Pour marquer une frontière, le cartographe trace une ligne discontinue alors que les littoraux et les fleuves bénéficient d’un trait plein. Définie par les sociétés humaines, la frontière serait-elle moins « réelle » que les éléments du relief ?
Les frontières telles que nous les connaissons se fixent réellement au XIXe siècle. Auparavant on parle de « marches », de « bordes », de « limites » [simple_tooltip content=’. Daniel Nordman, Frontières de France. De l’espace au territoire, Gallimard, 2001′](1)[/simple_tooltip]. La consolidation des États, la formation des marchés nationaux, les progrès techniques tels que ceux de la géométrie transforment ce qui était une zone indistincte en une ligne nette. Les frontières deviennent étroites, fortes, complètes. Elles sont à la fois économiques, militaires, culturelles, juridiques : les douaniers qui les surveillent, les fortifications qui les bordent, les langues qu’arborent les panneaux à l’entrée du territoire, tout en témoigne alors. Elles coïncident avec les limites de l’État-nation car ce sont les frontières nationales qui s’imposent au détriment de toutes les autres formes de limites – entre régions, langues ou religions. Elles atteignent leur apogée au XIX e siècle et au début du XX e siècle, quand ligne Maginot et ligne Siegfried se font face le long de la frontière franco-allemande.
Ce modèle européen de la frontière est exporté dans le reste du monde lors de la colonisation. L’Asie, le Proche-Orient et l’Afrique se couvrent de frontières au sens où nous entendons ce terme. Avec plus ou moins de succès comme le démontre le cas des frontières mal contrôlées de l’Afrique ou enchevêtrées du Proche-Orient.
La fin des frontières nationales ?
Notre époque serait celle de la fin des frontières.
La cause principale en est la mondialisation. Le commerce mondial est passé de 61 à 1 850 milliards de dollars entre 1950 et 2013, soit une multiplication par 30. Les droits de douane ont été progressivement réduits, tout comme le contrôle sur les mouvements de capitaux, et les flux d’investissements directs à l’étranger sont passés de 13 à 1 452 milliards de dollars entre 1970 et 2013 selon la CNUCED.
Les migrations internationales n’ont pas progressé autant, mais les crises traversées depuis 1973 ne les ont pas ralenties, au contraire, à l’inverse de ce qui s’était produit dans les années 1930. Avec elles ce sont les frontières linguistiques et culturelles qui sont atteintes. Parallèlement émerge un droit international des affaires tandis que se créent des juridictions supranationales comme le Tribunal pénal international, qui marginalisent les frontières juridiques.
Les frontières deviennent ainsi poreuses. Elles sont abaissées lors de chaque réduction des droits de douane, désarmées à la suite de la disparition du contrôle des changes, traversées par les grandes entreprises qui s’installent puis repartent au gré de leurs stratégies, survolées par les images des télé satellites, noyées dans le cyberespace, subverties par les réseaux mafieux.
Leur légitimité est contestée au nom du libéralisme économique comme du libéralisme politique. On les accuse de nous priver de tous les produits qui font notre bonheur. Que deviendrions-nous sans les tee-shirts fabriqués en Éthiopie, les iPod montés en Chine et le quinoa d’Amérique latine ? Elles entraveraient surtout des libertés fondamentales comme celle de vivre là où l’on en a envie [simple_tooltip content=’. Cf. Le Défi migratoire, dirigé par Bertrand Badie et Catherine Wihtol de Wenden, Presses de la FNSP, 1994, 185 pages. ‘](2)[/simple_tooltip].« On est né par hasard » prétend un chanteur qui se veut à la pointe des idées modernes. Alors pourquoi végéter comme un arbuste à l’endroit où l’on a été planté, comment ne pas préférer l’oiseau qui survole les territoires et qui s’établit, au gré de ses migrations, là où il le souhaite ? Un homme nouveau doit émerger, le consommateur nomade – une autre façon de parler du « bourgeois bohême ».
