Le lundi 1er octobre 2018, la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye met fin aux derniers espoirs des Boliviens : la plainte contre l’annexion de la façade maritime bolivienne par le Chili en 1883 est refusée, la Bolivie ne retrouvera donc pas sa façade maritime par cette voie juridique. Ce souhait de recouvrer cet accès souverain aux routes du commerce mondial, matérialisé par le dépôt d’une plainte par le président bolivien Evo Morales auprès de la CIJ en 2013, est ainsi brisé alors qu’il faisait l’objet de nombreux paris pour l’avenir en Bolivie comme dans toute la région[1].
Héritière des empires précolombiens Tiahuanaco et Incas, la Bolivie est l’une des nombreuses nations à avoir émergé de l’implosion des colonies espagnoles d’Amérique du Sud au début du XIXe siècle. D’une superficie équivalente à deux fois la France (plus d’un million de kilomètres carrés) et peuplée d’à peine plus de 11 millions d’habitants, elle est avec le Paraguay une des deux seules nations d’Amérique du Sud dépourvues d’accès à la mer. Malgré un développement soutenu et une hausse du niveau de vie des Boliviens (entre 2005 et 2013, le PIB par habitant est multiplié par 2[2]), la Bolivie se demande donc désormais vers où se tourner, puisque l’espoir qui sous-tendait la plupart de ses projets économiques vient d’être réduit à néant.
Comment la Bolivie, marquée par un passé houleux et lourd en défaites militaires, peut-elle surpasser les nombreuses crises qui la traversent actuellement, qu’elles soient politiques, ethniques, sociales ou économiques ? Que peut attendre des quinze prochaines années un pays dont la situation enclavée semble ne pas pouvoir être résolue ? L’étude de son passé s’impose afin de comprendre quelle est sa place parmi les nations d’Amérique du Sud et d’où viennent les crises majeures qu’elle affronte encore aujourd’hui. Ses futurs possibles sont pour leur part incertains, surtout à l’aune de l’échec du projet « hacía el mar » (jusqu’à la mer) : mais l’analyse des défis majeurs actuels de la Bolivie est la clef permettant de décrypter son avenir à court terme.
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I/ Héritage culturel, historique et géographique de la Bolivie
La perte de l’accès à la mer : géopolitique d’un ressentiment
Les Espagnols ont colonisé de grands pans de l’Amérique Centrale et de l’Amérique du Sud dès le XVIe siècle, remplaçant le pouvoir Inca en actuelle Bolivie par la vice-royauté espagnole du Río de la Plata. La société multiethnique qui se met alors en place voit se côtoyer en des proportions variables blancs hispaniques, indiens quechuas et aymaras et métisses, chaque ethnie ayant un rôle bien défini : les natifs sont relégués au rang de simples esclaves. De nombreuses décennies après la mise en place de ce système, la vassalisation de l’Espagne à l’Empire français de 1808 à 1814 entraîne le soulèvement opportun des élites coloniales sudaméricaines, qui repoussent tour à tour les partisans du pouvoir espagnol et les renforts envoyés depuis l’Europe. La Bolivie gagne ainsi son indépendance en 1825 au côté de nombreuses autres ex-colonies et se voit baptisée en l’honneur de Simon Bolivar (1783-1830), figure de proue des indépendantistes.
L’émergence de la nation bolivienne doit alors logiquement s’accompagner par celle d’un sentiment d’appartenance et de cohésion nationale, mais la chose est peu aisée compte tenu de plusieurs siècles d’esclavage subis par une part entière de la population : la situation ne change d’ailleurs guère dans le fond pour les Amérindiens. La période qui est suivi l’indépendance est aussi caractérisé par de nombreuses tensions internes sociales et politiques, mais également externes ; les nations nouvellement indépendantes se battant pour retracer les frontières héritées des vice-royautés espagnoles. L’ère des caudillos, ou chefs de guerre, est catastrophique pour la Bolivie. D’une superficie de 2 363 769 km² lors de sa création en 1825, la Bolivie perd le tiers de ses terres (781 188 km²) au profit de ses voisins au cours du XIXe siècle, au terme de la guerre du Pacifique (1879-1883) avec le Chili, d’un contentieux diplomatique avec l’Argentine (1897) et de la guerre de l’Acre (1899-1903) avec le Brésil[3]. L’unique accès à la mer de la Bolivie est perdu en faveur du Chili en 1883, ce qui achève son enclavement et cristallise le sentiment d’appartenance nationale autour du ressentiment contre le Chili voisin et la volonté de retrouver une fenêtre maritime. Ce souhait est la clef de lecture de la géopolitique bolivienne contemporaine.
