Colloque de la pensée militaire, la guerre de demain ? 

28 mai 2024

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Exercice historico-tactique en commemoration des 80 ans des combats de 1944 dans les Alpes, Glieres, 6 avril 2024. (C) Sipa

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Colloque de la pensée militaire, la guerre de demain ? 

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Le mardi 7 mai 2024, un colloque s’est tenu à l’École Militaire, organisé conjointement par la Direction Générale de l’Armement (DGA) et le Commandement du Combat Futur (CCF). L’objectif de ce colloque était d’anticiper les défis à relever dans les conflits futurs et d’évaluer les capacités opérationnelles de l’armée de terre dans un contexte de surcharge opérationnelle.

Le mardi 7 mai 2024, un colloque s’est tenu à l’École Militaire, organisé conjointement par la Direction Générale de l’Armement (DGA) et le Commandement du Combat Futur (CCF). Invasion de l’Estonie par la Russie, dégradation de la situation au Liban, situation extrêmement tendue en France, trois scénarios susceptibles de provoquer un engagement massif des forces opérationnelles terrestres ont été examinés. L’objectif de ce colloque était d’anticiper les défis à relever dans les conflits futurs et d’évaluer les capacités opérationnelles de l’armée de terre dans un contexte de surcharge opérationnelle.

DGA – CCF, une réflexion complémentaire. 

Alors que la Direction Générale de l’Armement (DGA) a pour mission d’orienter les efforts d’innovation pour préparer l’avenir des systèmes de défense français et équiper les forces armées, le Commandement des Forces du Futur (CCF) est le référent en matière d’innovation dans toutes ses dimensions pour faire face aux combats de demain. Ces deux entités collaborent sur divers projets et réflexions, comme cela est le cas avec le programme « Horizon de combat », conçu pour aider les décideurs politiques à anticiper les défis de la défense future.

Après plusieurs mois de réflexion et de travail, sollicitant experts de la défense, scénaristes et illustrateurs, un colloque sur la guerre de demain s’est tenu à l’École de guerre, présentant trois scénarios hypothétiques.

Scénario 1 : Invasion des pays baltes par la Russie 

Nous sommes le 11 septembre 2026. Après avoir stabilisé le front en Ukraine et revigoré son armée, la Fédération de Russie déclenche un nouveau conflit en envahissant les pays baltes. La vigilance des États baltes face aux ambitions de la Russie n’a pas suffi à dissuader Vladimir Poutine de vouloir imposer des gouvernements à sa solde dans ces trois pays.

Face à cette agression, l’OTAN active l’article 5 qui stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué¹. Ainsi, les pays membres de l’Alliance sont engagés à venir en aide aux pays baltes envahis par la Russie. 

L’opération Baltic Shield est déclenchée. Elle comprend trois phases : le renforcement des troupes pré-positionnées, le déploiement de renforts aux portes de l’Estonie, et la sécurisation de la frontière entre la Pologne et les pays baltes.

En France, le président de la République ordonne l’envoi de la 1re division pour ralentir la progression des forces russes dans les pays baltes. Ainsi, alors que 25 000 soldats sont déployés sur le front de l’Est, 25 000 autres s’entraînent et restent en alerte, prêts à relever leurs camarades. Ainsi, l’engagement dans les pays baltes nécessite une force de 50 000 hommes, sur un total de 77 000 militaires opérationnelles de l’armée de Terre.

Scénario 2 : Crise politique au Liban

À la suite de la guerre civile libanaise entre 1975 et 1990, à la crise économique qui sévit depuis 2018, au contexte régional tendu pendant la guerre civile en Syrie, puis aux attaques du 7 octobre 2023 et à la réponse militaire israélienne dans la bande de Gaza, le fragile équilibre de la région est à nouveau perturbé. Face à cette situation, la France intervient militairement pour prévenir un second front d’envergure et un embrasement généralisé au Moyen-Orient. Cette intervention fait suite à une demande d’aide du gouvernement libanais, visant à renforcer la sécurité à la frontière libano-syrienne et à participer aux missions de sécurité intérieure.

Ainsi, dès février 2027, 4 500 soldats français sont envoyés dans le cadre de la mission « Paix au Liban ». 

Scénario 3 : Guerre civile en France

À partir de 2026, l’engagement des forces françaises dans les pays baltes devient un facteur de tension au sein de la population française, une situation exacerbée par l’intervention au Liban en février 2027. La situation politique intérieure est extrêmement tendue : attentats, mouvements de contestation sociale, et émeutes urbaines se multiplient. La montée en puissance des armes en circulation aggrave encore la situation. Pendant ce temps, les Russes mènent une guerre hybride qui perturbe les chaînes d’approvisionnement vers les pays baltes en ciblant des infrastructures clés. En même temps, les industries de défense peinent à suivre le rythme imposé par l’engagement massif des troupes terrestres. 

En réponse à cette crise multiple, l’état d’urgence est décrété et 10 000 soldats sont déployés sur le territoire français pour maintenir l’ordre et assurer la sécurité intérieure.

Une réflexion globale 

Avec le retour de la guerre en Europe, à Gaza, et la montée en intensité des conflits, ces trois scénarios ont permis d’envisager une armée française en surcharge opérationnelle dans un contexte social extrêmement tendu en France. Cependant, cette réflexion doctrinale ne s’est pas limitée à un engagement militaire pur et dur, mais a aussi insisté sur la nécessité d’un soutien populaire.

Dans un contexte de tensions sociales et politiques extrêmes en France, marqué par des attentats, l’anarchie, et des cyber-attaques, la question de l’unité nationale a alimenté le débat. Grâce aux réflexions des experts, il est ressorti qu’en dépit de la fracture sociale en France, la nation pouvait se rassembler pour soutenir l’effort de guerre. Il a été admis que cela relevait cependant du rôle du politique et de son travail de communication pour élucider l’engagement des troupes françaises.

Cependant, il est important de rappeler que l’unité nationale ne peut être obtenue que si les fondements sont jugés légitimes et vitaux pour la France.

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Alban de Soos

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