Les États-Unis connaissent une augmentation continue du recours aux travailleurs agricoles saisonniers étrangers. Ces travailleurs sont embauchés sous le visa H-2A, qui permet aux employeurs de recruter de la main-d’œuvre étrangère temporaire à condition de prouver qu’ils ne peuvent pas embaucher suffisamment de travailleurs locaux.
Selon le Département américain de l’Agriculture (USDA), environ 370 000 emplois temporaires ont été certifiés en 2023 dans le cadre de ce programme, soit plus de sept fois le nombre certifié en 2005 et le double de celui de 2016. En 2024, selon le Bureau américain de certification de la main-d’œuvre étrangère, le nombre de postes certifiés a atteint 331 811 entre janvier et septembre.
Une croissance soutenue par la demande agricole
Cette progression reflète le vieillissement de la main-d’œuvre agricole américaine, la diminution du nombre de travailleurs locaux acceptant ces emplois et la dépendance croissante du secteur aux travailleurs saisonniers étrangers, notamment originaires du Mexique et d’Amérique centrale.
Les États les plus demandeurs de main-d’œuvre étrangère sont la Floride, la Californie, Washington, la Géorgie et la Caroline du Nord, qui concentrent une grande partie des emplois agricoles saisonniers. En 2024, selon la Fédération américaine du Bureau de l’Agriculture (AFBF), la Floride est restée le plus grand employeur de travailleurs H-2A, avec 47 396 postes certifiés, représentant 12,3 % de tous les postes certifiés.
Défis et controverses autour du programme H-2A
Malgré son rôle central dans l’agriculture américaine, le programme H-2A fait face à de nombreuses critiques. Les conditions de travail des saisonniers sont régulièrement dénoncées par des organisations de défense des droits des travailleurs, qui pointent du doigt des salaires bas, un hébergement précaire et un accès limité aux soins de santé.
Les récents débats politiques autour de l’immigration ont également mis en lumière la nécessité de réformer le programme H-2A. Alors que certains législateurs plaident pour une simplification des démarches administratives pour les employeurs, d’autres souhaitent renforcer la protection des travailleurs et imposer des contrôles plus stricts sur les conditions de travail. En août 2024, selon Reuters, un juge fédéral en Géorgie a bloqué une règle de l’administration Biden visant à interdire les représailles contre les travailleurs H-2A tentant de former des syndicats, soulignant les défis juridiques entourant la protection des droits des travailleurs agricoles.
Un enjeu économique et politique majeur
Avec la montée des restrictions sur l’immigration et les tensions sur le marché du travail, le programme H-2A reste un sujet central dans les discussions sur l’avenir du secteur agricole américain. La dépendance croissante aux travailleurs étrangers souligne les limites du marché du travail national et pose la question de la pérennité d’un modèle basé sur une main-d’œuvre étrangère et temporaire.
Alors que la demande pour ces permis devrait continuer d’augmenter, les États-Unis devront arbitrer entre protéger leur production agricole, garantir des conditions de travail acceptables et encadrer strictement l’immigration temporaire. Selon la Fédération américaine du Bureau de l’Agriculture, les récentes augmentations des frais de pétition H-2A, qui ont grimpé de 65 % à 267 % en 2024, ajoutent une pression supplémentaire sur les employeurs agricoles, rendant le programme encore plus coûteux et complexe à mettre en œuvre.
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