Alain Delon a tourné avec les plus grands réalisateurs. Tout au long de ses films, la ville apparait à la fois comme un cadre et un acteur à part entière des scénarios. Tour d’horizon de cet objet cinématographique et géopolitique.
La ville est à la fois un cadre et un objet. Parfois simple décor, parfois acteur à part entière des films et des scénarios, ce sont des paysages urbains multiplient qui se déploient dans les films d’Alain Delon.
Rome et l’EUR. L’Eclipse, Michelangelo Antonioni (1962)
L’Eclipse se déroule à Rome, essentiellement dans le quartier de l’EUR, construit sous Mussolini. Antonioni en fait le cadre de son film et lui-même capte la présence urbaine et la vie des habitants. Les films d’Antonioni sont typiques du cinéma ennuyeux mais esthétiquement superbe.
Naples et le marché aux poissons, Plein Soleil, René Clément, (1960)
Un marché aux poissons à Mongibello, tourné entre Naples et Ischia. Pas de paroles, une musique pour accompagner et le réalisateur qui filme cet instant de vie urbaine.
Marseille, les bars, la pègre, Borsalino, (1970)
Réalisé par Alain Delon, joué par Delon et Jean-Paul Belmondo, Borsalino a pour cadre Marseille, ses bars, sa pègre, ses rues animées. Un film qui nous montre le Marseille des années 1930, entre le port et les trafics.
Les autoroutes, Paris, Le Cercle rouge, Jean-Pierre Melville, (1970)
Dernier film de Bourvil qui, déjà gravement malade durant le tournage, est décédé avant sa sortie. On y retrouve Alain Delon et Yves Montand. La ville, c’est Paris, la place Vendôme mais aussi la banlieue, celle, ouvrière, où vit Yves Montand, celle, chic, Louveciennes, pour la scène finale. Ce sont aussi les autoroutes et les aires de repos. Une image de la France des années 1970.
Paris, Rome, Le Clan des Siciliens, Henri Verneuil, (1969)
Le Clan des Siciliens oscille entre plusieurs décors : Paris, le long du canal Saint-Martin, pour le garage de Jean Gabin, la banlieue, ses tours et ses drugstores,où habite Alain Delon, Rome, où se déroule le casse final, et notamment une scène dans le magasin de jouet de la place Navone, qui existe toujours aujourd’hui (la place Navone et le magasin de jouet).
Sarcelles, Mélodie en sous-sol, Henri Verneuil, (1963)
Les débuts du film sont les plus urbains et permettent de comprendre les enjeux urbanistiques de la France dans les années 1960-1970. Jean Gabin sort de prison, il prend un train de banlieue à la gare du Nord pour revenir dans son pavillon de Sarcelles. La ville nouvelle est en pleine construction, émergent les tours et les immeubles neufs, qui sont alors perçus comme positif. Alain Delon habite lui dans un petit appartement du centre de Paris, sous équipé, presque insalubre. La confrontation entre la ville nouvelle, aérée, moderne, salubre et la ville ancienne permet de saisir l’enjeu de la modernité et des transformations sociales et géographiques, avant que la banlieue n’ait l’image négative d’aujourd’hui.