<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Série d’été – Bataille de Dreux (1562)

8 juillet 2024

Temps de lecture : 4 minutes
Photo : Bataille de Dreux. Enluminure du manuscrit Carmen de tristibus Galliae, 1577. (c) Wikipedia
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Série d’été – Bataille de Dreux (1562)

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Le XVIe siècle est marqué par l’émergence de la religion protestante en Europe. La France, « fille aînée de l’Église », est rapidement divisée entre catholiques et protestants calvinistes. Alors que le Concile de Trente vient d’aboutir et que la Contre-réforme est mise en place par le Saint-Siège, de sanglantes guerres de religion éclatent sur le royaume de France. 

L’avènement du protestantisme en France

Alors que les idées protestantes se développent à travers l’Europe sous l’impulsion de Martin Luther, elles sont reprises dans le royaume de France par Jean Calvin. Ces dernières, qui appellent à une réforme de la religion catholique, sont surtout diffusées dans les universités. Si elles sont très rapidement jugées hérétiques, François Ier ne s’oppose pas directement aux idées protestantes, étant donné qu’il est lui-même en guerre contre le Saint-Siège et cherche à s’allier à la Ligue de Smalkades pour faire face à Charles Quint. Pourtant, ce manque de répression prend un nouveau tournant avec l’Affaire des Placards, en 1534. La fin de règne de François Ier est dès lors marquée par un durcissement dans la répression envers la religion réformée. 

La répression de la nouvelle religion

Dès 1540, les Édits contre les protestants se multiplient. L’Édit de Fontainebleau (1540) accorde au parlement le droit de traiter les cas d’hérésie, l’Édit de Chateaubriand (1551) coordonne la lutte législative contre la religion réformée, celui de Compiègne (1557) met en place la peine de mort pour les cas d’hérésie, tandis que l’Édit d’Ecouen (1559) oblige les protestants à abjurer leur foi sous peine de mort. Mais les mesures s’avèrent peu suivies et les deux camps semblent prêts à l’affrontement. La régence de Catherine de Médicis permet alors de ramener un certain calme et sa volonté de stabiliser les tensions lui fera signer l’Édit de tolérance de Saint-Germain, ou Édit de Janvier, en janvier 1562. Celui-ci, comme son nom l’indique, est un édit de tolérance qui reconnaît officiellement aux protestants le droit de s’assembler pour leur culte en dehors des enceintes des villes. 

Le massacre de Wassy : une étape clé 

Alors que la tension est forte entre les camps catholiques et protestants, le massacre de Wassy va être l’élément déclencheur de la première guerre de religion. Le 1er mars 1562, les troupes du Duc de Guise surprennent des protestants en train de célébrer leur culte à l’intérieur de la ville et les massacrent. Ils feront une cinquantaine de morts, ce qui aura pour conséquence de déclencher la marche à la première guerre de religion dans le royaume de France.  

Massacre de Wassy, 1er mars 1562, gravure de Tortorel et Perrissin. (c) Wikipedia

Les forces opposées 

Quelques mois après le massacre de Wassy, le 19 décembre 1562, la ville de Dreux est le premier théâtre des sanglants combats entre catholiques et protestants. S’y opposent l’armée catholique et royale, menée par le triumvirat composé de Anne de Montmorency, le duc de Guise et Jacques d’Albon de Saint-André, aux forces protestantes réformées, les « huguenots », sous le commandement du Prince de Condé et de l’Amiral de Coligny. Les huguenots ont aussi le soutien de l’étranger, car ils sont appuyés par l’Angleterre et des mercenaires allemands dans leur lutte contre le pouvoir royal catholique. C’est d’ailleurs pour profiter du soutien financier et matériel venu d’Angleterre que les forces protestantes se dirigent vers Le Havre, en Normandie, dès décembre 1562, plutôt que de marcher vers Paris ou Chartres. 

Les troupes au moment de la bataille de Dreux sont composées, du côté protestant, de 13 000 hommes, dont 5 000 cavaliers, et du côté de l’armée royale de 18 000 hommes, dont 2 500 cavaliers. Ces troupes étaient composées en majorité d’étrangers puisqu’il y avait essentiellement des Allemands chez les huguenots (entre 4 000 et 5 000 lansquenets), mais aussi dans l’armée royale et catholique (4 000 lansquenets allemands). À cela s’ajoutent les troupes suisses en très grand nombre du côté catholique, environ 6 000 hommes, et espagnoles (2 000 soldats). 

Les deux armées se font face le 19 décembre 1562 au sud-est de Dreux, dans l’actuelle commune de Marville-Moutiers-Brûle. Le champ de bataille est une grande plaine qui s’étend entre Nuisement au nord, l’Épinay à l’ouest, Blainville à l’est et Imbermais et Marville au sud. 

Déroulement de la bataille 

Le 19 décembre 1562 au matin, les troupes catholiques et royales du Duc de Guise s’étendent sur 1,5 kilomètre de large entre l’Épinay et Blainville. Leur objectif est simple : bloquer la route des forces protestantes menées par le Prince de Condé et le forcer à engager le combat. Vers midi, les deux blocs entrent en collision. 

Ordre de bataille des deux armées, gravure de Perissin et Tortorel. (c) Wikipedia

Le connétable de Montmorency, impatient de monter à l’assaut, sera fait prisonnier par les mercenaires allemands protestants dès la première charge. Celle-ci se solde en une déroute pour les forces catholiques qui, pourtant solidement appuyées par les gardes suisses, sont contraintes de fuir, poursuivies par les hommes du Prince de Condé et de Coligny. 

Mais la victoire n’est pas encore protestante, car les troupes de François de Guise et de Saint-André ne sont pas engagées dans le combat et demeurent encore en ordre de bataille. La contre-attaque des bataillons de l’aile droite catholique sur les protestants, qui ont pourtant réussi à atteindre Nuisement pour certains, les disperse. Le prince de Condé est fait prisonnier par les troupes du duc de Guise et d’Albon de Saint-André, laissant Coligny seul à la tête des forces huguenotes. 

Dans la déroute, l’amiral de Coligny sonne la retraite de ses troupes. Les forces catholiques et royales sortent vainqueures de la bataille, après plus de 4 heures de combat acharné et ayant perdu le connétable de Montmorency, fait prisonnier, et le maréchal de Saint-André, mort au combat. On recense environ 8 000 morts lors de cette journée du 19 décembre 1562. 

À la suite de la bataille, l’armée catholique et royale, sous le seul commandement du duc de Guise, fait route vers Orléans pour y mettre le siège. La paix sera finalement conclue le 19 mars 1563, avec l’édit de pacification d’Amboise, qui autorise le culte protestant. 

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Côme du Cluzel

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