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Intrusion des puissances étrangères
Un semblant d’équilibre géopolitique est trouvé au tournant du siècle, mais l’instabilité régionale a ouvert la porte aux puissances étrangères désireuses d’étendre leur influence sur ces nouvelles nations riches en ressources et vulnérables politiquement. Dès les années 1900, les Etats-Unis cherchent à mettre fin à l’influence européenne dans le continent tout en prenant sa place : une partie de l’Amérique Centrale et du bassin caribéen tombe sous son contrôle. La révolution russe de 1917 inspire la formation des premiers mouvements marxistes sudaméricains contre l’emprise grandissante de puissances étrangères, notamment en Argentine et au Chili. Le krach boursier de 1929 et la Guerre Froide deux décennies plus tard, sont à l’origine d’une période de crise économique et de déstabilisation politique pour la Bolivie comme pour ses voisins. Bien que cette dernière passe d’un système semi-féodal à une société fondée sur le modèle capitaliste, urbanisée et industrialisée, elle est le théâtre de l’affrontement idéologique entre les deux blocs idéologiques qui s’opposent alors. Les dictatures militaires affrontant la guérilla communiste dominent l’essentiel de la période. Le fait emblématique en est l’assassinat en Bolivie d’Ernesto Guevara (1928-1967)[4], avatar de la lutte communiste en Amérique du Sud.
Des années 1980 à nos jours, les régimes dictatoriaux cèdent la place à l’ouverture économique et aux démocraties de gauche, en Bolivie comme dans le reste du sous-continent. Le repli régional, concrétisé par exemple par l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA, 2004), est un succès : la croissance régionale au début du XXIe siècle est de 4% par an en moyenne. Cependant, un certain nombre de crises éclate en Bolivie. Crise sociale tout d’abord, contre la privatisation du gisement de gaz de Tarija (le deuxième plus grand du sous-continent) en 2005 pendant la guerre du Gaz (2005-2006). Crise ethnique et interrégionale, apaisée par l’élection d’Evo Morales en 2006, premier président d’origine amérindienne depuis le XIXe siècle. Crise politique enfin, notamment contre le retour d’influences étrangères et contre les cas de corruption de plus en plus nombreux : le président Evo Morales tente par exemple de se porter candidat aux élections présidentielles de 2019 malgré l’impossibilité constitutionnelle de le faire et l’échec de son référendum pour modifier cette constitution.
II/ La Bolivie contemporaine : entre progrès sociaux-économiques et échec sécuritaire
Fractures territoriales
Du point de vue géographique, la Bolivie partage avec le Pérou et le Chili la caractéristique d’être un pays à étages. Deux ensembles s’y opposent : les sommets de la Cordillère à l’Ouest à plus de 5 000 mètres d’altitude et les plaines basses orientales. L’Ouest andin du pays (l’Altiplano) rassemble la majorité de la population sur moins du tiers de la superficie du territoire. A l’Est, d’immenses plaines bien moins densément peuplées concentrent l’essentiel de la production agricole et énergétique[5]. Les différences économiques et sociales de ces deux régions si différentes sont l’origine de crises d’ampleur nationale, dont l’exemple le plus emblématique est celui de la révolte de la Media Luna en 2008 pendant laquelle une grande partie des départements administratifs de l’Est, à la tête desquels la ville de Santa Cruz, se mobilisent pour exiger plus d’autonomie de la part d’un Etat qui profite selon eux bien trop de leur dynamisme sans réinvestir assez dans ces régions[6]. Cette crise a également servi de biais d’expression pour les minorités amérindiennes Aymaras qui souhaitent gagner en autonomie, inspirées par les luttes d’indépendance d’autres minorités indiennes dans le sous-continent. Leurs revendications se font d’ailleurs de plus en plus pressantes depuis l’arrivée d’Evo Morales au pouvoir[7] et se conjuguent avec la vacuité des zones frontalières du pays, dont l’abandon administratif laisse proliférer les trafics illégaux et attise les volontés autonomistes[8]. Bien qu’elles ne soient pas un point de tension majeur dans la géopolitique de la Bolivie à l’heure actuelle, les revendications autonomistes peuvent potentiellement y devenir un élément de déstabilisation géopolitique à l’échelle nationale comme à l’échelle régionale.
