<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Série d’été – Alésia : une victoire française (52 av. J-C.)

15 juillet 2024

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César. Tableau de Lionel Royer (1899) (c) Wikipedia

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Série d’été – Alésia : une victoire française (52 av. J-C.)

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Prochaine étape de notre série d’été à Alésia, en Bourgogne, siège d’une bataille qui permis la victoire de la romanité. 

Ecrire, dès le titre, qu’Alésia est une victoire est éminemment provocateur. Dans l’imaginaire populaire, Alésia est nécessairement une défaite, celle de Vercingétorix, symbole de la Gaule coalisée contre l’envahisseur romain. Gergovie est donc la victoire et Alésia la déroute. Cette appréciation de la bataille démontre que tout combat militaire est éminemment politique. Cette bataille aurait pu disparaitre des mémoires et n’est guère citée dans les livres d’histoire, jusqu’à ce que les historiens du XIXe siècle la restaure pour en faire l’âme du roman national. Voilà donc Vercingétorix qui se ligue contre l’envahisseur, comme les Français devraient se liguer contre le Prussien, et qui est défait parce que trahi par des tribus gauloises. Le message réécrit compte plus que la réalité de la bataille : l’imaginaire politique l’emporte sur la réalité historique. Un siècle plus tard, pour des millions de Français, Alésia est donc une défaite. Rien n’est plus faux. En permettant à César de vaincre la coalition conduite par le chef arverne, Alésia a ouvert les portes de la romanité à la France. 

La France romaine

La Gaule est romaine depuis de nombreuses décennies déjà. Narbonne, Nîmes en sont les villes éclatantes, à quoi s’ajoutent des villes grecques romanisées, comme Marseille, Nice et Antibes. La Provence est romaine et les échanges économiques entre le reste de la Gaule et le territoire romain ne cessent de se développer. Nombreuses sont les tribus celtes à être alliées des Romains, notamment les Eduens et les Lingons. César n’aurait pu gagner sans le soutien logistique et militaire de ces Gaulois, qui voient d’un bon œil l’arrivée des Romains afin de leur permettre de pacifier une Gaule belliqueuse et surtout de prendre le contrôle de leurs adversaires. 

Dans son Histoire de France, Jacques Bainville sait reconnaitre l’apport essentiel de la civilisation romaine sur la Gaule : 

« À qui devons-nous notre civilisation? À quoi devons-nous d’être ce que nous sommes? À la conquête des Romains. […] Au moment où le chef gaulois fut mis à mort après le triomphe de César (51 avant l’ère chrétienne), aucune comparaison n’était possible entre la civilisation romaine et cette pauvre civilisation gauloise, qui ne connaissait même pas l’écriture, dont la religion était restée aux sacrifices humains. À cette conquête, nous devons presque tout. Elle fut rude : César avait été cruel, impitoyable. La civilisation a été imposée à nos ancêtres par le fer et par le feu et elle a été payée par beaucoup de sang. Elle nous a été apportée par la violence. Si nous sommes devenus des civilisés supérieurs, si nous avons eu, sur les autres peuples, une avance considérable, c’est à la force que nous le devons. »

Charles de Gaulle ne dit pas autre chose dans les premières lignes de La France et son armée (1938) : « La France fut faite à coups d’épée. Nos pères entrèrent dans l’Histoire avec le glaive de Brennus. Ce sont les armes romaines qui leur portèrent la civilisation. »

Et plus loin :

« La fureur des Gaulois s’était brisée contre l’art des Légions. En jetant ses armes aux pieds de César, Vercingétorix entendait, certes, parer d’un sombre éclat le deuil de l’indépendance. Peut-être voulait-il aussi que cet hommage désespéré rendu à la discipline servît à sa race d’immortelle leçon. Le vainqueur se chargea, du reste, de développer l’enseignement. Et tandis que, pendant cinq cents ans, Rome imprimait dans nos lois, nos mœurs, notre langue, comme dans nos monuments, routes et travaux d’art, la marque de la règle et de l’autorité, elle révélait à vingt générations l’esprit de la puissance militaire. »

Hommes d’épée et de combat, les Romains surent s’imposer dans une Gaule où beaucoup s’accommodaient de leur présence. 

Scène de bataille

La bataille proprement dite démontre la grande habileté tactique de César. Vercingétorix est repli sur l’oppidum d’Alésia, en attente de renforts. 

César décide alors d’ériger un double réseau de fortifications d’une part pour empêcher le chef gaulois de sortir, d’autre part pour briser les attaques de l’extérieur et ainsi repousser les armées de secours. Fossés, palissades, tours, pièges pour briser les avancer de la cavalerie et des piétons démontrent que César ne s’appuie pas uniquement sur la force de combat mais aussi sur le soutien du génie. 

Bien qu’en infériorité numérique, les Romains parviennent à repousser les assaillants et à décourager les tentatives visant à briser le siège. Démoralisés, comprenant qu’ils ne pourront pas être secourus et manquant de nourriture, les Gaulois doivent se rendre et livrer Vercingétorix.

La guerre n’est pas finie pour autant pour César, qui rentre ensuite en Italie et pour qui s’ensuit une guerre civile contre Pompée. Stratège et chef de guerre, César a démontré ses qualités militaires et politiques dans une Gaule qui entre alors de plein pied dans la romanité. 

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.

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