvrants. Cela va bien au-delà les débats technologiques, certes nécessaires, mais désormais insuffisants face aux masses critiques de nos adversaires. La réflexion va aussi au-delà le monde des professionnels de nos armées, qui a un peu confisqué ces dernières décennies le partage des enjeux sur ces questions en l’enfermant sur des doléances budgétaires. Il nous interpelle avant tout sur les liens « Armées-Nation », pas ceux qui animent nos grandes commémorations parfaitement scénarisées, mais ceux qui conditionnent sur le fond les notions d’engagement au sein du pays. 

Qu’est ce qui est de l’ordre du tolérable ou non en termes de relations de puissance ? Qu’est ce qui est soutenable ou non en termes « de compétition, de contestation et d’affrontement »  entre les pays ? Qu’est ce qui est de l’ordre de la survivance pour la France et les Français ? Le modèle israélien où l’on apprend à se battre à un contre dix est peut-être celui que nous devrions regarder de plus près, même s’il parait forcément décalé et extrême pour nos sociétés très protégées. Quand nous n’avons plus la démographie, plus de moyens et des capacités réduites, comme c’est désormais le cas, il faut apprendre à survivre et à trouver ces effets de levier qui permettent de conserver l’initiative (le renseignement), à obtenir la décision (les opérations spéciales et la logistique) et à confirmer la victoire (la pertinence opérationnelle et des armements conventionnels suffisants). Il faut surtout retrouver le sens du courage à tous les niveaux, en premier lieu sur le plan décisionnel au niveau politique en termes d’arbitrage !

Soyons lucides et arrêtons de nous conter des histoires pour nous rassurer ou nous confiner dans un déni collectif qui s’avèrerait suicidaire. « Nous sommes sur l’os ! ». Nous devons retrouver le sens du vital ! Cette question n’est pas que comptable, c’est une affaire de volonté. Non pas de quelques prétoriens mais de tout un peuple ! C’est un peu ce que les Ukrainiens et Russes, quelles que soient nos opinions ou émotions sur le sujet, nous démontrent quotidiennement des deux côtés. Ne sous-estimons pas, malgré les propagandes qui saturent nos écrans de part et d’autre, ce niveau de volonté et d’engagement réciproque qui déjoue tous les pronostics des experts accrédités de nos plateaux TV. Les confrontations de puissance sont toujours de cet ordre. Là aussi quel que soit notre sentiment sur ce conflit, il est d’abord l’expression des volontés ou des impuissances des uns et des autres. La pandémie nous a montré aussi que c’était une question majeure de souveraineté !

« Refaire de la nation le cœur de notre survivance »

Il est encore temps de « remettre de l’épaisseur » dans nos systèmes de défense. Pour cela il faut absolument raisonner différemment. Il faut retrouver de la souplesse quand il y a de la bureaucratie, de la réactivité quand il y a excès de centralité, de la fluidité quand il y a trop de rigidité dans les modes opératoires et surtout de l’audace quand il y a de l’excès de précaution… Mais il faut surtout admettre que nos intérêts vitaux sont désormais vulnérables et que les niveaux de menaces sont désormais proches du territoire, voire insidieuses au sein du territoire ! Pour cela il faut aussi remettre de la masse critique. Elle n’est pas que matérielle ! Elle est aussi humaine ! En cela la question des réserves est absolument cruciale. Sa mobilisation, son employabilité et son rayonnement constitueront des « effets de levier » pour rattraper au sein de notre société le gâchis des trois dernières décennies. 

Certes l’armée professionnelle a d’autres sujets plus importants que le traitement de cette question pour passer d’un modèle de corps expéditionnaire à une armée de corps de bataille capable d’agir de façon autonome ou au sein d’une alliance. Mais dans ce contexte inventons un mode opératoire civilo-militaire à la Suisse ou à l’Israélienne qui permettrait d’avoir une seconde couche de résistance, d’intelligence répartie partout sur le territoire et de flexibilité d’emploi. Cela ne pourra que contribuer à renforcer encore plus nos postures globales de dissuasion en durcissant nos capacités de résistance sur le plan systémique. Là aussi les exemples ukrainiens mais aussi polonais, finlandais, suédois et bien entendu anglo-saxons sur cette proximité des armées avec leurs populations devraient nous aider à innover en la matière. Cela suppose aussi de changer la relation hiérarchique qui prédomine entre l’Etat, nos armées et la société civile, sans pour autant remettre en question « l’autoritas » du régalien qui prévaut pour les questions stratégiques (cf. l’emploi du nucléaire) . Cela exige d’avoir une gouvernance plus décentralisée et de développer des relations de confiance entre les parties. Ce que nous avons plus ou moins bien géré jusqu’à présent. Des partenariats dits citoyens sont toujours très beaux sur le papier, sympathiques sur le plan médiatique mais ne valent pas grand-chose sur le plan opérationnel en termes d’efficacité collective. Là aussi soyons honnêtes et un peu plus réalistes dans nos modes de coopération « Armées-Nation » !

