[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 1 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro au format numérique, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
Un Serbe parle du Kosovo. N’attendez pas un ton dégagé, mais le cri de colère d’un pays qui s’estime maltraité par la communauté internationale. N’a-t-il pas subi l’expulsion de 200 000 des siens de la Krajina croate, puis de 200 000 encore du Kosovo à la suite de l’intervention de l’OTAN ? C’est pourtant lui qui est universellement accusé d’avoir pratiqué « l’épuration ethnique » en Bosnie.
L’ouvrage apprendra au lecteur comment le Kosovo fut l’objet d’un « grand remplacement » qui s’écoula sur plusieurs siècles et transforma le berceau de ce peuple, appelé aussi la « Vieille Serbie », en terre majoritairement albanaise. Il s’interrogera sur les raisons pour lesquelles l’OTAN choisit, à l’instigation des Américains, d’intervenir massivement – il s’agit du moment le plus fort de l’ouvrage. Les droits de l’homme ? On peut en douter au vu de l’indifférence provoquée par les événements de la Krajina. La volonté d’exploiter les abondantes richesses de son sous-sol ? Sans doute Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’État de Bill Clinton, conseille la société de télécommunication kosovare IPKO. Ce cas individuel et d’autres ne suffisent pas à faire du Kosovo un futur Eldorado dont profiterait Washington. Faut-il incriminer alors la position stratégique du pays et la construction de la gigantesque base de Bondsteel située au sud de Pristina, le « Guantanamo kosovar » ? Il ne reste aujourd’hui que 1 500 hommes sur place.
Il vaut mieux, avec l’auteur, pointer la volonté des Américains de donner un sens à la « nouvelle OTAN ». Créée à l’époque de la menace soviétique, l’OTAN aurait pu disparaître après la chute de l’URSS. Les guerres de Yougoslavie justifient son maintien tout en la transformant en profondeur : « [Elles ont] permis à l’OTAN de se transformer de force de défense en force d’attaque puissante et inégalée à l’aube du XXIe siècle. » À la lutte contre le communisme dans l’Atlantique Nord se substitue alors le combat pour les droits de l’homme dans toute l’Europe, voire dans le monde. La figure ambiguë de Milosevic, à la fois communiste et nationaliste, a facilité cette transition, pourrait ajouter l’auteur.
Les critiques pourront reprocher à Nikola Mirkovic son engagement partisan. Ils ne pourront lui dénier le souci de prouver ses dires qu’étayent notes et références précises. Quel que soit leur jugement, ils devront tenir compte d’un fait que prouve sa passion même : on n’humilie pas impunément un peuple entier.
P. G.
Nikola Mirkovic, Le Martyre du Kosovo. Éd. Jean Picollec, 2013, 200 p., 20 €
Crédit photo : © ay pour Conflits
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