Emmanuel Macron en visite au Kazakhstan pour renforcer les partenariats stratégiques

1 novembre 2023

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Astana, capitale du Kazakhstan. CC BY-SA 2.0

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Emmanuel Macron en visite au Kazakhstan pour renforcer les partenariats stratégiques

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Emmanuel Macron vient d’atterrir ce matin à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette visite était particulièrement attendue, car la dernière venue d’un président français dans le pays remonte à François Hollande, en 2014. Depuis 1992, France et Kazakhstan entretiennent d’excellentes relations, un partenariat qui se renforce à mesure que les enjeux énergétiques s’intensifient.

Le Kazakhstan est le premier pays producteur et exportateur d’uranium dans le monde. Ce métal est notamment vital à l’industrie nucléaire, principale préoccupation énergétique française. Jusqu’à présent, les 56 réacteurs nucléaires de l’hexagone étaient alimentés à hauteur de 20% par l’uranium importé depuis le Niger. Mais le coup d’État de juillet dernier à Niamey suscite beaucoup d’inquiétudes. Les sanctions internationales qui pèsent sur le pays limitent les importations. Mais en plus, le nouveau gouvernement du Niger considère l’extraction d’uranium par la France comme le sceau de son néocolonialisme. Aux abois dans la région, la France, qui veut renforcer son parc nucléaire, doit combler ce lourd déficit. Et c’est au Kazakhstan qu’elle vient trouver la solution. Ce pays d’Asie centrale est déjà le premier exportateur d’uranium en France (27%), et possède 12% des ressources planétaires.

Emmanuel Macron vient renforcer les partenariats énergétiques

Le cours du pétrole, si susceptible aux évènements géopolitiques du Proche-Orient, et dont les variations des taux sont ressenties immédiatement dans la rue, a besoin de stabilité. La France mise sur l’équilibre de l’Asie centrale pour tranquilliser ses automobilistes. Le Kazakhstan est ainsi le deuxième fournisseur de pétrole brut en France. Les entreprises françaises du secteur sont d’ailleurs très actives dans le pays. Par exemple, Total Énergies détient une participation de 16,81% dans l’accord de partage de production de pétrole au nord de la mer Caspienne.

Soutenir les intérêts économiques

En plus de ces nécessités énergétiques, pas moins de 170 entreprises françaises sont implantées dans le pays. Plusieurs fleurons de l’industrie française sont prêts à signer d’importants contrats avec le Kazakhstan.

Trois principaux dossiers sont surveillés de près. Le premier concerne le développement de réacteurs pour une future centrale nucléaire au Kazakhstan. Ce projet inclut la conception, la construction, la numérisation des systèmes électriques et l’assainissement de l’ancien site d’essais nucléaires de Semipalatinsk. EDF se montre très intéressée. En matière de transition énergétique, Astana envisage de construire une centrale éolienne dans le sud du Kazakhstan. Un appel d’offres auquel les entreprises françaises ne manqueront certainement pas de participer. Le troisième dossier concerne plusieurs projets de production de gaz industriels pour les besoins des raffineries kazakhstanaises. Air Liquide se charge de les mettre en œuvre.

Il est également question que le Kazakhstan propose un contrat à l’Agence française de développement (AFD). Astana attendrait notamment une aide pour le développement d’un système socio-économique moderne, ainsi que la construction d’instituts de recherche.

Décrocher de tels contrats participe à la puissance économique de la France, et contribue directement à son rayonnement dans une région en plein essor.

Derrière les intérêts énergétiques et économiques, les enjeux stratégiques

Géostratégiquement, le Kazakhstan se pense comme une plateforme du monde. Partageant 7 500 kilomètres avec la Russie et plus de 1 700 kilomètres avec la Chine, le pays est géographiquement le mieux placé pour discuter avec ces deux puissances. Ses exportations énergétiques vers la Russie et son point de passage des nouvelles routes de la soie chinoises font de lui un interlocuteur crédible. Si le Kazakhstan est le lieu prometteur pour la projection économique de la France à l’étranger, il est aussi le modérateur idéal dans les relations avec la Russie et la Chine. Emmanuel Macron y est particulièrement sensible, lui qui ambitionne sans cesse de renforcer le poids de la France dans les relations internationales.

Sans doute vient-il donc chercher la diplomatie du président kazakhstanais, Kassim-Jomart Tokaïev.

Le Kazakhstan est aussi géographiquement positionné à la croisée des civilisations. La frontière de l’Iran chiite n’est qu’à 350 km et ouvre sur le monde arabo-musulman. À majorité musulmane, le Kazakhstan doit néanmoins composer avec les 40 religions qui cohabitent dans le pays. À ce sujet, il organise le plus grand dialogue interreligieux. Là aussi, il est considéré comme un médiateur. La question palestinienne qui fait toute l’actualité du moment gagne le monde musulman. Le discours panislamiste du Hamas trouve son écho dans les communautés musulmanes d’Europe, et la temporisation des grands pays musulmans, prisonniers de ce discours, n’y pourra pas grand-chose. La France craint de manière réaliste une importation du conflit sur son propre territoire. Là aussi, Emmanuel Macron vient sans doute chercher l’appui modérateur du Kazakhstan en tant que pays à majorité musulmane, pour endiguer un conflit religieux.

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À propos de l’auteur
Helena Voulkovski

Helena Voulkovski

Helena Voulkovski travaille sur les risques pays pour un cabinet international d’assurances.

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