<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Quand l’Afrique fait confiance à l’Afrique

12 octobre 2020

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Le roi du Maroc Mohammed VI © THORTON/PICTURE PRESS EUR/SIPA 00894929_000013

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Quand l’Afrique fait confiance à l’Afrique

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Le 6 novembre 1975 commence la Marche Verte : encouragés par le roi Hassan II et discrètement protégés par l’armée, 350 000 Marocains récupèrent l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental. Depuis, le Maroc a fait un effort considérable pour le protéger, mais aussi pour le développer en s’appuyant sur les atouts de la région, outre les phosphates : la mer et le soleil. D’où la modernisation des ports comme Dakhla et le développement des sports maritimes, la région étant particulièrement favorisée pour le kitesurf.

« L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. » C’est ce que proclame le roi Mohammed VI le lundi 24 février 2014 à Abidjan à l’occasion du Forum maroco-ivoirien. Le Maroc dispose d’atouts exceptionnels pour s’affirmer sur le continent : l’histoire, la maîtrise du français, la religion musulmane constituent autant de liens avec l’Afrique occidentale qu’il s’efforce de valoriser aujourd’hui.

L’Afrique comptera près de 2 milliards d’habitants et une classe moyenne qui dépassera les 900 000 individus en 2040. Plus de 1,1 milliard d’Africains seront en âge de travailler. En 2030, la moitié d’entre eux vivront dans des villes. Les défis du continent sont donc nombreux – alimentation, éducation, santé…

Le rayonnement de l’islam marocain

Dans cette dynamique d’éveil de l’Afrique, le Maroc s’est engagé en renouvelant ses liens avec ses voisins subsahariens. De nouvelles relations sont tissées entre le Royaume chérifien et ses voisins du sud ; un modèle de partage d’ambition basé sur la coopération équilibrée, le partage d’expériences et la volonté de contribuer au codéveloppement dans une région, convoitée mais encore peu attractive.

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Le Maroc a compris qu’il devait compter sur lui-même dans le contexte géopolitique de l’après 11 septembre. Les fondamentaux d’un projet de société ouvert sont réunis ; islam modéré, cohabitation pacifique des religions, volonté de consolidation démocratique, longue expérience de l’économie de marché… L’Afrique subsaharienne est considérée comme le prolongement naturel du Maroc dans le continent. Les relations historiques sont faites de brassages humains et culturels. L’islam est arrivé à cette région à travers les dynasties marocaines depuis l’institution de l’État du Maroc. Le Sultan Ahmed Al Mansour Eddahbi avait même érigé le Maroc en réel trait d’union entre l’Europe chrétienne et le Sud sahélien à la fin du xvie siècle. Sa conquête de Tombouctou fut un point culminant de l’influence de la dynastie saadienne en Afrique subsaharienne. Au-delà des conquêtes armées, les caravanes de commerce avaient porté les bases de ces brassages humains, culturels et cultuels.

Le lien cultuel s’est renforcé au fil des siècles jusqu’à la formation de confréries religieuses, les Tariqas[simple_tooltip content=’Tarîqa Qadirya et Tarîqa Tijanya en particulier’](1)[/simple_tooltip], qui trouvent leurs origines au Maroc et le plus gros de leurs adeptes dans les pays d’Afrique subsaharienne. Ce lien s’avère primordial dans la conjoncture de radicalisation et de développement du jihadisme en Afrique. Le Maroc porteur du « l’islam du juste milieu » a même entrepris la formation des imams pour le compte de divers pays africains (Mali, Guinée-Conakry, Côte d’Ivoire). La dimension cultuelle devient ainsi géopolitique.

L’engagement économique

Ces quinze dernières années, le Maroc a fait de son engagement au sud un axe majeur de sa diplomatie, mais surtout de sa dynamique économique.

Depuis  la Marche Verte (1975) qui avait permis au royaume de récupérer ses provinces méridionales, jusqu’alors colonie espagnole, le voisin algérien s’est activé à limiter l’influence du Maroc dans la région. Ainsi, un certain nombre de pays africains ont reconnu la RASD (République arabe sarahouie démocratique), émanation du Polisario réfugié en Algérie. Lorsqu’en 1982 l’Organisation de l’Union africaine reconnut la RASD et admit son adhésion, le Maroc quitta l’OUA en 1984, l’organisation dont il est un des fondateurs.  Il n’est toujours pas membre de l’Union africaine qui a remplacé l’OUA, et entre-temps le nombre de pays africains qui reconnaissent la RASD est passé de 28 en 1984 à 18[simple_tooltip content=’Rapport « Le Maroc en Afrique », Institut Amadeus’](2)[/simple_tooltip] en 2015.

Après plus de deux décennies de méfiance et de relations délicates, le Maroc a décidé de passer des blocages politiques au codéveloppement économique et social. Les chantiers sont nombreux. Dès son accession au trône, Mohammed VI organise pas moins de 34 visites officielles en 15 années dans différents pays de la région.

Le Mali, à titre d’exemple, n’a eu qu’une coopération timide avec le Maroc pendant plusieurs décennies[simple_tooltip content=’Le Mali de Moussa Traoré avait reconnu la RASD en 1980 sous l’influence de son voisin algérien’](3)[/simple_tooltip]. Les relations maintenues ont été dynamisées lors de la crise malienne de 2012. Le Maroc a montré son engagement aux côtés des Maliens en cherchant à assurer une sortie de crise favorisant une transition démocratique et en apportant sa contribution tant technique que financière. Les grandes entreprises y investissent et tissent leurs toiles. Dans le cas du Mali, les banques marocaines sont présentes (Banque centrale populaire, Attijariwafabank, Bank of Africa) aux côtés de l’assureur Saham Assurances et de l’opérateur télécom Maroc Télécom propriétaire de Sotelma (plus importante opération de privatisation au Mali d’un montant de 300 millions d’euros).

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Il faut dire que le Maroc a fait de la coopération technique et économique un levier essentiel de son développement au sud. Le rôle du secteur privé dans l’investissement direct est essentiel dans cette relation renouvelée. De nombreux secteurs sont représentés : mines et énergie, BTP et immobilier, TIC et Télécoms, banques et assurances, agroalimentaire… Les grands groupes marocains sont à l’avant-poste jouant le rôle de locomotives, les PME suivent à leur tour, plus lentement. Le Maroc est ainsi devenu le premier investisseur africain dans la zone CEMAC[simple_tooltip content=’La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale’](4)[/simple_tooltip] et dans la zone UEMOA[simple_tooltip content=’L’Union économique et monétaire ouest-africaine’](5)[/simple_tooltip], et le deuxième à l’échelle du continent.

Le Royaume devient ainsi un acteur régional de référence qui porte des projets ambitieux et structurants et contribue à intégrer l’Afrique occidentale dans l’économie mondiale.

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À propos de l’auteur
Thami Ghorfi

Thami Ghorfi

Président d’ESCA École de Management

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