[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 1 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro au format numérique, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
Si le nom de David Galula, officier supérieur français et théoricien de la contre-insurrection, demeure une référence internationale, celui du général Jacques Hogard (1918-1999) est bien moins connu. Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, des guerres d’Indochine et d’Algérie, il développe pourtant des analyses qui n’ont pas perdu une once de pertinence à l’époque des guerres d’Afghanistan et du Mali. Elles ont de fait contribué à transmettre à l’Occident les conceptions des communistes en matière de guerre révolutionnaire.
L’ouvrage de Mériadec Raffray, journaliste et spécialiste reconnu des affaires militaires, lui rend justice. Saint-Cyrien, homme de pensée et d’action, Jacques Hogard s’est trouvé rapidement confronté à une nouvelle forme de conflit née de l’affrontement Est-Ouest : la guerre subversive. Fort de ses expériences de combat, il a mûri au cours de sa carrière une analyse globale et nuancée du phénomène de contre-insurrection. Aussi met-il en avant le concept d’arme psychologique qui permet d’obtenir l’adhésion morale des populations civiles, seul véritable enjeu de toute guerre révolutionnaire. Cette arme consiste à « combattre la propagande antinationale sous toutes ses formes et à mettre hors de cause ses auteurs » ; il s’agit de « riposter à cette propagande et à la neutraliser par une contre-propagande efficace et objective ».
Tirant les leçons de la défaite française d’Indochine, Jacques Hogard énumère les causes de l’échec : l’inadaptation au pays, des renseignements défectueux, l’ignorance de l’adversaire et de la guerre révolutionnaire, la négligence de l’instruction faute de temps, l’obsolescence de l’infanterie et la faiblesse physique d’officiers trop âgés pour mener à bien leur mission de commandement. À ces constats, il propose plusieurs remèdes qui passent par une formation politique et psychologique de tous les cadres pour leur apprendre à gagner la confiance des populations.
Comparée à celle du général Lyautey, sa méthode de pacification est un cas d’école. Elle repose sur une connaissance intime de l’adversaire et de son milieu et peut utiliser deux stratégies. La première, « superficielle », passe par la destruction de l’infrastructure politique adverse ; elle se révèle coûteuse car elle nécessite un nombre élevé d’hommes. La seconde consiste à rallier les populations et à les armer contre les rebelles – c’est celle que préfère Hogard. Il la définit en une maxime qui résume sa pensée : « Toute opération, si petite soit-elle, doit avoir un but politique ».
T. Y.
Mériadec Raffray, Général Jacques Hogard, Stratège de la contre-insurrection. Economica, coll. Stratégies & Doctrines, 2014, 128 p., 19 €
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