Élections régionales catalanes de 2024 : la fin de l’ère séparatiste ?

13 mai 2024

Temps de lecture : 11 minutes

Photo : Des partisans du leader separatiste catalan et candidat du parti politique Junts per Catalunya - JxCat, Carles Puigdemont, tiennent des banderoles en attendant le debut d un rassemblement de campagne dans la ville d Argeles-sur-Mer, le 4 mai 2024.//ALAINROBERT_1Y8A1763/Credit:Alain ROBERT/SIPA/2405051637

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Élections régionales catalanes de 2024 : la fin de l’ère séparatiste ?

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Les socialistes sont arrivés en tête en Catalogne mais sans majorité absolue ils devront s’appuyer sur les sécessionnistes. Les questions politiques et autonomistes occultent la situation sociale et économique de la Catalogne, qui ne cesse de se dégrader.

Un arrière-plan séparatiste qui déteint sur toute l’Espagne

La Catalogne est probablement la communauté autonome espagnole qui a le plus fait parler d’elle ces dernières années. Au-delà de la célébrité qui est la sienne grâce à ses plages touristiques, ses paysages de plaines ou de montagnes, ses monuments emblématiques et sa gastronomie, la région d’Espagne la plus visitée par les étrangers chaque année (plus de 18 millions de touristes en 2023, soit quasiment 21 % du total national) a été agitée depuis 2012 par un mouvement séparatiste qui a fait la une des médias du monde entier.

Des grandes manifestations indépendantistes de la Diada (fête catalane célébrée le 11 septembre) jusqu’au référendum sécessionniste du 1er octobre 2017 en passant par la consultation du 9 novembre 2014 ou encore la suspension temporaire de son autonomie entre octobre 2017 et mai 2018, la chronologie catalane de la décennie écoulée a été pour le moins agitée. La division au sein de la société régionale entre indépendantiste et anti-indépendantistes a également entraîné des débats enflammés dans le reste de l’Espagne concernant l’unité historique du pays et son avenir. Sans le séparatisme catalan, on ne saurait comprendre l’émergence du parti de droite « radicale » Vox, le déclin relatif de l’économie de la Catalogne (notamment vis-à-vis de celle de la Communauté de Madrid), l’opposition toujours plus acharnée entre droite et gauche ou encore la stratégie de Pedro Sánchez pour conserver son poste de président du gouvernement.

La crise du mois de mars

Ce dernier a d’ailleurs été pris de court par l’annonce faite au mois de mars 2024 de la dissolution anticipée du Parlement régional catalan. Il était en effet en pleines négociations avec de nombreuses formations représentées au Congrès des députés (dont les partis indépendantistes catalans et basques) pour faire voter le budget de l’État correspondant à l’année en cours. L’organisation d’un scrutin le 12 mai l’a forcé à paralyser les démarches en ce sens et à renoncer à présenter un autre budget avant 2025.

De fait, les prochaines élections catalanes auraient dû se tenir vers mars de l’année prochaine, quatre ans après les précédentes. À l’issue de ces dernières, un pacte de gouvernement avait été conclu entre les trois principales formations sécessionnistes : la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), les conservateurs d’Ensemble pour la Catalogne (JxCat ou Junts) et la gauche « radicale » de la Candidature d’Unité populaire (CUP). Pere Aragonès, de l’ERC, avait ainsi pu conserver son poste de président de la Généralité de Catalogne, qu’il occupait depuis 2020 à titre transitoire.

Dans un contexte d’essoufflement du mouvement indépendantiste et de dissensions de plus en plus forte entre l’ERC et Junts, la rupture entre ces deux formations d’importance a été officialisée en octobre 2022, laissant Aragonès gouverner en minorité. Pendant un an et demi environ, le président régional a dû s’appuyer sur le soutien ponctuel du Parti des Socialistes catalans (PSC) ainsi que de Catalogne en Commun, liste régionale proche de la gauche « radicale » d’Unidas Podemos.

C’est notamment ce jeune dirigeant (il est né en 1982) qui a dû gérer le dialogue avec le gouvernement central présidé par le social-démocrate Pedro Sánchez, lequel était satisfait de trouver à Barcelone un interlocuteur dont il pouvait obtenir un soutien au niveau national en échange de concessions de plus en plus considérables.

