<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’arme nucléaire est-elle encore utile ?

20 septembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : La bombe atomique : usage ou dissuasion ? – Jean-Marc Le Page. crédit photo : Unsplash

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L’arme nucléaire est-elle encore utile ?

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Les bombardements d’Hiroshima le 6 août 1945 puis de Nagasaki ont permis de mettre fin à la Seconde Guerre mondiale mais ont également démontré l’arrivée d’une nouvelle arme sans équivalent, capable de produire l’apocalypse en quelques secondes. Ce changement radical va dès lors bouleverser l’équilibre des forces après 1945. L’irruption du nucléaire comme arme a semé la peur. Nombreux sont les pays à avoir suivi une course aux armements nucléaires. Cette époque aujourd’hui révolue, se pose alors la question de l’utilité actuelle de l’arme nucléaire.

Après Hiroshima, le monde entre dans une nouvelle forme de confrontation entre l’Occident, dont les États-Unis assurent le leadership avec la création de l’OTAN à partir de 1949, et le bloc soviétique avec l’URSS engagée dans une course aux armements nucléaires. Dès lors, le concept de dissuasion fondé sur l’idée de destruction massive de l’adversaire en cas d’attaque domine les politiques de défense tant à l’Est qu’à l’Ouest. L’effondrement de l’URSS aurait pu laisser entrevoir un désarmement nucléaire important. Il n’en a rien été, d’autant plus que la Russie, née des cendres de l’URSS, avait besoin de conserver une certaine parité avec les États-Unis pour maintenir son rang. À la fin des années 2000, malgré la montée du terrorisme islamiste, accaparant une grande part des efforts militaires des pays occidentaux, la dissuasion nucléaire est restée la clé de voute, d’autant plus que les tensions et le retour des rapports de force entre États ont mis à mal le multilatéralisme. Avec le retrait stratégique de Washington, entamé sous la présidence Obama et accéléré avec Donald Trump, la volonté affirmée de la Chine de redessiner la carte des relations internationales, les risques de prolifération nucléaire dont la Corée du Nord et l’Iran, et enfin l’attitude ambiguë de Moscou, l’arme nucléaire conserve plus que jamais sa pertinence dans le cadre d’une doctrine fondée sur le concept de dissuasion comme le démontre la politique de défense de la France.

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Le temps de la guerre froide

De 1945 à 1989, les tensions entre l’Occident et le bloc soviétique ont été permanentes malgré des épisodes de détente, en raison d’une confrontation idéologique majeure entre deux systèmes politiques et économiques antagonistes. L’arme nucléaire vue au début comme une arme pouvant être utilisée sur un champ de bataille a été la clé de voûte des systèmes militaires de part et d’autre. Si les États-Unis et l’URSS ont accumulé des quantités importantes d’armes atomiques, d’autres pays se sont dotés progressivement de ces systèmes (Royaume-Uni : 1952, France : 1960, Chine : 1964, Inde : 1974 et 1998, Pakistan : 1998). Les principes de dissuasion visant à persuader l’adversaire de dommages irréversibles en cas d’attaques ont permis de limiter les crises entre les deux blocs, mais ont été contournés par des conflits périphériques comme la guerre de Corée (1950-1953) ou le Vietnam (1955-1975).

Le temps des dialogues stratégiques

Après un temps d’augmentation exponentielle des têtes nucléaires, des négociations ont permis de réduire les tensions entre les deux Grands avec des accords. Sur la scène internationale, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (1970) a permis de réduire les risques. La fin de l’URSS en 1991 a permis une diminution des arsenaux. Ainsi, la France a supprimé une composante (missiles du plateau d’Albion) et réduit de six à quatre sa flotte de sous-marins lanceurs d’engins (SNLE). Les États-Unis et la Russie ont collaboré notamment dans le démantèlement des armes obsolètes issues de l’ex-URSS.

Le temps des rapports de force et du retour de la puissance

L’après 11-Septembre 2001 a vu la déstabilisation du Moyen-Orient et l’échec des engagements des États-Unis dans les années suivantes tandis que la Chine a poursuivi sa montée en puissance économique dans un premier temps puis politique depuis le début de la décennie 2010. Les tensions géopolitiques se sont accrues avec la remise en cause du multilatéralisme et une reprise de la prolifération nucléaire. La Corée du Nord a réussi son pari initié dans les années 1960 et dispose désormais d’une capacité nucléaire permettant de sécuriser le régime de Kim Jong-un. L’Iran a, quant à elle, poursuivi ses recherches dans un climat très tendu avec les États-Unis, malgré l’accord JCPoA de 2015. D’autres pays pourraient avoir des tentations, d’autant plus que les connaissances et les ressources technologiques deviennent plus faciles d’accès.

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Pour la France, la dissuasion nucléaire en cours de modernisation pour rester efficace mais à un niveau de stricte suffisance lui permet de conserver une place essentielle sur l’échiquier international et de pouvoir dialoguer stratégiquement avec les puissances comme les États-Unis, la Russie ou la Chine. Le Brexit fait de la France la seule puissance nucléaire de l’Union européenne, lui conférant une responsabilité majeure dans la sécurité du « vieux continent ».

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Photo : La bombe atomique : usage ou dissuasion ? – Jean-Marc Le Page. crédit photo : Unsplash

À propos de l’auteur
Jérôme Pellistrandi

Jérôme Pellistrandi

rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale.

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