Ajoutons que cet hybride est un être conscient des problèmes de la planète, en particulier de la préservation de l’environnement. S’il est un phénomène qui défie les frontières humaines, c’est la nature, les nuages de fumées toxiques, les particules irradiées ou le CO2. La France de François Mitterrand et Jacques Chirac avait fait rire le monde entier en prétendant que les masses d’air irradiées venues de Tchernobyl, en 1987, s’étaient arrêtées avant l’Alsace et avaient dévié dans une autre direction. Façon de ridiculiser les frontières et leur prétention à retarder l’inéluctable et l’indispensable unité de la planète ?
Les frontières se portent bien
Et pourtant, elles tiennent bon.
Selon Michel Foucher, la longueur actuelle des frontières terrestres entre nations atteindrait plus de 250 000 kilomètres. Contrairement à l’idée reçue, elles se sont multipliées tout au long du XXe siècle : la disparition des empires comme l’Autriche-Hongrie ou l’Empire ottoman après la Seconde Guerre mondiale, la décolonisation, l’implosion de l’URSS enfin et la fragmentation qui s’ensuivit l’expliquent. Depuis 1991 seulement, 90 000 kilomètres de nouvelles frontières sont apparus, principalement à l’est de l’Europe. D’autres sont peut-être en train d’apparaître, dans le Donbass ukrainien, par exemple.
D’une certaine façon, elles sont sacralisées plus que jamais. Les nations africaines ont proclamé l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation. Les remettre en question, c’était ouvrir une boîte de Pandore, pensait-on. Sans doute le principe n’a pas toujours été respecté ; mais le sort des pays qui se’y sont risqués à modifier leur tracé (Somalie, Soudan, Érythrée) rend prudent…
En matière économique, depuis quelques années, la tendance est au renforcement des frontières, il est vrai malmenées depuis un certain temps. On découvrira dans l’article de David Colle que, contrairement à l’idée reçue, les firmes multinationales ont besoin des frontières, quitte à les manipuler et à les retourner à leur avantage. Les C’est justement l’une de ces manipulations que les mesures prises contre les paradis fiscaux visent à empêcher de telles manipulations veulent faire disparaître. Pendant ce temps, l’OMC se plaint de la remontée du protectionnisme, les experts parlent d’une « démondialisation financière » et les hommes politiques relancent le thème du « patriotisme » économique. Ces mouvements sont trop récents pour que l’on en tire des conclusions définitives, ils n’en conduisent pas moins à se montrer aussi prudents avec l’idée d’une « fin des frontières » qu’avec celle d’une « fin de l’histoire ».
Enfin, comment ne pas s’étonner de la prolifération des murs dans un monde qui se prétend ouvert, qu’il s’agisse de se protéger contre l’immigration illégale, contre le terrorisme, contre les trafics de tous ordres, contre les infiltrations ennemies ou même, si l’on évoque le « bouclier d’or » chinois, contre les informations venues de l’étranger ?
Aux États-Unis, les attentats du 11 septembre ont servi de révélateur. Les contrôles aux frontières ont été renforcés, un accord signé avec le Canada y a contribué [simple_tooltip content=’. Smart Border Declaration, décembre 2001.’](3)[/simple_tooltip]. Peut-on dire que la frontière entre ces deux économies fortement intégrées est encore l’une des plus ouvertes du monde ? Son passage coûterait l’équivalent de 4 % de la valeur des échanges, un chiffre comparable à la moyenne des droits de douane entre pays développés [simple_tooltip content=’Source : John C. Taylor et Douglas R. Robideaux, Canada-US Border Cost Impacts and Their Implication for Border Management Strategy, Policy Research Initiative, volume 6 n° 3. ‘](4)[/simple_tooltip].