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Ainsi donc, Pere Aragonès a favorablement accueilli la grâce des anciens responsables sécessionnistes emprisonnés pour l’organisation du référendum illégal de 2017 en juin 2022. Il a également été le principal partenaire du chef de l’exécutif espagnol dans le cadre de la « table de dialogue » (mesa de diálogo) mise en œuvre dans le but déclaré de « régler le conflit entre Madrid et Barcelone ». Il a également été à la manœuvre, aux côtés de JxCat, afin d’obtenir du cabinet socialiste l’amnistie de l’ensemble des personnalités impliquées dans les troubles indépendantistes d’il y a sept ans, y compris celles convaincues de faits de détournement de fonds ou de terrorisme.

Il a en effet lancé une nouvelle offensive en mars 2024 afin d’obtenir davantage de compétences pour la Catalogne, notamment en matière financière. Il a ainsi repris à son compte une vieille exigence du séparatisme catalan consistant à exiger un « concert fiscal » comparable à celui dont bénéficient déjà le Pays basque et la Navarre. Il s’agirait ainsi pour les autorités de la Généralité d’obtenir le recouvrement de l’ensemble des impôts dans la communauté autonome et de négocier ensuite avec l’État une quote-part (cupo) à lui reverser. Si une telle décision était prise, elle accentuerait encore les inégalités entre régions espagnoles, mettant fin de facto à la solidarité interterritoriale. Il n’est donc pas étonnant que certaines autonomies moins riches, comme l’Andalousie (dirigée par la droite du Parti populaire), soient immédiatement montées au créneau face à une telle demande.

Toutefois, cette requête n’a rien de surprenant lorsque l’on sait qu’elle vient de l’homme qui a lancé en 2003 la campagne Espanya ens roba (« L’Espagne nous vole », en catalan), visant à convaincre les citoyens catalans de la nocivité du système de répartition financière entre communautés autonomes espagnoles. Un slogan qui n’est pas sans rappeler celui que l’ancienne Ligue du Nord avait lancé en Italie contre « Rome la voleuse »…

Aussi habile soit-il dans son dialogue avec Madrid, Pere Aragonès a cependant été confronté à son état de minorité au Parlement régional sortant lors du vote du budget correspondant à l’année 2024. Cette loi de finances n’a en effet été approuvée que par l’ERC et les socialistes, alors qu’il aurait au moins fallu les voix supplémentaires de Catalogne en Commun pour l’adopter. Or, la gauche « radicale » a reproché au président de la Généralité de défendre un projet polémique mené par la chaîne de restauration britannique Hard Rock sur la côte méditerranéenne à Tarragone (sud de la Catalogne). Ce programme, qui visait à construire des hôtels et un casino sur le front de mer, suscite bien des oppositions pour des raisons environnementales et économiques, la gauche accusant Pere Aragonès de vouloir transformer la zone en une sorte de Las Vegas local.

Des rivalités internes

Considérant la confiance des députés catalans perdue, le président régional a donc annoncé la tenue de nouvelles élections. La décision a été d’autant plus rapide à prendre que le dirigeant souhaitait couper l’herbe sous le pied de ses rivaux de Junts. La loi d’amnistie adoptée par le Congrès des députés (chambre basse du Parlement espagnol) ne pourra en effet s’appliquer de manière immédiate. Elle doit encore être examinée par le Sénat, où le Parti populaire dispose de la majorité absolue. Si les sénateurs n’ont jamais le dernier mot en matière législative, ils sont en revanche capables de retarder l’entrée en vigueur d’un texte pendant deux mois. Par ailleurs, de nombreux recours auprès de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, voire de la Cour de justice de l’Union européenne pourront aussi être déposés, empêchant la loi d’être appliquée.

Parmi les effets d’un tel ajournement du pardon de l’État, l’ancien président régional catalan Carles Puigdemont (2016-2017), qui a fui les tribunaux espagnols pour s’installer en Belgique, ne pourrait pas rentrer en Espagne pour y faire campagne sans être arrêté par les forces de l’ordre. Or, Pere Aragonès n’ignorait pas, en faisant son annonce, que l’homme fort d’Ensemble pour la Catalogne reste extrêmement populaire dans une large partie de l’indépendantisme catalan. Il fait même l’objet d’un véritable culte de la personnalité chez les plus radicaux. Son arrestation en Espagne pouvait galvaniser Junts et en faire la première formation au sein de l’indépendantisme, privant l’ERC de la présidence de la Généralité.