Entre cocaïne et violence
On peut enfin ajouter aux tensions générées par cette divergence entre centre administratif et périphéries dynamiques l’autre problématique de l’opposition entre le centre et la périphérie géographiques. D’une densité de 8 habitants/km², la Bolivie est un pays peu densément peuplé. Il résulte de ces faits qu’une bande territoriale allant jusqu’à 50 km de largeur suit le tracé des frontières boliviennes, représentant environ 25% du territoire bolivien. Cet anneau de dépeuplement et de sous-développement comprend également la majorité des régions montagneuses propices à la culture de la coca, plante très ancrée dans la culture nationale mais également ingrédient principal de la culture de la cocaïne. Il en résulte que la vacuité de tout cet espace périphérique est propice à la prolifération d’une criminalité aux formes multiples mais fondée sur le trafic de cocaïne dont l’endiguement est très difficile, puisque les autorités y sont absentes. La criminalité en Bolivie, bien que plus faible que dans la plupart des pays voisins, s’en trouve de ce fait en augmentation depuis 2016[9], notamment du fait de l’annonce par le président Evo Morales au début de l’année 2017 de l’augmentation de la surface de culture légale de coca en Bolivie, qui passe de 12 000 hectares à 22 000 hectares. 90% de la production de coca de la région du Chapare étant déjà consacrée au narcotrafic, cette décision politique peut expliquer en partie la hausse de la criminalité en Bolivie ainsi que l’accélération du flot de production de cocaïne issu de ce pays, à destination de l’Amérique du Nord et de l’Europe[10]. L’Amérique du Sud génère toujours 33% de la violence publique au monde alors qu’elle ne représente que 8% de sa population[11], et la Bolivie ne saurait rester une exception dans une région où la violence est en constante hausse.
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Par conséquent, malgré ses progrès constants contrairement à la tendance régionale globale[12], la Bolivie affronte une criminalité et des volontés indépendantistes fortes sur fond de tensions économiques et sociales. La question de l’accès à la mer tenait en haleine l’essentiel de la population puisqu’elle fondait la majorité des promesses gouvernementales quant au développement de la nation. L’échec cuisant du dépôt de plainte d’Evo Morales voit donc s’effondrer le plus grand espoir des Boliviens et ternit le futur auquel ils aspiraient jusqu’alors.
III/ La Bolivie face aux enjeux du siècle
L’enjeu des communications
En dépit de l’échec de son désenclavement scellé il y a quelques mois, Evo Morales semble conserver le pouvoir fédérateur qu’il fondait jusqu’alors sur l’accès à la mer. Le projet du train biocéanique bolivien, censé joindre l’océan Pacifique à l’océan Atlantique entre le Pérou et le Brésil en passant par la Bolivie, est devenu le nouveau fer de lance des aspirations maritimes des boliviens[13]. D’autres innovations laissent présager un avenir meilleur pour la Bolivie. Le projet Mi Teleférico par exemple, mis en service en 2014, est le plus vaste réseau de téléphériques au monde et comporte aujourd’hui une demi-douzaine de lignes qui desservent jusqu’aux quartiers les plus reculés et les plus inaccessibles de La Paz, à plus de 3200 mètres d’altitude. Il a permis de réduire les temps de déplacement professionnels, la circulation de minis (les minibus, premier moyen de transport public urbain à La Paz) et l’insécurité. Ce projet se terminera à l’horizon 2030, accompagnant la hausse démographique urbaine de la capitale. De plus, il s’exporte dans le pays (Santa Cruz, Cochabamba…) mais aussi dans la région (Caracas au Venezuela, Medellin en Colombie…)[14].
L’enjeu de présence chinoise
Mais en dépit de son développement, la question de l’avenir de la Bolivie reste ouverte. La première incertitude est liée à la conservation de sa souveraineté. Outre les velléités indépendantistes grandissantes, ce sont les entreprises des pays émergents comme la Chine qui risquent de devenir les plus influentes dans le sous-continent. Le politologue bolivien Diego Ayo écrit ainsi que le gouvernement bolivien a signé pour 2,5 milliards de dollars répartis dans vingt-sept contrats avec des entreprises chinoises, leur permettant de s’implanter dans le pays. 7,5 milliards de dollars de crédits accordés par la Chine permettront à cette dernière d’installer de plus en plus d’entreprises en Bolivie, ce qui influera de manière croissante sur la politique économique et le soft power du gouvernement bolivien. Incidemment, il y aura pour l’auteur mille entreprises chinoises dans le pays en 2020, et plus aucune autonomie du gouvernement bolivien[15]. Mais par-dessus tout, c’est la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité qui sera l’objectif majeur des nations sudaméricaines à l’horizon 2030 (donc celui de la Bolivie) puisqu’elles sont freinées dans leur développement, voire ramenées des années en arrière par les effets économiques et sociaux du narcotrafic. La violence en Amérique du Sud est l’indicateur le plus édifiant et le moins optimiste pour l’avenir du sous-continent à propos de la criminalité et de la violence des sociétés latinoaméricaines. Ayant augmenté la surface légale de la plantation de coca, la Bolivie se trouve donc être au cœur du problème, mais aussi le cœur du problème.