L’année 2001 constitue d’ailleurs un tournant. Après une décennie dominée par l’espoir d’une « mondialisation heureuse » et par le primat de l’économisme, les attentats d’al-Qaïda marquent le retour du politique. Comme l’avoue alors Jürgen Habermas, inlassable promoteur de la disparition des frontières à l’échelle de l’Europe puis du monde : « Je ne cesse de me demander si, au regard d’événements d’une telle violence, l’ensemble de ma conception de l’activité orientée vers l’entente n’est pas en train de sombrer dans le ridicule. » On ne saurait mieux dire…
La frontière servirait-elle à quelque chose ?
Un filtre
Ligne discontinue, la frontière est à la fois lieu de passage et barrière. C’est un filtre.
En matière économique, le GATT puis l’OMC n’ont pas interdit toute mesure de contrôle : ne faut-il pas, ne serait-ce que pour vérifier l’origine des produits et des capitaux importés ainsi que leura conformité aux règles du pays en matière de sécurité ? des premiers aux règles sanitaires du pays et celle des seconds aux principes de sécurité nationale.
En matière de flux migratoires, des documents sont exigés à l’entrée du territoire, les demandes d’asile sont analysées avant d’être acceptées ou refusées, les étrangers doivent renouveler régulièrement leurs visas.
Combat d’arrière-garde s’esclafferont les partisans du nomadisme : la contrebande, les paradis fiscaux, les immigrants illégaux démontrent que les frontières n’arrêtent plus rien, qu’elles ne servent plus à rien !
C’est aller un peu vite en besogne. Que le progrès technique offre de nouvelles opportunités à tous ceux qui veulent s’affranchir des règles et des frontières est indiscutable. Mais ce qu’un progrès apporte, un autre progrès peut l’emporter. Le combat du glaive et du bouclier est sans cesse rejoué et les gardiens de la frontière améliorent sans cesse leurs armes. Le degré de sophistication croissant des murs en témoigne, mais aussi le contrôle des frontières aériennes ou le « bouclier d’or » chinois sur Internet. S’il est un domaine où les frontières ne semblent avoir aucun sens, c’est bien le monde virtuel du Web. Pourtant les différences culturelles et linguistiques contribuent à le fractionner. Et la Chine a démontré qu’elle pouvait contrôler l’accès de ses utilisateurs à la toile. Mettre sous ou sur ce paragraphe l’encadré sur les frontières aériennes et en face la page de Godement sur le bouclier d’or.
Le problème n’est donc pas de savoir si la frontière peut être gardée, ce qui peut être fait avec plus ou moins d’efficacité, tout dépend des moyens mis en œuvre. La vraie question est : « faut-il la garder ? »
À quoi servent les frontières ?
Certains espaces échappent à la logique des frontières. C’est le cas de la haute mer depuis le traité de Montego Bay en 1982 ou de l’espace spatial depuis le traité de 1963. Depuis 1959, le traité de l’Antarctique a gelé les revendications territoriales dans le sixième continent. Enfin le cyberespace n’est pas concerné par les juridictions nationales.
L’observateur espiègle notera que ces « patrimoines communs de l’humanité », ces espaces sans
frontières, se caractérisent par l’absence d’êtres humains. Comme si l’homme ne pouvait vivre sans
frontières, comme si la frontière était un élément constitutif de toute société, comme s’il existait un
besoin de frontière.
Il s’amusera aussi du projet mis en avant par la société SeaCode de San Diego qui proposait en 2005 d’installer en haute mer, au large de la Californie, des équipes d’informaticiens qui échapperaient aux taxes et aux réglementations de l’État et produiraient des logiciels à bas prix. De son côté, Jack Welch, président de General Electric jusqu’en 2001, avait proposé d’installer une usine flottante que l’on déplacerait des eaux territoriales d’un pays vers d’autres eaux territoriales en fonction de l’évolution des salaires et des lois.
La disparition des frontières libère, nous dit-on. Mais qui libère-t-elle ? Et comment ne pas penser
à la phrase souvent citée d’Henri Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre,
entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » ?