La question de la candidature de Carles Puigdemont restait également ouverte. Formellement inscrit au recensement en Catalogne, l’ancien responsable sécessionniste ne résidait plus en Espagne depuis 2017 alors qu’il est nécessaire, outre-Pyrénées, d’accréditer d’un lien réel avec une province afin de s’y présenter sur une liste électorale.

La campagne et ses perspectives

Toutes ces incertitudes s’ajoutent à la lutte pour le pouvoir qui se joue non seulement entre l’ERC et JxCat mais aussi avec le Parti des socialistes catalans, arrivés en tête du scrutin régional en 2021. La tête de liste sociale-démocrate sur place, Salvador Illa, a été ministre espagnol de la Santé entre 2020 et 2021. Il s’agit d’un proche de Pedro Sánchez que ce dernier aimerait voir présider la Catalogne. Toutefois, il était très difficile d’assurer au PSC la première place à l’issue du scrutin et, plus encore, de lui garantir la formation d’un gouvernement autour d’Illa.

De nombreuses configurations étaient en effet envisageables à la veille de l’élection :

  • une majorité de « gauche » autour des socialistes, de l’ERC et d’Ensemble pour la Catalogne ;
  • un gouvernement dirigé par l’ERC avec le soutien direct ou indirect du PSC et de la gauche « radicale » ;
  • un nouvel exécutif régional séparatiste structuré autour de Pere Aragonès, de JxCat et de la CUP.

Ne régissant plus que deux communautés autonomes (la Principauté des Asturies et la Castille-La Manche) depuis le désastre du scrutin régional de mai 2023, le PSOE de Pedro Sánchez jouait gros en Catalogne. Son pari a consisté durant toute la campagne à poursuivre la carte de l’apaisement à l’égard des séparatistes, stratégie qui n’a pourtant jamais fonctionné pour les convaincre d’abandonner leur idéologie. Le discours d’Illa et Sánchez passait donc par un catalanisme très poussé visant à séduire des électeurs désireux de renforcer encore l’autonomie de la Catalogne, que ce soit dans le domaine économique, politique ou culturel.

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Cependant, le président du gouvernement espagnol n’était pas sans savoir que le choix d’un partenaire de coalition après le 12 mai entraînait de gros risques pour la stabilité de son propre gouvernement. Ce dernier ne tenait effectivement qu’à un fil, avec le soutien à la fois de l’ERC et d’Ensemble pour la Catalogne. Comment ne pas provoquer l’ire de l’une des deux formations (et donc la chute du cabinet à Madrid) en privilégiant l’une aux dépens de l’autre afin de constituer un exécutif régional en Catalogne ?

De son côté, la droite nationale espagnole sait qu’elle n’a jamais eu de possibilité de s’imposer à l’issue des élections régionales catalanes. Le Parti populaire, en revanche, devait remonter la pente après de nombreuses années d’atermoiements et d’un discours conciliant avec la droite régionaliste puis séparatiste. Le président national du PP, Alberto Núñez Feijóo, n’a jamais cessé de nourrir l’espoir de réussir une motion de censure contre Pedro Sánchez au Congrès des députés en s’appuyant sur Junts – comme à l’époque où l’ancêtre de JxCat, Convergence et Union (CiU), permettait à José María Aznar (PP) de devenir président du gouvernement. Il s’agit assurément d’une chimère car l’époque a changé et la droite régionaliste catalane a coupé les ponts avec le Parti populaire.

C’est ce qui explique que ce même Núñez Feijóo ait longtemps hésité quant à la tête de liste de son parti pour le 12 mai : le sortant Alejandro Fernández, président du Parti populaire catalan, intraitable avec les séparatistes, ou la députée européenne Dolors Montserrat, plus modérée et encline à entendre des revendications régionales ? La question était d’autant plus épineuse que le Parti populaire cherchait à faire liste commune avec les centristes de Citoyens (Cs), premier parti catalan en 2017 mais en chute libre depuis. Il s’agissait également de faire face à la poussée des nationalistes de Vox, qui avait largement battu le PP en 2021 (onze députés pour la droite « radicale » contre trois à peine pour les démocrates-chrétiens). Pourtant, fin mars, les négociations entre PP et Cs ont échoué, aboutissant d’ailleurs à la démission du dirigeant de cette formation-ci, Adrián Vázquez, qui était favorable à une telle fusion.

