Les éditions I.B. Tauris de Londres proposent un catalogue de pointe en termes d’ouvrages consacrés au Moyen-Orient contemporain. Des ouvrages non traduits en français que nous avons lu pour vous.
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Turquie
Nathalie Clayer, Fabio Giomi et Emmanuel Szurek (ed.) Kemalism, Transnational politics in the post-Ottoman world, I. B. Tauris, 2018.
Le centenaire de la fondation de la République de Turquie a donné lieu à plusieurs publications qui mettent en exergue le génie de Mustafa Kemal Atatürk en termes hagiographiques. Paru en 2019, cet ouvrage collectif de facture académique présente la contribution de plusieurs chercheurs européens sur le kémalisme.
Mustafa Kemal est arrivé au pouvoir en 1923 avec un programme de réformes radicales et de grande envergure, connu sous le nom de « kémalisme ». Cette philosophie – qui incluait l’adoption d’un alphabet occidental et la mise en place d’un appareil d’État laïque – est, depuis le début des années 1930, lorsque l’État turc s’est efforcé d’imposer une définition monolithique du terme, liée au développement du culte de la personnalité de Mustafa Kemal lui-même.
Ce livre soutient qu’en réalité le kémalisme ne peut être pleinement compris que dans une perspective transnationale : de même qu’un cadre exclusivement national n’est pas la seule échelle d’analyse appropriée pour éclairer le processus de nationalisation des sociétés et le nationalisme lui-même, le prisme national turc n’est pas nécessairement le plus adéquat pour comprendre la genèse et l’évolution de ce que le kémalisme représentait à partir du début des années 1920.
À l’aide d’études de cas réalisées dans l’ancien Empire ottoman et de nouvelles sources primaires, chaque chapitre examine les différentes façons dont les frontières nationales ont réfracté et transformé l’idéologie kémaliste. Dans les Balkans et au Moyen-Orient, le kémalisme a influencé le développement de la langue et de l’alphabet, la vie des femmes, le droit et l’habillement quotidien. Une attention particulière à la période de l’entre-deux-guerres en Turquie, en Bulgarie, à Chypre, en Albanie, en Yougoslavie et en Égypte révèle comment, en tant qu’outil pratique, le kémalisme doit être replacé en tant que mouvement mondial, dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui.
Kurdistan
Harriet Allsopp Wladimir van Wilgenburg, The Kurds of northern Syria, governance, diversity and conflicts, I.B. Tauris, 2019.
Grand oubliés du conflit syrien, les Kurdes font face plus que jamais au risque d’un nouvel affrontement de haute intensité à l’initiative de la Turquie. Fondé sur un accès sans précédent aux zones de Syrie gouvernées par les Kurdes, y compris des entretiens exclusifs avec des responsables de l’administration et des enquêtes civiles, ce livre éclaire le paysage sociopolitique de ce groupe minoritaire et les différentes factions politiques qui se disputent leur voix.
Premier ouvrage en langue anglaise à rendre compte des transformations majeures survenues depuis 2011, les auteurs dépassent les images idéalisées du Rojava et du PYD (Parti de l’union démocratique) kurde pour fournir une évaluation nuancée de l’expérience autonome kurde et des perspectives d’autonomie en Syrie. L’ouvrage s’appuie sur une recherche de terrain sans précédent, ainsi que sur une analyse de la littérature relative à l’évolution de la politique kurde et de la guerre en Syrie. Vous comprendrez pourquoi le projet mené par le PYD en Syrie a divisé le mouvement politique kurde et comment les autres structures représentatives des Kurdes de Syrie se sont comportées. L’éventail complexe des points de vue sur les structures de gouvernance préexistantes, actuelles et futures apparaît clairement.
Arménie
Anna Ohanian, Laurence Broers (dir.), Armenia’s Velvet Revolution: Authoritarian Decline and Civil Resistance in a Multipolar World, I.B. Tauris, 2020.
Cet ouvrage qui est paru quelques semaines avant le déclenchement de la guerre du Haut Karabagh fait le point sur la révolution de velours qui a fait sortir l’Arménie du post-soviétisme en chassant du pouvoir le régime de Serge Sargsyan connu pour sa proximité avec la Russie.
En avril 2018, l’Arménie a connu un remarquable soulèvement populaire qui a conduit à la démission du Premier ministre Serge Sargsyan et à son remplacement par le leader de la contestation Nikol Pachinian. Évoquant le renversement pacifique du communisme en Tchécoslovaquie 30 ans auparavant, le soulèvement a été connu sous le nom de « Révolution de velours arménienne » : un vaste mouvement appelant à un gouvernement propre, à la démocratie et à la réforme économique. Cet ouvrage examine comment un mouvement de protestation populaire, présentant la désobéissance civile comme une stratégie de masse pour la première fois dans l’espace post-soviétique, a surmonté ces circonstances peu prometteuses. Situant les événements en Arménie dans leur contexte national, régional et mondial, les différentes contributions évaluent les causes du tournant démocratique inattendu de l’Arménie, les raisons de la vulnérabilité du régime et les facteurs qui ont favorisé une issue non violente. S’appuyant sur des perspectives comparatives avec les transitions démocratiques à travers le monde, ce livre sera une lecture essentielle pour ceux qui s’intéressent à la dynamique des régimes, aux mouvements sociaux et à la politique contestée de l’Eurasie contemporaine, ainsi que pour les décideurs politiques et les praticiens dans les domaines de l’aide à la démocratie et des droits de l’homme dans un monde de plus en plus multipolaire.
