<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Aller-retour en Occident

20 décembre 2023

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Photo : La Victoire de Samothrace (Louvre). (c) pixabay

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Aller-retour en Occident

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En Occident, on y entre et on en sort. Le siècle écoulé a vu les allées et venues de plusieurs pays.

Article paru dans le numéro 47 de septembre 2023 – Occident. La puissance et le doute.

Les colonisations de peuplement sont l’un des premiers facteurs qui font entrer un territoire dans le champ de l’Occident. Canada, États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, comptoirs indiens, villes d’Amérique latine, ces terres qui ne sont pas en Europe deviennent occidentales quand elles sont peuplées d’Occidentaux, qui les mettent en valeur, les développent, les dirigent. L’expansion mondiale des Européens fut le grand mouvement d’expansion de l’Occident. Mais ce phénomène est loin d’être le seul.

Le Japon n’a jamais été peuplé d’Européens et a longtemps été fermé aux Occidentaux. L’ère Meiji (1868) met un terme à l’isolement volontaire, ouvre les ports et les idées à l’Europe, copie le modèle européen. Ennemi de l’Occident durant la Seconde Guerre mondiale, la nécessité de la lutte contre le communisme enjoint les États-Unis à l’intégrer dans leur nouvel ordre mondial. Voici le Japon, tout comme la Corée du Sud et Taïwan, intégrer l’Occident, compris cette fois-ci comme monde développé qui n’est pas dans le bloc communiste. Un ensemble politique, militaire, idéologique, pour ces Asiatiques désormais Occidentaux par la grâce des alliances politiques et militaires.

L’Amérique latine est-elle occidentale ? Certains géographes se sont risqués à l’expression « Extrême-Occident » pour désigner cet espace qui aurait été le pendant de l’Extrême-Orient. On y parle certes des langues européennes, le christianisme y est majoritaire, une part importante de la population est originaire d’Europe, les villes portuaires, bâties par les Européens, sont des reproductions de l’architecture européenne, mais la présence, plus ou moins fortes, de populations autochtones, la faiblesse du développement économique, les modèles politiques et spirituels suivis éloignent de plus en plus ce sous-continent de l’Occident.

L’Afrique du Sud a elle aussi quitté le monde occidental au début des années 1990. Son effondrement économique et sécuritaire, le délabrement de ses infrastructures, l’exil des populations boers ont fait que ce pays, autrefois fleuron du continent africain, n’a plus rien de commun avec l’Occident. Le même constat ne peut-il pas être réalisé pour les anciennes colonies françaises ? Lorsqu’il y avait un million d’Européens en Algérie, Alger et Oran n’étaient-elles pas des villes occidentales ? Si tel est le cas, l’Occident est donc d’abord l’espace où résident des Européens, qui apportent avec eux leurs cultures, leur foi, leurs systèmes politiques, leurs façons de voir le monde. Devient occidentale la terre peuplée et occupée par les Occidentaux, occidentalité provisoire et éphémère si ceux-ci sont amenés à la quitter. La Palestine, en devenant Israël en 1948, a de ce fait intégrée l’Occident au moment où d’autres territoires le quittaient. L’Occident est donc d’abord une affaire de personne et de présence humaine.

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À propos de l’auteur
Mathilde Legris

Mathilde Legris

Journaliste. Terroirs, histoires, voyages.

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