La Chine conquérante, de Jacques Gravereau

30 octobre 2017

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La Chine conquérante

La Chine conquérante

C’est le regard d’un observateur averti que nous propose dans son dernier ouvrage Jacques Gravereau, fondateur à HEC de l’institut Eurasia. Pourtant, le lecteur attentif à l’actualité chinoise ne devrait pas être surpris par un état des lieux presque convenu, à l’heure où la croissance de la Chine ralentit, obscurcissant son avenir.

La seconde puissance du monde y apparaît comme le pays de l’horreur écologique qui se livre au pillage des ressources du monde et comme un « Empire du fric » au service d’une caste héréditaire digne de l’Ancien régime qui fonctionne dans une logique de réseaux, de népotisme et de corruption généralisée. Pays à l’étrange « État de droit socialiste aux caractéristiques chinoises » et à l’information verrouillée, la Chine méprise les normes de qualité les plus élémentaires au risque de scandales majeurs… auprès des Chinois eux-mêmes qui désespèrent des « trois serpents » que sont la violence de la police, le coût de la santé et celui de l’éducation.

« Un moteur de Ferrari couplé à un embrayage de 2 CV », tel est le bilan de Gravereau. Du coup la Chine ne saurait selon lui accéder au rang auquel elle aspire. Et cela d’autant plus qu’elle inquiète, par sa volonté de puissance, ses voisins qui recherchent une contre-assurance américaine. Fasciné par elle-même mais sans réel soft power, elle ne devrait donc pas devenir l’hyperpuissance qu’elle croit déjà être. L’auteur voit d’ailleurs peu de raisons pour que les choses changent à court terme dans la mesure où les changements ne sauraient que venir des Chinois eux-mêmes dont les élites expatriées ne montrent pas, à l’inverse de ce que prône la morale confucéenne, un enthousiasme excessif à revenir dans la mère patrie.

Réduire l’ouvrage de Gravereau à l’expression d’un consensus universitaire serait pourtant très excessif. Extrêmement vivant, il se présente comme le vécu d’un homme qui est « allé à la Chine » et en possède une connaissance intime.  Mode de pensée, passé et présent sont ainsi restitués d’une main sûre dans une dynamique parfois filmique qui ne faiblit pas au fil du récit. L’ouvrage, ce qui n’est guère surprenant non plus en raison du cursus de son auteur, peut également être lu comme un vade-mecum des embrouilles et des pièges chinois…

M.N.

[colored_box bgColor= »#DCEDC8″ textColor= »#222222″]Jacques Gravereau, La Chine conquérante, Éd. Eyrolles, janvier 2017, 284 pages, 19 euros.[/colored_box]

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