Livres de la semaine – 21 juillet

21 juillet 2023

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Livres de la semaine – 21 juillet

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Football, Qatar, littérature, économie, Russie, Pompéi, quelques-unes des publications de la semaine.

Sport business

Qatar. Dominer par le sport, Bréal, 2023, 15€.

La coupe du monde de football fut une vitrine pour cet émirat peu connu. Via son fonds d’investissement Qatar sports investments (QSI), l’émirat est devenu propriétaire du PSG et du Braga, un club du Portugal. On le voit aussi acheter de grands joueurs européens en fin de carrière, pour la gloire du pays et le compte en banque des footballeurs. Le sport est devenu non seulement un business, mais aussi un moyen d’influence et de pouvoir, une activité à mener pour peser sur la scène mondiale. Mais à l’heure où de plus en plus de Français s’interrogent sur le bien-fondé des JO, la puissance réelle du sport reste à interroger. Les trois auteurs, Alexandre Buzenet, Mourad El Bouanani et Jean-Baptiste Guégan analysent cette domination par le sport et les ressorts mis en place par le Qatar pour se faire une place à l’ombre de ses rivaux arabes.

L’intérêt de l’ouvrage est de ne pas se limiter aux questions sportives, mais de proposer une véritable histoire du Qatar et du rôle joué par la famille Al Thani dans le développement de cet émirat. Le pétrole ne fait pas tout : nombreux sont les pays à en posséder des gisements abondants et à être pourtant bloqué dans les standards de pauvreté. Comme ses voisins, le Qatar a su tirer profit de cette manne et, conscient qu’il ne faut pas reposer sur un seul pilier, tente désormais de diversifier sa puissance économique, afin d’accroître sa dimension géostratégique. Un ouvrage à lire pour, par-delà le football et le sport, comprendre le positionnement mondial du Qatar.

Un mystique nommé Raspoutine

Hernán Migoya, Une révolution nommée Raspoutine, Glénat, 2023, 15,50€.

Raspoutine est une légende, un fantasme, un brouillard dont le mythe se cultive et se répand lui-même plus de cent ans après sa mort. Hernán Migoya revient sur les dernières années de la vie de Raspoutine, dans une bande dessinée au tempo serrée et haletant. On y retrouve le combat des aristocrates, l’emprise de l’impératrice, l’indécision de l’empereur, dans ce qui forme un drame de plus en plus étouffant. Mais l’originalité de l’œuvre réside dans l’introduction d’un autre personnage, Alissa, qui n’est autre qu’Ayn Rand, née Alissa Zinovievna Rosenbaum à Saint-Pétersbourg en 1905 et décédée à New York en 1982. Il est tout à fait possible que les deux se soient croisés et que cela ait contribué à la formation intellectuelle et morale de la romancière, célèbre notamment pour Atlas shrugged (La Grève). Au-delà de ce mélange de la réalité et de la fiction, c’est un moment et une psychologie qui sont étudiés, le tout porté par des dessins et une colorisation de grande qualité.

Retour à Pompéi

Pascal Charvet, Annie Colognat, Stéphane Gompertz et alii., Pompéi, Bouquins, 2023, 32€.

Pourquoi consacrer près de 1 200 pages à Pompéi, une cité dont on sait déjà tout ? Est-ce uniquement pour le plaisir de déambuler dans les rues mortes et abandonnées, un guide ultime à la main, avec ses textes, ses croquis et ses plans ? En partie oui, mais en partie seulement. De Pompéi, finalement, beaucoup fut découvert ou redécouvert durant vingt années de fouilles, d’analyses et d’interprétations. C’est cet état de la recherche que les auteurs mettent en avant, faisant appel à des contributions nombreuses, françaises et italiennes, pour redécouvrir une ville dont le drame du Vésuve a créé le mystère et la vie éternelle. On y croise et on revient, dans ses pages, sur Cicéron et sur Octave, sur Alexandre et sur Pline. La grande cité commerciale de la Campanie, en lien avec Alexandrie et l’Égypte, se dévoile au long de ses pages. On la croyait romaine et latine, on découvre qu’elle est aussi grecque et égyptienne, point d’achoppement de l’Orient et de l’Occident. Une invitation donc à voyager dans le temps, l’histoire et la littérature, mais aussi à revenir déambuler à Pompéi, hors des périodes touristiques, pour redécouvrir cette côte entre volcan et mer. Les plus téméraires pourront pousser jusqu’à Naples et son musée archéologique où, au cœur de la ville chaudron, sont exposés la plupart des chefs d’œuvres trouvés à Pompéi, dont la fresque d’Alexandre à la bataille d’Issos. Pourquoi consacrer près de 1 200 pages à Pompéi ? Parce que, comme toutes les œuvres de l’Antique, la cité est non seulement une part de nous-mêmes, mais aussi une raison de notre vie contemporaine.

Histoire économique

Jean Duns Scot, De la restitution, introduction et édition par François Loiret, Les Belles Lettres, 2023, 29,50€.

C’est une pièce manquante dans l’histoire de la pensée économique qui est ici éditée, traduite et commentée par François Loiret, professeur de philosophie en khâgne. Une pièce essentielle, qui témoigne des liens entre la théologie, la philosophie, le droit, l’économie. Duns Scot (1266-1308) parle de la propriété privée en des termes qui pourraient être reçus par les économistes de l’école française d’économie politique. En s’interrogeant sur le sens du contrat social, sur la nature de la propriété, sur le don, et sur la remise des péchés, le théologien aborde des sujets de fond qui ont approfondi les données économiques. Défenseur de la propriété privée et de l’échange libre, Duns Scot s’établit ainsi en maillon qui permet au capitalisme de se développer et de s’épanouir, dès l’époque médiévale. Alors que les Lombards, les Templiers et les foires de Champagne ont été l’expression pratique du capitalisme, des auteurs comme Duns Scot ont permis de le conceptualiser, de le théoriser et de le défendre. Un ouvrage essentiel pour tordre le cou à ceux qui pensent que le capitalisme est né au XIXe siècle, ou que la réflexion sur la pensée économique comme pensée juridique date uniquement de l’époque contemporaine. Loin de là, on la trouve dès ce XIIIe siècle de renouveau et de création. Si l’ouvrage est plutôt à réserver aux spécialistes, il est indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire économique et à l’histoire de la pensée économique.

Terre des hommes

Antoine de Saint-Exupéry, Du vent, du sable et des étoiles, Gallimard, Quarto, 2018, 32€.

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En un volume, toute l’œuvre de Saint-Exupéry, agrémenté de photographies, de dessins, de fac-similé. Son œuvre de vols et de voyages avec de nombreux inédits, dont une partie de sa correspondance. Un travail d’édition remarquable et utile, pour disposer des romans du plus célèbre des aviateurs, pour retrouver les émotions et les tensions de la conquête spatiale, des vols de nuit, des traversées dangereuses. Saint-Exupéry s’est imposé comme un auteur majeur du XXe siècle, son Petit Prince en tête. Tellement cité que la méprise se fait parfois sur la qualité de son œuvre, jugée enfantine ou sans profondeur. Relire Citadelle, Pilote de nuit ou Terre des hommes permet de prendre la juste dimension d’un homme qui a non seulement marqué l’aviation, mais aussi la littérature.

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