Guerre en Amérique, guerre en Angleterre, guerre en France et guerre contre le fisc. Aperçu des livres de la semaine.
Guerre en Amérique
Christophe Prime, L’Amérique en guerre, 1933 – 1946, Perrin, 2024, 27€.
Si l’entrée en guerre des États-Unis est marquée par l’événement si connu de l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, l’économie, l’industrie ainsi que l’armée américaine connaissent une forte intensification dès l’année 1933. Cette date coïncide avec l’arrivée au pouvoir de Franklin Roosevelt, qui a bien compris les enjeux de la montée en puissance des totalitarismes en Europe, et qui fera tout pour convaincre l’opinion américaine que l’entrée en guerre contre les forces de l’Axe est une nécessité vitale pour le pays.
Christophe Prime dresse ici le bilan de l’intervention américaine qui, souvent qualifié de salvatrice, se révèle pleine de limites et de contradictions. Des faiblesses structurelles de la machine de guerre américaine à ses relations étroites avec la Grande-Bretagne, en passant notamment par le fameux principe du “Germany First”, l’ouvrage retrace le récit de la nation américaine en guerre, en dehors de tout cliché et de toutes simplifications.
Culture
Julien Paganetti, Serge Gainsbourg, la flamme du scandale, Herscher, 2024, 29€.
Caractérisé par son unicité qui lui est propre, Serge Gainsbourg a toujours cherché à être différent, à sortir du lot. Personnage insaisissable, il se voulait d’un autre monde, et à ce titre il était un artiste tout à fait particulier. Or l’ouvrage de Julien Paganetti n’est pas une biographie pure et simple de la vie de Serge Gainsbourg, mais bien plutôt le récit de seulement trente secondes de son existence contrastée. Il s’agit là d’une analyse et d’une mise en perspective d’un geste inédit : le 11 mars 1984, devant des millions de téléspectateurs, Serge Gainsbourg brûle un billet de 500 francs. Au-delà du billet, c’est la France qu’il enflamme ce jour-là, déclenchant une tempête médiatique et une polémique nationale démesurée. S’appuyant sur des documents et des témoignages inédits, l’auteur replace ce geste dans la vie de Serge Gainsbourg et dans les guerres culturelles alors à l’œuvre en France.
Guerre en Amérique, bis
Vincent Bernard, Régis de Trobriand, un officier français dans la Guerre de Sécession, Passés Composés, 2024, 24€.
Né dans une famille aristocratique de Bretagne, Philippe Régis de Trobriand était destiné au métier des armes. Or ce n’est pas dans son pays natal que cette destinée sera accomplie mais dans son pays d’adoption, les États-Unis, au cours de la Guerre de Sécession (1861-1865). Colonel au début de la guerre, il obtient rapidement le grade de brigadier général, puis celui de major général (général de division). Fait rare, il sera rappelé à la fin de la guerre par l’état-major du général Grant pour servir dans l’armée régulière américaine avec le grade de général.
Dans cet ouvrage, Vincent Bernard présente le récit de Régis de Trobriand, directement tiré de son mémoire intitulé Quatre ans des campagnes à l’armée du Potomac, écrit en 1868. Il reprend alors, dans un ordre chronologique, les quatre années qui opposèrent les forces du général Grant à celles du général Lee, les Confédérés aux Sudistes, la ville de Washington à celle de Richmond. Un témoignage de première main pour entrer dans la guerre civile américaine.
Révolution
Jean-Clément Martin, La grande peur de juillet 1789, Tallandier, 2024, 22.90€.
Du 30 juin au 6 août 1789, la Révolution connaît une véritable marche en avant, marquée par des événements tels que la prise de la Bastille ou l’abolition des privilèges. Mais en réalité ces événements ne sont que la partie visible des troubles qui animent le pays lors du mois de juillet 1789. Ainsi, parler de « grande peur » ne serait pas suffisant pour poser le décor d’une période faite de violence, d’incompréhensions et de colères.
S’appuyant sur les notes prises par Georges Lefebvre à l’occasion de son étude sur cette Grande Peur, Jean-Clément Martin donne une nouvelle perspective à ces événements si bien connus, mais en réalité si mal compris. À travers cette relecture du mois de juillet 1789, il vise à dépasser la vision des contemporains des événements de la Révolution, mais aussi de la vision moderne transmise par l’œuvre de George Lefebvre.
Guerre en Angleterre
Maxime Reynaud, La dernière invasion : 1798, quand la France révolutionnaire débarque dans les îles britanniques, Passés Composés, 2024, 22€.
Août 1798. Après deux années écoulées et pas moins de six expéditions menées sous l’égide des autorités révolutionnaires françaises, le général Humbert et son armée de 1 000 hommes atteignent les côtes des îles britanniques. À la suite de seize jours de navigation, il débarque enfin en Irlande, prenant le contrôle de onze villes sur plus de 650 kilomètres de côte, infligeant de lourdes défaites aux armées britanniques pourtant bien supérieures en nombre. Mais cette victoire, que Napoléon n’a jamais réussi à reproduire (ni en 1804 ni en 1809), ne dura guère longtemps, le Directoire étant incapable de saisir l’occasion d’envahir le territoire britannique et de garantir sa place de première puissance maritime mondiale.
Maxime Reynaud dresse ici le bilan d’une expédition ratée sur l’île britannique, oubliée par l’Histoire, mais dont l’analyse permet une meilleure compréhension des enjeux liés à l’affrontement franco-britannique pour la suprématie en Europe.