Galerie Anaphora. Christiane Vielle, Maître de l’aquateinte

31 mars 2024

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Aile (1984)

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Galerie Anaphora. Christiane Vielle, Maître de l’aquateinte

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À deux pas de Notre-Dame de Paris, rue maître Albert, la Galerie Anaphora offre à notre regard l’œuvre gravé de Christiane Vielle. Œuvre accomplie, unique, intense et silencieuse. Œuvre née de l’âme, engendrée par le geste. D’un trait, elle arrache à l’invisible ses visions intérieures. Les outils ? Pointes sèches, métal, acides, vernis, encre, papier sont peu de chose pour tout dire ! 

Austérité ? On ne sent rien de tel en regardant ses gravures. Sur le papier, ses traits et textures obtenus à l’aquatinte, une fois encrés,  ressemblent à des plumes déposées là.  Le vent pourrait les emporter. Du monde, Christiane Vielle ne transcrit que les mouvements de l’air, du vent, de la terre, leur donne forme. Que voit-on ? D’ immenses  espaces défilant sous nos yeux comme l’émanation d’un souffle divin ?     

Certains qualifieraient son œuvre d’abstraction lyrique. Mais Christiane Vielle est plutôt un maître du paysage, de la profondeur, de la résonance des espaces infinis. Ses larges perspectives surgissent comme une eau déborde de sa source et court rejoindre les horizons lointains qui l’aspirent.     

Tout est paradoxal dans l’œuvre de Christiane Vielle. Elle est abstraite et figurative, sévère et douce, évidente et mystérieuse. Elle entraine le contemplateur dans un voyage aventureux entre abîmes d’obscurité et plages irradiantes de blancheur.

Ainsi, la Galerie Anaphora est le refuge de son talent et de bien d’autres œuvres remarquables. 

Pendant près de trente ans, à Paris,  à partir des années 1990, les galeries exposant l’œuvre de graveurs vivants ont presque entièrement disparu. La gravure était trop liée à la main et au monde sensible, si loin de l’art conceptuel officiel. La presse n’en fit alors plus l’écho, son commerce disparut pour un temps.

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Résistance des galeries 

Résista cependant la Galerie Sagot Le Garrec et surtout celle de Michelle Broutta qui a rassemblé les graveurs de quatre générations d’artistes et leurs amateurs passionnés pendant presque un demi-siècle. Elle a défendu un art aussi vivant que caché à partir des années 1990. Elle ferma ses portes à son tour en 2016.  La même année, la Galerie Anaphora prit la relève avec le même esprit enthousiaste et exigeant de Michèle Broutta. Ce fut l’initiative de Jean-Pierre Coroller ciseleur et bronzier et d’Anne Brasse, graveur, tous deux aussi praticiens que collectionneurs, et clients et amis de Michèle Broutta. Le monde foisonnant de la gravure leur était familier. Leur but fut de montrer dans les règles de l’art, le meilleur de la gravure, de la porter à notre regard, de la documenter par écrits et catalogues.

Ainsi leurs cimaises sont dédiées à Gérard Trignac, Paola Didong, Erwin Heyn, Hélène Nué, Anne Brasse, Yves Doaré, Nathalie Grall, Hélène Baumel, André Beuchat, Christiane Vielle, Jean Lodge, Etienne Lodého, Livio Ceschin, André Bongibault, Jeanne Rebillaud, Luce, Eric Robert Aymé, Albert Woda, Christos Santamouris, Lucio Mosner, Edith Schmid, Véronique Sustrac, Véronique Trimming, Raul Villullas. 

La gravure, art si aimé et recherché dans le monde, redevient enfin visible à Paris grâce à la Galerie Anaphora, mais aussi grâce à la Galerie Documents 15 qui s’est elle aussi dédiée à la gravure vivante.

Galerie ANAPHORA  – 13 rue Maître Albert   75005 – PARIS     Tél : 06 03 21 31 35

L’Exposition de Christiane Veille a lieu du 13 mars au 6 avril et du 24 avril au 4 mai.




 



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À propos de l’auteur
Aude de Kerros

Aude de Kerros

Aude de Kerros est peintre et graveur. Elle est également critique d'art et étudie l'évolution de l'art contemporain.

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