Les exemples que nous avons donnés parlent d’eux-mêmes. Qui rêve sérieusement d’un monde de contrebande, de fraude fiscale et d’immigration sans limites, d’usines déplacées le long des côtes ou à travers les territoires, sinon ceux qui en tirent profit ? Pour tous les autres la frontière est vue comme une protection que rendent nécessaire les dérives de la mondialisation, pour ne pas parler de délires dans le dernier cas. Rien n’a changé depuis les nomades et les sédentaires. Du haut de leurs chevaux ou de leurs dromadaires, les seigneurs du désert ou de la steppe ont fière allure, ils séduisent par leur goût de l’aventure et leur esprit de liberté. Mais pour vivre ils dépendent des sédentaires, humbles cultivateurs noirs ou chinois courbés sur la glèbe, qu’ils pillent à intervalles réguliers. En biologie, ce comportement porte le nom de parasitisme.
Le problème n’est pas seulement économique, social ou sécuritaire. Dans la mesure où la mondialisation menace de laminer les identités, affirmer la frontière, c’est s’affirmer comme un peuple original, différent des autres. La décolonisation, nous l’avons dit, a plus que tout autre phénomène multiplié les frontières au XXe siècle ; et c’est justement cela qu’elle signifiait, le droit d’un peuple différent des autres à disposer de son pays. Qui a jamais traité l’Algérie ou la Tanzanie de « pays rances », « moisis » ou « frileux » parce qu’ils voulaient affirmer leur identité à l’abri des frontières qu’ils voulaient édifiaient ? Quant à la Grande Muraille de Chine, son grand mérite n’est pas d’avoir protégé la Chine du Nord des nomades pillards d’Asie centrale – elle les a freinés sans les arrêter totalement. Sur le fond, elle symbolise la pérennité de l’Empire du Milieu et donne « un axe et un pivot » à son identité selon la formule de Michel Jan.
La frontière est un filtre. Cela signifie qu’elle ne bloque pas les échanges et les flux, mais qu’elle les sélectionne. Établir des frontières, les renforcer même, ce n’est pas choisir l’autarcie, contrairement à ce que prétendent des critiques de mauvaise foi,, mais c’est contrôler ce qui vient de l’extérieur. Comme le signale Régis Debray, la frontière n’est pas un mur, elle est même à ses yeux elle constitue au contraire le remède à la prolifération de murs. Tahar ben Jelloul commente et approuve : les Palestiniens, selon lui, ont besoin de frontières afin de voir leur identité reconnue, et justement pour riposter au mur qu’Israël construit pour se séparer d’eux. La frontière ne devient mur que dans le cas de menaces extrêmes, quand il s’agit de guerre et de morts. C’est justement, aux yeux des Israéliens, ce qui justifie leur mur.
Des frontières nouvelles
Les frontières persistent ; elles se durcissent parfois au risque de devenir murs. Surtout elles changent.
Elles doivent d’abord composer avec d’autres frontières. Notre propos concerne les frontières nationales, mais il faut signaler l’émergence de frontières régionales que la décentralisation renforce, en tout cas dans les pays européens, ou de frontières entre blocs commerciaux comme l’ALENA nord-américaine ou l’ASEAN du Sud-Est de l’Asie. L’Union européenne fournit le meilleur exemple de cet enchevêtrement de frontières qu’a sanctionné le principe de subsidiarité cher à Jacques Delors : à chaque niveau ses responsabilités et ses compétences, mais aussi ses instances de décision. Ici l’emboîtement des frontières est un emboîtement des souverainetés.