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Il faut « mettre de l’épaisseur » dans nos systèmes de défense et cela ne peut être limité à la seule lutte contre le terrorisme, même si celle-ci reste une priorité indéniable sur le plan sécuritaire. Ce n’est plus suffisant ! Il faut renforcer notre posture de dissuasion par une véritable mobilisation de toutes nos ressources au niveau national avec un véritable pilotage de leurs valeur-ajoutées respectives que ce soit sur les plans économiques, industriels, financiers, mais aussi en termes de résilience au niveau de nos infrastructures vitales (collectivités territoriales, réseaux critiques), qu’en termes de ressources humaines qu’elles soient à usage militaire ou simples renforts civilo-militaires. A ce titre il faut redéfinir le rôle des correspondants défense et en faire de véritables liens quasi organiques de notre système de défense depuis le local, en passant par les entreprises jusqu’au niveau des grandes institutions publiques. Ils doivent devenir autre chose que de simples ordonnateurs de commémorations afin que les élus aient leur photo dans le journal, même si c’est nécessaire pour assurer leur réélection… et accessoirement entretenir le devoir de mémoire localement…

Il en est de même pour la Réserve avec un grand R. Sur ce registre il faut arrêter de démultiplier les réserves : opérationnelles, citoyennes, sanitaires, sécuritaires etc. Cet artifice sémantique qui convient aux salons mondains ne parle absolument pas à nos concitoyens. Il en faut une et une seule, une vraie qui soit valorisée au plus haut niveau sur le plan politique, pilotée avec un management civilo-militaire adapté, visible sur le terrain et qu’elle soit reconnue pour ses services et mérites. Il faut absolument simplifier la signature de cette composante stratégique pour le pays et en sacraliser l’engagement  et le volontariat sinon nous reviendrons à l’état dégradé que nous connaissons aujourd’hui et qui est totalement insatisfaisant au regard des risques perceptibles pour notre pays. Ne nous faisons pas d’illusions ces risques ne feront que s’amplifier après l’Ukraine, nous n’en sommes qu’à l’apéritif… A cet effet nous devrions sans cesse méditer les constats faits en 1939 par ce réserviste, et par la suite grand résistant, que fut Marc Bloch lorsqu’il a écrit L’étrange défaite. Tous nos politiques devraient absolument lire ce livre !

Il faut repenser nos logiques de combat et démultiplier nos capacités de résistance. Pour un qui part au front il en faut neuf qui l’assistent et le soutiennent sur les arrières, quand lui doit apprendre à se battre à un contre dix…  Ce changement de paradigme suppose une autre ingénierie de notre vision de la défense pour notre pays. Nous pouvons très bien perdre sans combattre avec cet esprit comptable et bureaucratique qui a conditionné le fonctionnement de nos armées depuis quelques années. Ceux qui gagnent savent très bien qu’un leadership et des victoires sont le fruit d’un esprit combattif et non d’un bon mécénat ou pire d’un raisonnement sur la valeur liquidative d’un actif…. Les grands sportifs, qui sont devenus la référence pour beaucoup, ou nos grands chefs d’entreprise, qui tiennent des lignes de front impitoyables sur le plan international, le savent bien. Être respecté a un prix quand on veut être parmi ceux qui se respectent. La victoire est un état d’esprit ! On l’a ou on ne l’a pas ! 

Pour cela il faut ce supplément d’âme qui est à la base de toute survivance et espérance pour un pays. Il ne faut pas craindre de mourir, de toute façon la peur n’empêche pas la mort ! Il y a ce qui est de la finitude humaine et il y a aussi ce qui est de la finitude des peuples. Ce n’est pas qu’une question budgétaire et comptable, même si ce point est incontournable en termes de réalité. C’est une question plus profonde qui est de l’ordre du civilisationnel. Il constitue pour notre pays une urgence en termes d’éducation et pas seulement d’agitation médiatique. Il faut juste savoir ce que nous voulons car tout est question de volonté. C’est à ce titre que l’engagement de chacun et d’une nation sont des valeurs sacrées que nous devons remettre à l’ordre du jour ! 

Il est encore temps…

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À propos de l’auteur
Xavier Guilhou

Xavier Guilhou

Ancien responsable de la DGSE dans les années 1980, puis fortement engagé dans la montée en puissance des Opérations Spéciales (COS) dans la décennie 1990, il a une longue expérience sur le terrain, ainsi qu’aux niveaux étatique et interallié, de la conduite et résolution des crises internationales. Il a exercé pendant 15 ans des fonctions exécutives et opérationnelles dans le monde de l’entreprise au sein du Groupe Hachette, Spie-Batignolles, Schneider Electric et Eurogroup.

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