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Finalement, le choix d’Alberto Núñez Feijóo s’est porté sur Alejandro Fernández, non sans avoir inquiété tout le parti avec ses tergiversations.

Le 21 mars 2024, profitant des amitiés qu’il entretient au plus haut niveau dans une partie des Pyrénées-Orientales, Carles Puigdemont a organisé une réunion publique dans la commune française d’Elne pour annoncer officiellement sa candidature aux élections. À cette occasion, il a proposé à l’ERC une liste commune pour le scrutin. Quelques semaines plus tard, le même Puigdemont a décidé de s’installer dans ce département, à 30 kilomètres à peine de la frontière espagnole, afin de préparer son retour.

Une économie qui s’essouffle

Tous les débats relatifs aux élections en elles-mêmes ainsi qu’à l’arithmétique parlementaire qui pourrait s’ensuivre occultent à peine des préoccupations socio-économiques de plus en plus pressantes. Les séquelles de la crise économique de 2008, conjugués aux conséquences de la pandémie de Covid-19, sont toujours visibles. De nombreux citoyens catalans sont inquiets face à des problématiques que connaît aussi le reste des Espagnols (et bien des Français) mais qui, dans la communauté autonome, ont pris un tour particulièrement cruel : système de santé débordé, qualité de l’enseignement en net recul, progression de la pauvreté, taux de chômage, etc.

Le déclin relatif de la Catalogne au sein de l’ensemble espagnol, principalement au profit de la Communauté de Madrid, nourrit un sentiment d’incertitude dont se sert aussi le sécessionnisme pour alimenter son discours. De son côté, la tête de liste socialiste, Salvador Illa, a promis durant toute la campagne de prendre à bras le corps ces sujets sociaux s’il est élu président de la Généralité, espérant ainsi capitaliser sur le mécontentement d’une part de l’électorat.

Par ailleurs, la crise gouvernementale de la fin du mois d’avril, liée à la possibilité d’une démission de Pedro Sánchez après la mise en œuvre d’une enquête judiciaire pour corruption et trafic d’influence à l’égard de son épouse, a grandement parasité les débats de campagne. Elle a cependant permis au chef du gouvernement espagnol de donner une impulsion nouvelle à Salvador Illa, à tel point que l’on est en droit de se demander si ce n’était pas le but recherché en premier lieu.

Une journée électorale agitée et un changement majeur à Barcelone

En Catalogne, le dimanche 12 mai a été agité dès la matinée en raison d’une panne importante sur plusieurs lignes du réseau de trains de banlieue de Barcelone. C’est ce qui a poussé certains candidats à demander des horaires exceptionnellement étendus dans les bureaux de vote (qui ferment à 20 heures en Espagne). L’Assemblée électorale centrale (JEC) espagnole a décidé de laisser une telle prolongation à l’appréciation des assemblées provinciales, mais uniquement lorsque les électeurs concernés étaient en mesure de prouver qu’ils n’avaient eu aucune alternative pour se déplacer. Toutes les autorités concernées ont finalement refusé de prendre une semblable décision.

Les résultats des élections régionales catalanes tels qu’ils étaient disponibles au soir du 12 mai se manifestent en premier lieu par une forte hausse des socialistes, qui passent de 33 à 42 députés au Parlement autonome.

S’ils n’obtiennent pas la majorité absolue à eux seuls (elle est fixée à 68 sièges), ils constituent la force politique qui a recueilli le plus de bulletins au niveau global et dans deux des quatre provinces de la communauté autonome (Barcelone et Tarragone). Ce score donne un bol d’air frais à Pedro Sánchez. Par la même occasion, il confirme la remontée régionale des sociaux-démocrates sur les trois dernières années et semble valider sa stratégie d’apaisement en Catalogne (qui est notamment passée par l’amnistie accordée aux anciens dirigeants indépendantistes). Il va cependant falloir que Salvador Illa trouve des alliés (même de façon ponctuelle) pour gouverner.