L’enjeu de la stabilité
Face à ces problématiques, la Bolivie et sa relative stabilité politique semblait pouvoir pérenniser ses progrès, dans un sous-continent où les scandales de corruptions éclatent sans cesse et où la droite devient une nouvelle alternative à la gauche jusqu’alors toute-puissante. Cependant, les élections générales d’octobre 2019 décideront du cap que prendra le pays pour les cinq prochaines années. Le président actuel, Evo Morales, tentera de se présenter à nouveau pour poursuivre les projets économiques et sociaux qu’il a débutés, malgré le fait que la constitution bolivienne l’interdise. Face à lui, l’ex-président de droite Carlos Meta compte entre autres empêcher Evo Morales de se représenter[16]. 2019 sera donc une année charnière dans l’histoire contemporaine de la Bolivie, peut-être porteuse de changements mais certainement source de troubles.
Raphaël Fort. Ancien élève de l’ESM Saint-Cyr, officier de l’armée de terre. Cet article est issu de son mémoire de recherche « Géopolitique de l’Amérique du Sud à l’horizon 2030 » soutenu en 2018.
Une version courte a été publiée dans le numéro 22 de Conflits.
Notes
[1] Le Monde, La cour internationale de justice donne tort à la Bolivie sur un conflit de plus d’un siècle avec le Chili (https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/10/01/la-cij-donne-tort-a-la-bolivie-sur-un-conflit-de-plus-d-un-siecle-avec-le-chili_5363013_3222.html) (consulté le 26/12/2018)
[2] RAMONET Ignacio, Prodigieuse métamorphose de la Bolivie (http://www.medelu.org/Prodigieuse-metamorphose-de-la#nh4) (consulté le 26/12/2018)
[3] La Patria : pertes territoriales de la Bolivie (http://www.lapatriaenlinea.com/?nota=264305) (consulté le 15/12/2018)
[4] Ernesto Rafael Guevara (1928-1967), connu sous le nom de « Che Guevara », était un chef révolutionnaire sudaméricain d’obédience communiste durant la Guerre Froide. Il a notamment dirigé la révolution cubaine entre 1953 et 1959.
[5] PERRIER-BRUSLE Laetitia, La Bolivie à la conquête de l’Est (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/Mobil/MobilScient3.htm) (consulté le 26/12/2018)
[6] ZAJEC (Olivier), Introduction à l’analyse géopolitique : histoire, outils, méthodes, 3e édition, Monaco, Le Rocher, 2016, p. 211.
[7] Entretien avec l’analyste politique bolivien Carlos Cordero (Novembre 2017).
[8] Entretien avec le colonel José Castro de l’Armée de Terre bolivienne (Novembre 2017)
[9] CLAVEL Tristan, 2017 homicide round-up [bilan du taux d’homicides de 2017] (https://www.insightcrime.org/news/analysis/2017-homicide-round-up/) (consulté le 26/12/2018)
[10] Europe 1, La Bolivie promulgue une loi polémique doublant la surface de coca (http://www.europe1.fr/international/la-bolivie-promulgue-une-loi-polemique-doublant-la-surface-de-coca-2998145) (consulté le 01/12/2017)
[11] El Observador, Las diez ciudades más peligrosas del mundo están latinoamerica, según un informe [Les dix villes les plus dangereuses du monde sont en Amérique latine, selon un rapport] (https://www.elobservador.com.uy/las-diez-ciudades-mas-peligrosas-del-mundo-estan-latinoamerica-segun-informe-n1089848) (consulté le 04/12/2017)
[12] MARTIN-CARRILLO Sergio, America Latina en movimiento : la economía boliviana en 2019 (https://www.alainet.org/es/articulo/197220) (consulté le 15/12/2018)
[13] Agencia Efe, Bolivia dice que su tren bioceanico es una realidad [la Bolivie dit que son train biocéanique est une réalité] (https://gestion.pe/economia/bolivia-dice-tren-bioceanico-realidad-ejecutando-249076) (consulté le 26/12/2018)
[14] GONZÁLES (Nahir), « La red de teleféricos más compleja y moderna del mundo » [Le réseau téléférique le plus complet et moderne au monde] dans Correo del alba, n°68, octobre-novembre 2017, p. 10-11.
[15] AYO (Diego), Para 2020 habrán 1 000 empresas chinas en Bolivia (http://www.lostiempos.com/oh/entrevista/20160718/diego-ayo-2020-habran-1000-empresas-chinas-bolivia) (consulté le 15/12/2018)
[16] JESUS Alanoca, Carlos Mesa inscribe su candidatura y mete presion al TSE por el 21F (https://www.eldeber.com.bo/bolivia/Carlos-Mesa-inscribe-su-candidatura-y-mete-presion-al-TSE-por-el-21F-20181128-8625.html) (consulté le 22/12/2018)