Plus généralement, on assiste à une dissociation des fonctions de la frontière – au sens large du terme « frontière » [simple_tooltip content=’On devrait plutôt parler de « limites » pour conserver un discours rigoureux, mais l’usage s’est imposé.’](5)[/simple_tooltip]. Sur le plan économique, les frontières nationales doivent composer avec les limites des blocs économiques régionaux ; sur le pan culturel avec celles des grandes civilisations comme des territoires régionaux les plus étroits ; sur le plan social avec la séparation entre quartiers riches et pauvres. Admirez le paradoxe : autrefois, les frontières étaient réputées fermées, mais on pouvait entrer dans tous les immeubles parisiens. Aujourd’hui, cette France d’avant, « rassie » et « repliée sur elle-même » selon ses détracteurs, s’est ouverte au monde, mais il faut connaître le digicode pour rendre visite à un ami ! Et partout se créent des « communautés fermées » où se rassemblent ceux qui veulent vivre entre eux.
Les frontières nationales doivent tenir compte de toutes ces lignes de démarcation mais elles gardent leur prééminence. Leur premier rôle est de marquer les limites d’un droit et d’une souveraineté. Sans doute cette souveraineté est-elle variable – totale ou presque pour les plus grandes puissances comme les États-Unis ou la Chine, partielle dans le cas des pays européens qui en ont transféré une part à l’Union, faible si l’on envisage les micro-États à la merci des plus forts.
La frontière nationale possède un élément de supériorité qui manque à toutes les autres limites : la légitimité. Cette légitimité vient de l’intérieur, c’est la reconnaissance d’un peuple qui en fait les limites de son territoire et voit en elles un abri ; elle vient aussi de l’extérieur, des traités signés par la nation et du droit international qui la garantit. C’est la plus légitime, et la plus noble, des frontières. Sans doute « mourir pour la patrie » n’est plus considéré par beaucoup comme un « si noble sort » comme le déclamait l’Horace de Corneille ; mais mourir pour son appartement au pied de son digicode…
Intelligentes et profondes
Après les attentats du 11 septembre, le président Bush lança un programme de smart border, de frontière intelligente capable de remplir son rôle : reconnaître ce qu’il faut empêcher de passer et le retenir. Les techniques les plus modernes sont mobilisées. Le résultat est la multiplication des murs à travers la planète, hérissées des caméras, de senteurs, d’appareils à rayons X et surveillés par des drones.
« La frontière nationale possède un élément de supériorité qui manque à toutes les autres limites : la légitimité. Qui vient de la reconnaissance d’un peuple qui en fait les bornes de son territoire »
En même temps, la frontière s’épaissit. Il s’agit d’une riposte à la pénétration des territoires par les réseaux. L’immigrant clandestin arrive au cœur même du pays, dans les aéroports des grandes villes. Les FMN installent leurs filiales où elles y trouvent leur intérêt, jusque dans les régions les plus périphériques. Le Web est accessible dans le village le plus isolé.
En réaction, les contrôles s’étendent de plus en plus dans l’espace. À l’intérieur du territoire avec la police aux frontières qui s’installe particulièrement dans les aéroports. Avant même l’arrivée sur le territoire surtout, avec les visas délivrés dans les consulats à l’étranger. Le Royaume-Uni a obtenu encore plus lors des accords du Touquet de 2003 : les contrôles d’immigration doivent être effectués de l’autre côté de la Manche, en France, et c’est à cette dernière de gérer le problème des immigrants illégaux de Calais. Dans le même esprit, les États-Unis exigent que le contrôle des conteneurs qui leur sont destinés soit effectué à l’étranger, dans les ports d’où partent les navires qui les transportent.
Ainsi la notion de frontière nationale change-t-elle à nouveau, comme elle l’avait fait au XVIIe , puis au XIXe siècle. Aujourd’hui, la frontière est partout, elle est le « front de la mondialisation » selon la formule de Jorge Bustamande. Elle s’étend en profondeur et s’épaissit. Elle devient technique et même « intelligente ». Au château du Moyen Âge succède la forteresse à la Vauban : des murailles moins élevées, avec des avancées et des retraits, des glacis pour mieux observer, un entrelacs de fortifications emboîtées.
La frontière se modernise, elle se modifie, elle se complexifie. Elle ne disparaît pas.