Le séparatisme, de son côté, perd la majorité absolue avec 61 sièges :

Ensemble pour la Catalogne résiste et se paye même le luxe de gagner trois députés (35 au lieu de 32 en 2021) grâce à la stratégie intransigeante de Carles Puigdemont, lequel voit cependant s’envoler la possibilité de gouverner ;

Au contraire, la Gauche républicaine de Catalogne est la grande perdante (20 élus, soit 13 de moins qu’il y a trois ans), les électeurs sécessionnistes lui reprochant visiblement son attitude plus conciliante (du moins en apparence) avec le pouvoir central espagnol ;

La Candidature d’Unité populaire baisse elle aussi, passant de 9 à 4 sièges ;

Alliance catalane (AC), formation « radicale » et xénophobe menée par Sílvia Orriols, qui est maire de Ripoll (commune de 10 000 habitants environ située dans le nord de la Catalogne), fait son apparition au Parlement régional avec 2 élus.

La déception des électeurs séparatistes face à la gestion concrète de la Généralité de Catalogne depuis 2017 a certainement pesé dans ce recul des formations censées les représenter. C’est notamment le cas pour l’ERC, qui n’a pas su inverser le déclin économique de la communauté autonome ni améliorer la vie quotidienne des Catalans dans bien des domaines. Pensons, à titre d’exemple, à la gestion de l’eau, si sensible dans une région où la sécheresse des trois années écoulées a été durement ressentie.

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Les autres formations nationales espagnoles connaissent des sorts divers. De fait, les centristes anti-séparatistes de Citoyens disparaissent du panorama régional, tandis que la gauche « radicale » de Catalogne en Commun laisse filer deux sièges (6 en 2024 contre 8 en 2021). Il s’agit d’un nouveau désaveu pour Yolanda Díaz, cheffe de file de ce courant au niveau national, qui ne parvient pas à créer une dynamique positive autour d’elle. C’est déjà ce qu’accréditaient les échecs de février en Galice et d’avril au Pays basque.

La droite, pour sa part, atteint un résultat encourageant : 15 députés pour le Parti populaire (soit une progression de 12 élus en trois ans) et 11 pour Vox (stable depuis 2021).

Et maintenant ?

Pour nous résumer, un gouvernement de coalition entre socialistes, ERC et Catalogne en Commun serait envisageable puisqu’ils obtiennent 68 députés à eux trois.

Le président régional sortant, Pere Aragonès, ne soutiendra pas Salvador Illa de gaité de cœur. Pourtant, tout en ayant considérablement perdu de sa superbe à l’issue du scrutin, la Gauche républicaine de Catalogne peut être en mesure d’imposer certaines de ses conditions (un financement plus avantageux pour la région, mettons) à des sociaux-démocrates désireux de revenir au pouvoir.

Les négociations des prochaines semaines seront, à cet égard, déterminantes et permettront d’entrevoir un possible pacte ou, au contraire, un nouveau blocage des institutions catalanes. L’attitude des soutiens de Pedro Sánchez au niveau national sera elle aussi conditionnée par de telles discussions, ce qui n’est pas une question sans importance pour le PSOE. Cette dernière formation devra se montrer prudente aussi bien dans son dialogue avec l’ERC qu’avec les partisans de Carles Puigdemont…

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Photo : Des partisans du leader separatiste catalan et candidat du parti politique Junts per Catalunya - JxCat, Carles Puigdemont, tiennent des banderoles en attendant le debut d un rassemblement de campagne dans la ville d Argeles-sur-Mer, le 4 mai 2024.//ALAINROBERT_1Y8A1763/Credit:Alain ROBERT/SIPA/2405051637

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À propos de l’auteur
Nicolas Klein

Nicolas Klein

Nicolas Klein est agrégé d'espagnol et ancien élève de l'ENS Lyon. Il est professeur en classes préparatoires. Il est l'auteur de Rupture de ban - L'Espagne face à la crise (Perspectives libres, 2017) et de la traduction d'Al-Andalus: l'invention d'un mythe - La réalité historique de l'Espagne des trois cultures, de Serafín Fanjul (L'Artilleur, 2017).
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